À l’occasion de la fin de la décennie 2010, revenons ensemble sur les dix moments marquants nous ayant fait vibrer, pleurer ou rire. Ces dix moments peuvent être des tournants dans une saison, des transferts ou encore des batailles dantesques. Forcément, les moments des premières années de la décade passée marquent plus, car nous avons le recul pour mieux apprécier leur importance dans l’histoire. Aujourd’hui, il est l’heure d’évoquer le retour de Valentino Rossi au plus haut niveau, où la résurrection d’une légende.
Grand Prix des Pays-Bas 2013, circuit d’Assen. Devant une foule en liesse, « The Doctor » entame le dernier tour en tête. Mais entre ce moment précis et ses larmes dans l’un des bacs à sable du Mugello en 2010 (retrouvez l’article ici) il s’est passé énormément de choses.
La légende Italienne quitte Yamaha pour Ducati à la fin de l’année 2010, après une saison entachée par cette vilaine blessure. Couvert par la presse, le transfert du siècle fait grand bruit. Signer pour les rouges est un sacré challenge : Si Stoner eut beaucoup de mal à la faire fonctionner les deux années précédentes, que dire de Nicky Hayden, qui lui pataugea, n’ayant qu’une 7e place au général en guise de meilleur résultat.
L’heure est aux adieux. Arborant un t-shirt « bye bye baby » durant le tour d’honneur de la dernière joute de la saison, la séparation est émouvante. La passion, l’amour de Rossi pour ses machines se dévoile aux yeux de tous.
La barre est haute, et les médias italiens n’aident pas. Rossi, l’un des tout meilleurs pilotes que le championnat du monde ait connu, désire gagner sur une moto italienne. Le coup de pub serait absolument énorme, et « Vale » entérinerait d’autant plus son statut de légende vivante. Cependant, en cas d’échec, ceci pourrait le suivre longtemps. Et honnêtement, personne ne s’attendait à autant de galères. Dès les premiers tours de roues, tous les spectateurs comprennent : les deux années vont être longues … très longues.
Et ce fut le cas. Après des débuts corrects (7e à Losail, devant Hayden), les choses s’enveniment à Jerez. Rossi embarque Stoner sur le mouillé et se fait gentiment remettre à sa place alors qu’il venait s’excuser. Même si quelques coups d’éclats mettent en avant le talent de développeur du docteur, qui, de tout temps, est très sensibles aux réglages et aux détails : la course au Mans en témoigne. Il signera d’ailleurs son seul podium de la saison en Sarthe.
En 15 ans de carrière, Rossi avait triomphé au moins une fois par saison. 2011 stoppe la belle série. 2011 se termine, sans victoires et avec un cœur gros. Valentino a aussi perdu un vrai ami en fin de saison. Une 7e place au championnat, et puis c’est tout. Les attentes sont grandes pour 2012, d’autant plus que la Desmosedici se voit, quelque peu, revue.
Malgré une belle deuxième place au Mans et à Misano (à la « maison »), l’année est elle aussi bien insipide. Des galères, des déceptions, de la frustration… La barre était trop haute.
La légende Italienne décide de rentrer chez Yamaha pour l’année 2013, rejoignant par le fait son ancien rival Jorge Lorenzo (qui a eu le temps de prendre un autre titre). Il devra accepter le rôle de deuxième pilote, car évoluer à côté d’un tel pilote à un tel niveau n’est jamais chose aisée.
Les choses s’accélèrent. Après des essais hivernaux concluants, Valentino Rossi, pour son retour, marque les points de la deuxième place au Qatar, véritable exploit. Encore faut-il faut rappeler que ce dernier a déjà 35 ans.
Les courses honnêtes s’enchaînent, puis vient Assen. La blessure de Jorge Lorenzo bouleverse tout le paddock, mais Yamaha peut compter sur son autre pilote, l’homme qui a donné quatre titres à la firme aux diapasons. Même si Márquez crève l’écran, et quand bien même Crutchlow, en feu, fait tourner les têtes, les héros portent du bleu. Jorge Lorenzo, parti 12e , termine 5e avec l’une des performances les plus ahurissantes de toute l’histoire des Grands Prix, courant avec une clavicule en miettes.
Le n°46 remonte du fond de la nuit. Même pas sur la première ligne à l’extinction des feux, il se déjoue de ses adversaires directs. Il se met en chasse derrière les deux Honda boys, qui trustent les deux premières places. D’abord, il passe le nouveau prodige Márquez aux freins, à Haarbocht, le virage 1. Il reste à passer Pedrosa, tâche non moins aisée. Il le fait dans un changement d’angle, profitant de la vitesse de passage de sa YZR-M1. Maintenant, il n’a plus qu’à gérer, et à savourer. Une victoire entièrement méritée vient parachever ce week-end dingue.
Quel rendez-vous pour Yamaha. Certes, ils n’ont peut être pas eu les deux caractères les plus simples à gérer, mais sans doute deux guerriers, deux monstres pour qui rien n’est impossible. Le pilote avait vieilli, mais le compétiteur restait le même. La même envie de vaincre, de s’améliorer, de rechercher la perfection. Rien ne peut l’arrêter ; il est né pour jouer devant. Et le pire, c’est que ce n’était pas fini… La suite au prochain épisode.