A 32 ans, le pilote de Gênes a un programme très chargé car il représente l’équipe LCR de Lucio Cecchinello en Coupe du Monde MotoE, développe la Yamaha du Championnat du Monde Superbike aux côtés de Toprak Razgatlioglu et Michael van der Mark, et participe avec brio au Championnat du Monde d’endurance. Il s’est mis en valeur dans cette dernière discipline en amenant seul à la victoire la Yamaha du YART de Mandy Kainz, lors des 8H de Sepang, sans que ses coéquipiers ne le relaient pendant la course.
Champion du Monde d’endurance en 2017 avec David Checa pour le compte du team GMT94 Yamaha de Christophe Guyot, Canepa a parfaitement réussi son transfert au sein du YART quand l’équipe française du Val-de-Marne a choisi de s’engager en mondial Supersport avec Jules Cluzel et Corentin Perolari.
Votre agenda semble particulièrement chargé…
« C’est le cas. Et avec tant de courses reportées, la deuxième moitié de la saison sera encore plus remplie. Mais ce sont les meilleurs moments de ma carrière, parce que je peux être rapide, apprendre beaucoup, m’amuser… et je me bats pour le Championnat du Monde en EWC. Il est bon de se concentrer sur plusieurs fronts et d’y obtenir des résultats » a expliqué le Génois à Fiammetta la Guidara de Motosprint.
Que pensez-vous du report des courses ?
« La moto c’est ma vie, mais aussi le travail d’autres
personnes qui sont restées si longtemps à la maison. Il faut être
rationnel. Il y a des priorités pour le moment : détruire ce virus
et arrêter la contagion. Je suis donc d’accord sur le report ou
l’annulation d’événements, si c’est une mesure nécessaire pour être
bien ensuite. En fait peut-être que lorsque nous recommencerons, il
y aura encore plus de fans qui viendront nous voir… »
En endurance, tout a changé après votre incroyable victoire en solo à Sepang.
« Malheureusement, nous avons perdu beaucoup de points
au Bol d’Or 2019 lorsque Loris Baz a chuté (sur de l’huile
perdue par une moto qui le précédait, NDLR), car la moto a pris
feu. Puis à Sepang, la victoire a été belle, nous nous sommes un
peu repris, mais Suzuki est en tête du championnat avec 36 points
d’avance sur la Yamaha du YART. Mais nous avons réalisé le meilleur
temps aux essais au Mans et nous pouvons encore essayer de
remporter le titre. »
Pour ce qui est de la moto électrique, « Je veux être constamment dans le top cinq. La première année a été une expérience, après tout, c’est une moto très différente de celles « normales »». Il y a des pilotes qui se sont adaptés immédiatement, mais je dois travailler dessus à chaque fois. Mais il devient de plus en plus naturel pour moi de bien rouler et d’être rapide : je suis satisfait car je m’habitue à ce style de conduite un peu différent. »
Qu’avez-vous ressenti lors des tests ?
« Michelin a apporté un pneu avant avec une structure plus rigide, qui donne plus de soutien lors du freinage. Mon principal problème l’année dernière était justement le suivant : j’aime bien freiner fort, mais avec le poids de la moto, sans parler du fait que je suis aussi assez lourd, j’ai dû freiner beaucoup plus tôt qu’avec une moto normale. Avec ce pneu, vous pouvez freiner un peu plus fort. Je l’ai aimé et beaucoup d’autres pilotes aussi. Ensuite, Öhlins nous a apporté une modification de la fourche, ce qui nous permet également d’améliorer le freinage car il y a plus d’appui lors du freinage. Ce sont deux points sur lesquels j’ai demandé des améliorations : ils m’ont satisfait. »
Quels sont vos principaux adversaires en 2020 ?
« Matteo Ferrari, qui veut confirmer, Eric Granado, Bradley Smith, mon coéquipier Xavier Siméon : l’année dernière, ils se sont battus pour gagner et seront prêts à le faire à nouveau. Parmi les rookies de la catégorie, je vois Dominique Aegerter : il a réalisé de bons temps tout de suite, il est fort, il a de l’expérience, il pourra jouer le podium. »
Comment concilier le passage de la moto électrique à la moto traditionnelle ?
« Il n’est pas facile de changer de moto et de pneus.
J’utilise par exemple Michelin en MotoE, Pirelli lorsque je teste
en Superbike et Bridgestone en Championnat du Monde d’endurance. Ce
sont des sensations complètement différentes, mais ce n’est pas la
première année que je vis ce genre de situation et je me suis
habitué à changer de style de conduite, de motos, de pneus et
d’équipes. J’ai développé une polyvalence qui m’a fait grandir.
»
Quelles sont les différences ?
« Quand vous roulez en MotoE, vous visez des détails qui vous apprennent peut-être à être plus millimétrique dans les mouvements du corps que quand vous roulez en Endurance et en Superbike. En fin de compte, chaque discipline vous aide à améliorer les autres. Aujourd’hui, il y a des pilotes qui ont du mal à passer d’une moto à l’autre ou d’un pneu à l’autre… Il est clair que ce n’est pas facile, je dois aussi me remettre tout en mémoire à chaque fois, mais c’est gratifiant de se sentir compétitif dans les trois classes… »
Vous êtes également testeur et coach pour Yamaha en mondial Superbike. Comment concilier ce triple engagement ?
« C’est super, je suis très occupé avec Yamaha, cette année
je suis les pilotes d’Iwata en Superbike et j’entraîne Toprak
(Razgatlioglu) et Van der Mark, alors que l’année dernière je n’ai
suivi qu’Alex Lowes. Et je suis également pilote d’essai de Yamaha
en Superbike. Lors des tests d’hiver et de la première course à
Phillip Island, j’ai vécu une expérience incroyable : j’apprends
beaucoup et je pose également les bases de ce que pourrait être mon
avenir, car la carrière d’un coureur ne dure pas éternellement.
»
Comment voyez-vous cette saison de WSBK ?
« Je suis très heureux que Toprak ait gagné une course et que van der Mark ait également fait forte impression en Australie. Le Championnat du Monde me semble plus équilibré que l’année dernière, où Álvaro Bautista avait gagné les 11 premières courses d’affilée et où Jonathan Rea avait remporté le titre. L’année dernière, seuls deux pilotes ont fait la différence, mais cette année, ils peuvent se battre à plusieurs : Lowes a remporté une course, les Yamaha ont fait un pas en avant et sont très compétitives et quand la Honda sera prête, Bautista viendra aussi. C’est un championnat qui a commencé en fanfare, j’espère qu’il pourra recommencer bientôt. »
Photos © LCR, Yamaha, YART