La saison 2019 aura été la dernière pour KTM en Moto2. Elle était pourtant attendue comme celle de la consécration avec, notamment, Brad Binder. Mais ça ne l’a pas fait. Dis comme ça, on pourrait conclure à un désastre et pourtant, le Sud-Africain n’a pas démérité puisqu’il n’a manqué le titre que pour trois points… Un déroulé peu banal pour un épilogue qui ne l’est pas moins. Pour Hervé Poncharal, qui était équipé en KTM, c’est même un mystère qui le hante toujours. Brad Binder raconte cette année folle et tente d’éclairer notre lanterne…
Brad Binder n’a pas à rougir de ses campagnes en Moto2 avec la moto orange. Il a fini troisième du championnat en 2018 et vice-champion du monde en 2019. En 2020, il sera en MotoGP avec le cuir de pilote officiel KTM. Cependant, après lui, il n’y aura plus de cadre autrichien dans la catégorie intermédiaire des Grands Prix. La raison ? Malgré ses cinq victoires en seconde partie de saison, la première mi-temps a été si compliquée qu’à Mattighofen, on avait déjà décidé d’arrêter les frais.
Le Sud-Africain de 24 ans et ancien Champion du Monde de Moto3, toujours avec KTM, explique : « le plus gros problème était que je n’aimais pas la moto 2019 quand je l’ai roulée pour la première fois. J’ai dit : « les gars, nous devons faire quelque chose, ce n’est pas suffisant ». Je savais juste que la moto ne fonctionnait pas, il y avait tellement de « chattering », c’était fou. Il était encore très présent vers la fin de la saison. C’était vraiment étrange car cela a commencé sur la roue arrière et ça s’est dirigé vers l’avant. »
« Nous avons juste tout essayé, mais nous ne nous en sommes jamais débarrassés. Considérant où nous avons commencé la saison dernière et où nous nous sommes retrouvés, c’est fou de voir les progrès que nous avons réalisés » relate l’équipier de Jorge Martin qui poursuivra en 2020 avec le team Ajo dans la catégorie, avec une Kalex. « C’était dur. J’ai eu la chance d’avoir une grande usine comme KTM derrière moi parce que j’avais sept motos différentes l’année dernière. J’ai moi-même perdu un peu la vue d’ensemble Je n’ai jamais su honnêtement d’où venait le problème, je n’en ai aucune idée. Nous avons essayé tellement de choses différentes, certaines ont fonctionné, d’autres non. »
Le « loup » étant introuvable, il a fallu faire avec. Binder raconte : « je me souviens encore que nous attendions une toute nouvelle moto pour Brno après les vacances d’été. J’étais vraiment content, je pensais pouvoir vraiment jouer le titre. Malheureusement, cette moto était un pas en arrière, nous avons donc perdu tout le week-end et sommes finalement revenus à l’ancienne moto avec laquelle j’ai pris la deuxième place à Assen et au Sachsenring. Une semaine après Brno, j’ai gagné sur cette moto en Autriche. Nous sommes restés avec elle jusqu’à la fin de la saison. L’idée était d’essayer de contourner le problème et de rendre toutes les autres parties de la moto aussi bonnes que possible. »
Reste que ce souci l’a contraint à adopter un style de pilotage radicalement différent de celui du reste du peloton. D’où quelques frictions et une certaine tension… « C’était le problème, je ne pouvais pas rouler avec les autres gars. Au début de la saison, je ressemblais à un idiot parce que je ralentissais tout le monde. Mais dans 90% des cas, les autres freinaient 20 ou 30 cm devant moi, prenaient le virage et remettaient les gaz alors que j’étais encore dans la courbe avec le frein avant serré. C’était difficile. Au fur et à mesure que la moto s’améliorait, nous nous rapprochions un peu du style des autres, mais il y avait encore une différence. »
« J’ai toujours été assez agressif, mais surtout la saison dernière. Parce que dans la mêlée, je ne pouvais pas piloter comme je le devais, et j’ai perdu du temps. Là où j’étais rapide, ils étaient lents – et là où j’étais lent, ils étaient rapides » termine Binder sur Speedweek qui, au vu des circonstances, s’en est décidément très bien sorti !