Champion du monde 500 cm3 en 1993, Kevin n’est peut-être pas le pilote qui a le plus gros palmarès, mais c’est à coup sûr un des pilotes les plus populaires de tous les temps, avec des fans dans le monde entier. Après son impressionnante carrière sportive, pendant laquelle son gros cœur a souvent compensé les faiblesses de sa moto, Schwantz est l’ambassadeur du Circuit of the Americas, près d’Austin, dans son Texas natal (il est né le 19 juin 1964 à Houston) et de Suzuki, pour qui il a roulé pendant l’énorme majorité des courses qu’il a disputées, dont 105 Grands Prix 500 avec 25 victoires.
Toujours sur la brèche, Kevin se désole un peu du manque d’intérêt pour la vitesse aux États-Unis : « Wayne Rainey a ravivé l’enthousiasme pour les courses de vitesse ici en Amérique. Je ne pense pas que le vivier de talents américains soit moins important qu’il ne l’était lorsque Rainey et moi ou Lawson et Spencer faisions des courses. Mais il n’y a pas beaucoup de soutien des usines ici*. Toutefois je sais que Wayne travaille incroyablement dur pour récupérer ce soutien des constructeurs » a expliqué le Texan dans un Podcast de MotoGP.com.
* « Ici » signifie « aux Etats-Unis », où Kevin se trouvait quand ce Podcast a été réalisé.
Les Américains dominèrent le Championnat du Monde 500 cm3, notamment au cours des 16 saisons entre 1978 et 1993, quand 13 titres sont allés à l’Amérique : Kenny Roberts a gagné en 1978, 1979 et 1980, puis Freddie Spencer en 1983 et 1985; Eddie Lawson a remporté les titres en 1984, 1986 et 1988 (trois fois sur Yamaha), avant de triompher pour la quatrième fois sur Honda en 1989. Cette période a été suivie par l’ère des titres de Wayne Rainey en 1990, 1991 et 1992, avec la victoire de Kevin Schwantz dans le Championnat du Monde 500 cm3 sur Suzuki en 1993. En 2000, Kenny Roberts Jr, un autre Américain sur Suzuki, a triomphé dans le Championnat du Monde 500 cm3. Après cela, seul Nicky Hayden a réussi à remporter le titre, quand en 2006 il s’est imposé en MotoGP.
Quels conseils Kevin donnerait-il à de jeunes pilotes actuels ? « Quand j’étais jeune, en Amérique, quelqu’un m’a dit : « Hé, tu veux courir les Match Races en Angleterre le week-end de Pâques ? ». Je lui ai répondu : « Tu es fou ? Bien sûr que oui ». Je pense que c’est ce qui manque à tant de jeunes pilotes aujourd’hui. Ils vont demander quel type de moto c’est. Quelle équipe ? Cela n’avait pas d’importance pour moi. Je pouvais aller en Angleterre et faire de la moto ! J’ai ensuite roulé sur la moto qu’avait utilisé Tony Rutter lors du TT de 1985 pour les Match Races de 1986. Quand je suis arrivé sur la piste, les vitesses de la moto étaient sur le côté droit. Heron Suzuki et quelques gars m’ont vraiment aidé avec la moto… Eh bien, elle était rapide, elle était assez standard en termes de suspension, nous n’avions comme pièces non d’origine qu’un amortisseur et deux roues. »
Le Champion du Monde 500 de 1993 conseille aux jeunes : « Si vous avez la possibilité de rouler au niveau international, n’hésitez pas. Parce que tout le monde sait que les équipes sont assez intelligentes pour reconnaître le talent quand elles le voient. Si vous placez une moto qui est normalement à la 15e place sur la grille de départ à la 10e place, et que vous la faites entrer dans le top 10 dans une course où elle se situe normalement entre 10 et 15, ils vous remarqueront et penseront : « Wow, il est bon ! »
« Ce n’est pas à chaque fois que vous faites une course que vous avez une chance de gagner », a fait remarquer Schwantz. Mais son exemple lors des Match Races anglo-américaines, le match international entre le Royaume-Uni et les États-Unis, est clair : « Je suis allé là-bas, j’ai roulé sur une bonne moto, nous avons gagné, Barry Sheene m’a vu, m’a gardé là-bas pendant deux semaines, m’a mis sur une 500 et m’a envoyé à la « Race of the Year » à Mallory Park. J’ai failli la gagner. L’année suivante, le monde s’est ouvert à moi. Parce que j’ai rencontré une personne pendant que j’étais là-bas et que j’ai donné une performance décente sur une moto au sujet de laquelle, si on me l’avait montrée avant, j’aurais dit : « Oh, je dois vraiment piloter ça ? »
« Je pense que les jeunes en veulent un peu trop, trop tôt, et disent : « Oh, dans ce cas, je vais rester ici en Amérique ». Prenez parfois un risque et relevez le défi chaque jour ! »
Parmi les regrets, « Ce qui est dommage, c’est le peu d’interaction qu’il y a maintenant entre les pilotes. Un exemple, à Assen, quand la course était terminée samedi après-midi, on allait à notre hospitality, on dînait et on restait dans nos motorhomes le temps que le paddock se désengorge. C’était trop tard pour aller où que ce soit, donc on s’accaparait le motorhome de quelqu’un et on partageait quelques bières devant. Il y avait quelques débats sur la course mais au final, Wayne Rainey, Mick Doohan, Wayne Gardner et moi-même, on se retrouvait à trinquer ensemble. »
Photo de titre : avec Joe Roberts. Ci-dessous : Avec Ron Haslam (le père de Leon).