Si la saison avait démarré comme prévu au Qatar, sur l’ensemble des 22 courses de la saison, les équipes MotoGP auraient parcouru un total de 163 223 kilomètres pour couvrir leurs déplacements, ce qui équivaut à environ quatre fois la circonférence de la terre. La plupart des teams se situant en Europe, les déplacements les plus chers en termes de logistique et de mouvement humain se situent outre-mer, pour atteindre des pays comme l’Argentine, le Japon ou l’Australie.
Lors de ces voyages exotiques, du fait de l’éloignement des circuits par rapport à l’Europe, le paddock du Championnat du Monde MotoGP – qui compte quelque 3000 personnes – doit organiser, avec l’aide d’une entreprise spécialisée dans la logistique, l’expédition de tout le matériel. Quand une course se termine, chaque équipe se précipite pour mettre les motos dans des containers spécifiques et démonter le box et l’hospitality en un temps record. Les camions doivent être chargés en direction de l’aéroport. Pour les teams, il n’y a pas de temps à perdre, tout comme sur la piste ! Lorsque les weekend de GP se suivent, comme cela risque de se produire en fin d’année, ils n’ont que 36 heures pour que la totalité du matériel voyage d’un circuit à l’autre.
Quatre avions cargo Boeing 747 transportent plus de 380 tonnes de marchandises entre chaque Grand Prix, répartis dans 150 conteneurs. L’ensemble du matériel est réparti dans des caisses spécialement conçues. Chaque caisse répond aux besoins exacts de son contenu en termes de dimensions et de sécurité. En règle générale, on peut dire que plus l’équipe est grande, plus le nombre de flight cases est élevé; les équipes d’usine MotoGP pouvant en utiliser jusqu’à 50 et une équipe Moto3 à deux pilotes n’en nécessitant pas plus de 3.
Cela représente au total environ 600 caisses pour les écuries MotoGP, à ajouter à 200 ou 300 autres pour Dorna. Lors des GP outre-mer, 30 de ces caisses voyagent en avion et 15 en bateau. Dans les 30 envoyées par avion se trouvent tous les éléments essentiels pour la prochaine course, en particulier les 4 motos, les principaux outils, les ordinateurs, les panneaux, les téléviseurs, etc… Mais également les produits les plus dangereux tels que les huiles, lubrifiants, etc…
Tout ne voyage pas en avion…
Chaque équipe du MotoGP a le droit de transporter par avion un fret de 9.5 tonnes payé par Dorna. Si la limite de poids est dépassée, les kilos supplémentaires coutent excessivement cher, voilà pourquoi certains conteneurs voyagent par bateau. Même si c’est plus long, avec une organisation sans faille, cela permet d’économiser un tiers du budget qui serait dépensé si tout voyageait en avion !
Par voie maritime, plusieurs conteneurs de 40 pieds (environ 12 mètres) sont envoyés. À l’intérieur, on retrouve environ 4,5 tonnes de matériel pour construire l’hospitalité (tables, chaises, matériel de cuisine…). L’autre moitié du conteneur est composée d’autres éléments non techniques utilisés pour construire le box : câbles, panneaux, outils supplémentaires et autres marchandises.
Sur certains circuits excessivement bien agencés, comme Sepang, les structures permanentes du circuit sont directement décorées avec les panneaux d’équipe. Dans d’autres endroits comme l’Australie, l’Argentine, le Texas, etc. au lieu d’avoir une simple tente, les teams préfèrent avoir leur propre hospitality.
Toutes ces caisses sont acheminées par camion entre les aéroports et les circuits (ou seulement par la route, pour les courses européennes). Le Paddock du Championnat du Monde MotoGP se compose d’environ 160 camions et s’ils étaient alignés les uns après les autres, on pourrait former un bouchon de 3 kilomètres !
Un agencement du paddock au millimètre
C’est ensuite une organisation quasi militaire qui permet d’agencer le paddock. Celle-ci démarre 2 mois avant la course, pour définir les emplacements et l’ordre d’arrivée. La semaine de course, les premiers véhicules arrivent le lundi, afin de permettre l’installation de l’hospitality. Puis les camions MotoGP sont autorisés à accéder aux boxes le mardi après-midi, suivis des équipes Moto2 et Moto3, les dernières autorisées à s’installer, le mercredi matin.
Le mercredi, les équipes installent et décorent les boxes, puis préparent les motos jusqu’au jeudi soir, qui est la journée média. Ce jour-là, les pilotes font leur apparition, et répondent aux journalistes en salle de presse.
Une fois que les camions sont tous stationnés, les stands installés et les unités d’accueil érigées, le Paddock est un spectacle fascinant à voir. Il mesure environ 40 000 mètres carrés et consomme plus d’électricité qu’un village entier lors d’un week-end de Grand Prix. De plus, il voit fourmiller entre 2 000 et 3 000 personnes pour chaque événement : les pilotes, le personnel de l’équipe, les journalistes et encore de nombreuses autres personnes.
Le transport, l’organisation et la logistique du matériel de l’équipe sont invisibles aux yeux du public mais font partie intégrante d’un weekend réussi pour une équipe MotoGP, avec de nombreux facteurs à prendre en compte avant même que les prototypes MotoGP ne soient démarrés.