Dans une compétition aussi exacerbée que le MotoGP, chaque détail qui peut apporter un gain de performance compte. Il est recherché dans tous les domaines, et il semble qu’un élément apparaisse aujourd’hui comme primordial. Il est de plus en plus adopté, il est promis à la félicité, et il va demander aux pilotes de revoir leurs gammes. De quoi s’agit-il ? D’une technique qui existe pourtant depuis 1992 et qui est apparu pour aider un pilote blessé. Soit la possibilité de freiner avec son pouce…
Le procédé est apparu en 1992 sur la Honda d’un Mick Doohan à la jambe si mal en point qu’il ne pouvait plus la déplacer comme il faut pour l’utiliser dans le contrôle du frein arrière. Une exception à Assen au siècle dernier qui est visiblement en train de devenir la règle à l’aube de la saison 2020. Dans une conversation avec Andrea Pellegrini, ingénieur de Brembo, le site Motosport-total a fait le point sur l’évolution du système de freinage au pouce et sur les avantages il offre.
De plus en plus de pilotes demandent aujourd’hui cette gâchette sur le guidon de gauche. Selon Brembo, plus d’un tiers du plateau a succombé à ses charmes : « les pilotes le demandent spécifiquement parce qu’il est difficile d’utiliser la pédale de frein dans tous les virages à droite », explique l’ingénieur Brembo Andrea Pellegrini. « Ils utilisent le frein au pouce dans ces virages, mais il peut être difficile d’obtenir la bonne sensation avec votre pouce parce que vous poussez et ne tirez pas. »
C’est pourquoi le système a été développé plus avant : « sur un scooter ou un vélo, par exemple, c’est plus facile avec votre doigt car vous pouvez mieux réguler la force de traction. Nous avons donc développé une solution push-and-pull où le levier peut être actionné avec le doigt », se réjouit Pellegrini.
Karel Abraham avait déjà testé le système lors des tests d’hiver 2019 et a ainsi pu se préparer à freiner de cette façon. « Il l’a utilisé sans problème pendant la saison. C’est difficile pour les autres pilotes. Ils sont habitués à leur style. Le changer au cours de la saison est compliqué ». Cependant, l’expert Brembo est convaincu qu’il en verra plus à l’avenir, d’autant plus que d’autres pilotes ont essayé la nouvelle solution au cours de la saison, comme Valentino Rossi à Barcelone et Marc Márquez à Sepang. « Il l’a essayé pour savoir s’il l’aimait ou non », se souvient Pellegrini.
« Il avait déjà remporté le titre, donc il pouvait essayer quelque chose de nouveau pour la saison à venir. Honda a décidé de le tester d’abord avec Marc Márquez puis Cal Crutchlow le lendemain. Je sais que Marc est ouvert a continué de travailler pour l’utiliser la saison prochaine. » Il en va de même pour Crutchlow. « Je pense que cela pourrait être un bon ajout », explique le Britannique au sujet des avantages du frein pouce / doigt : « on peut parler d’un dixième de seconde par tour. Si vous essayez de gagner ça côté moteur, il faut le développer peut-être un an. »
Cependant, le changement n’a pas été facile, surtout pour lui : « j’utilise fréquemment le frein arrière et j’applique tellement de pression que si je le fais avec le pouce ou le doigt, la moto se bloque et je perds le contrôle. Ce n’est le cas avec la pédale de frein. Vous devez vous y habituer. »
D’autres grandiront avec le nouveau système, explique l’ingénieur Brembo Pellegrini. « C’est le système du futur. De nombreux pilotes Moto2 et Moto3 se posent également des questions à ce sujet, d’autant plus que Márquez l’a testé pour la première fois. Je pense que c’est un nouveau style qui prévaudra particulièrement chez les jeunes pilotes. »
