Laurent Fellon est le conseiller, l’adjoint et le manager de Johann Zarco, et il nous parle aujourd’hui de l’école qu’ils ont créée ensemble pour permettre aux jeunes de se perfectionner. Dans la deuxième partie de cette interview, à paraître bientôt, il sera question de cette extraordinaire saison 2017.
Comment s’est déroulée la saison 2017 pour la Z&F Grand Prix School ?
« Tout s’est dans l’ensemble bien passé. Ce fut une assez bonne saison. Il y a une bonne génération de petits jeunes qui arrivent, ce qui est très bien. Ils sont 38. »
A combien de courses au total avez-vous participé ?
« Nous organisons notre championnat et avec ma femme
nous sommes allés cette année à Brissac, Ganges, Carpentras,
Belmont-sur-Rance, Le Mans, Osona et Alcarras, ainsi qu’avec le
Moto-Club d’Avignon, puisqu’on est obligé d’avoir un moto-club. On
crée tout, et au total on a eu 18 participations. Il y avait cette
année quelques courses en Espagne. »
Quels sont les rapports entre le Grand Prix de France, la FFM, et l’école Z&F Grand Prix ?
« Monsieur Claude Michy, l’organisateur du Grand Prix
de France, aide beaucoup l’école, et il y a également un grand
soutien de la part de la Fédération. Claude Michy nous donne un
grand coup de main et la Fédé est là aussi puisqu’ils croient
beaucoup en notre aventure. »
« Il faut recréer une nouvelle génération. A notre
époque, on avait 13 à 14 ans, déjà les mains dans le cambouis et il
était naturel de faire de la moto. Maintenant les gens qui
s’intéressent à la moto ont un certain âge. Il faut donc recréer
des écoles pour apprendre aux jeunes à rouler à moto et également
pour acquérir une méthode de travail efficace. Une certaine rigueur
est nécessaire, sinon on n’y arrivera pas. »
« Il faut recréer la passion de la moto. Maintenant les
anciens vieillissent, c’est la loi de la nature, il y a donc moins
de passionnés de moto. Actuellement ça va mal : il n’y a aucun
Français sélectionné pour la Rookie Cup, ni aucun engagé en
Championnat du Monde Moto3. »
La « Mas Z&F Grand Prix School Eyguières » ouvrira ses portes en avril 2018 et accueillera des roulages Moto, Karting et Supermotard. Est-ce une évolution importante ?
« Johann va pouvoir s’entrainer, sans avoir besoin d’aller courir à droite et à gauche. On va pouvoir permettre à plein de pilotes de motos, dont de Supermotard, de venir rouler à Eyguières. Et surtout notre école va pouvoir nous fournir des gamins comme on souhaite le faire. Il y aura du speedway, du kart, tout ce qu’il faut. Quand j’ai vu jadis une course de moto sur les Allées de l’Oulle près de chez moi en Avignon, ça m’a donné envie tout de suite. »
« Il y a beaucoup de jeunes qui aiment ça et il faudrait débloquer tout cela au niveau des instantes dirigeantes pour redonner l’envie aux gamins. »
Johann Zarco est parvenu au sommet de la compétition mondiale en appliquant ton système et ta méthode de formation. Est-ce un miracle (donc unique) ou est-ce reproductible ?
« Ce n’est pas un miracle. Il y a eu un peu de chance par le fait qu’on se soit rencontrés. Et Johann a eu l’intelligence d’écouter un vieux. L’expérience s’acquiert avec l’âge, et j’ai ainsi pu protéger Johann des gens qui auraient pu être négatifs. »
« Johann était doué, mais sa force c’était son travail. D‘autres étaient plus doué que lui, mais c’est par son travail qu’il a réussi. Il y avait une grande question de respect mutuel. Il est également bien important de comprendre qu’il faut aussi savoir faire des sacrifices. »
« Il y a une gestion de mentalité : En Espagne, ils comprennent qu’il faut faire des sacrifices. Il faut penser d’abord à la passion de la moto, être capable d’y consacrer ses samedis et ses dimanches. Ne pas penser qu’à l’argent. »
« J’ai fonctionné avec Johann comme l’ont fait beaucoup d’Espagnols, comme Alberto Puig avec Dani Pedrosa, ou Emilio Alzamora avec Marc Marquez. C’est la passion, la fièvre, l’espoir. Il faut aimer ce qu’on fait. »
Photos © Z&F Grand Prix School