Après d’excellents essais hivernaux puis un fantastique début de saison, ponctué par les victoires de Maverick Vinales au Qatar et en Argentine, les Yamaha ont connu une année 2017 difficile, avec par la suite une seule première place pour Vinales au Mans, et une seule pour Valentino Rossi à Assen. La raison de ce recul n’a pas été évidente.
Pour Ramon Forcada, ancien chef mécano de Jorge Lorenzo puis désormais de Maverick, le problème venait des pneus : « Nous avons eu une excellente traction avec un certain type de pneu. Quand ils ont changé le type de pneu, nous avons été obligés de faire des changements pour adapter la moto au nouveau pneu. Nous avons perdu de la traction. Michelin a changé la carcasse du pneu arrière au moins onze fois. Et donc c’est devenu plus compliqué ».
Evidemment l’explication ne satisfait pas Piero Taramasso, responsable Michelin MotoGP, qui renvoie la balle : « Yamaha a un problème avec sa gestion électronique. Ce n’est pas un souci de pneus car les pneus sont identiques pour tout le monde. Depuis le Mugello, ils n’ont pas changé. L’arrière a toujours été le même et c’est le pneu que nous avions à Valence en 2016. Je crois que Yamaha a un peu perdu ses repères dans le développement de leur moto. Il est vrai que Valentino nous a signalé qu’il trouvait cette année son pneu arrière plus tendre que celui de l’an passé. Mais nous l’avons expliqué maintes et maintes fois : c’est bien le même pneu. Les sensations viennent de la moto, des réglages, des suspensions, ou de quelque chose d’autre ».
Une M1 « imprévisible »
« La moto avec laquelle nous avons lutté à Jerez et Montmelo était la machine gagnante du Qatar, de l’Argentine et du Mans », a expliqué Forcada. « Le pire était d’isoler le problème ».
« Nous avons encore testé à Brno la machine qui a bien fonctionné au Qatar et en Argentine, mais ce n’était pas très bon.
« Je dirais que la M1 de la saison dernière était plutôt imprévisible, ce qui n’arrive pas si souvent chez Yamaha. »
Une équipe de test à améliorer
Contrairement à Ducati et KTM qui possèdent des teams d’essais très performants, Yamaha, tout comme Honda et Suzuki, ne dispose que d’un système archaïque basé sur un pilote (Katsuyuki Nakasuga chez Yamaha) et essentiellement le circuit de Motegi. C’est bien peu face à des Michele Pirro et Mika Kallio qui liment les pistes européennes sur leurs Ducati GP17 et KTM RC 16, avec 4 GP en wild card pour le Finlandais et 3 pour l’Italien. Nakasuga n’a eu droit qu’à une seule course, et encore… en remplacement de Jonas Folger.
Mais Nakasuga n’est pas censé être seul, car comme le précise Ramon Forcada, « Un pilote d’usine doit gagner des courses, mais aussi développer la moto. La liste des choses à essayer dans une équipe d’usine est énorme, et il y a probablement plus de pièces rejetées que de pièces validées ». Encore faudrait-il que pour être efficaces dans le domaine du développement, Rossi et Vinales disposent de suffisamment de jours de test, et que la météo leur soit favorable lors des week-ends de Grand Prix.
D’autant plus que le travail possible est quasi-illimité : « Chez Yamaha, le pilote peut tout changer sauf la décoration donnée par les sponsors. Et la chose qui compte le plus, c’est la sécurité », explique Forcada dans une interview accordée à Motorsport-Total.com. « Les directives de Yamaha dictent que chaque pilote peut tester toutes les nouvelles pièces, même si elles sont conçues pour un autre ».
Photo : Vinales et Forcada (© Yamaha)