Comme la plupart de ses collègues, Aleix Espargaró en passe par une phase de profonde réflexion dans un confinement qui ne lui laisse d’autre choix que de se retrouver face à lui-même. Sorti du tourbillon enivrant de la succession des courses dans une compétition exacerbée qui fait du tour du monde une simple visite guidée, l’officiel Aprilia est piégé dans un temps qui s’est brutalement arrêté. Il se rend compte de ce qu’il a perdu et de ce qu’il faut préserver. Il ne pense donc plus à la retraite et a déjà accepté une baisse de son salaire…
Aleix Espargaró a compris que les temps difficiles ne faisaient que commencer et qu’il va falloir dès à présent aborder les événements avec un nouveau regard. Le Coronavirus, en stoppant la vie sur la planète, parfois, hélas, au sens propre, a fait prendre conscience que nous jouissions d’une certaine opulence teintée d’insouciance. Le réveil n’en sera que plus dur.
Déjà, le pilote Aprilia s’est rendu compte de sa chance d’être un pilote professionnel. Si bien que cet immobilisme forcé a annihilé en lui toute velléité de retraite : « ces jours-ci, vous repensez beaucoup de choses. Par exemple, j’avais pensé récemment prendre ma retraite, à quitter les motos pour me consacrer à d’autres choses. Mais quand vous êtes à la maison depuis tant de jours et de mois sans courir, ça manque beaucoup et ça vous fait repenser beaucoup de choses. La montée d’adrénaline qu’une course MotoGP vous donne n’est comparable avec rien », a expliqué le pilote Aprilia lors du podcast « Cambia el mapa ‘ de DAZN.
« J’ai beaucoup de doutes, je ne sais pas ce qui va se passer. Il y a des pilotes qui pourraient prendre leur retraite, Cal, Dovi, Valentino… Ils ont dit qu’ils voulaient prendre leur retraite, donc il y aura plus de places disponibles, ou peut-être qu’après cette pause, ils ne penseront plus à ça. » Un revirement qu’il vit en direct…
Ensuite, le frère de Pol qui roule pour KTM se rend compte de ce qu’il faut préserver, et donc des mesures à prendre pour réussir ce sauvetage : « mes conditions économiques ont changé, je l’ai su très vite et j’ai été le premier à le comprendre. Cela n’a pas beaucoup de sens de mettre la pression sur une usine alors que tout le monde souffre à présent. Et en plus je suis un travailleur qui est payé pour faire des courses de motos. Si je ne fais pas de courses de motos, il est évident que je ne peux pas facturer la même chose qu’avant, tout comme cela arrive à la grande majorité de la population mondiale. En fait, le salaire est secondaire, en Italie, ils souffrent beaucoup plus que nous ne l’imaginons, les usines ont beaucoup de mal. »
Une industrie européenne de la moto qui est en effet sous le joug de cette pandémie, mais Aleix Espargaró invite les Japonais à ne pas trop se réjouir : « c’est une année très difficile dans laquelle toutes les usines ont du mal, pas seulement les européennes. Je suis sûr que ce sera aussi malheureusement le tour des usines japonaises, donc on verra comment tout progresse. Nous devons attendre et voir si nous courons cette année. » Une question qui taraude le paddock. On sait que certains de ses acteurs majeurs ont comme un doute sur le sujet…