Dans la carrière de Jorge Lorenzo, Gigi Dall’Igna est souvent cité comme celui qui l’avait repéré très tôt, jusqu’à se souvenir si brillamment de lui qu’il a beaucoup fait pour l’avoir ensuite, avec lui, chez Ducati. Mais ce serait faire injure à l’histoire que d’imaginer seul l’Italien comme clairvoyant à l’époque où le Majorquin n’avait encore rien prouvé. Au-dessus de lui, il y avait en effet un Giampiero Sacchi qui était aux commandes des programmes Derbi et Aprilia sans lesquels peu de pilotes en seraient arrivés là où ils en sont. Il a réagi à la retraite annoncée de Por Fuera, se livrant ainsi à la prémonition d’un retour…
Jorge Lorenzo retraité, c’est une idée qui passe mal chez les initiés. Elle semble aussi être remise en question par l’intéressé qui n’a jamais été aussi près de remettre un cuir au profit de Yamaha, en mal de pilote test… Un départ qui morfond Giampiero Sacchi, personnage qui a poussé le Jorge Lorenzo de 15 ans dans la lumière sous les bannières Derbi et Aprilia : « j’ai pleuré quand il m’a cité lors de sa conférence annonçant sa retraite. Une larme est sortie », admet l’Italien à MARCA. « J’ai parié sur Jorge Lorenzo, j’ai pris beaucoup de risques. »
« Celui qui a aussi joué un rôle dans sa carrière est Dani Amatriain, qui était son tout. Dani m’a fait voir Jorge et a décidé de parier sur lui. J’ai la photo de quand nous avons signé le contrat et quand il a mis la combinaison, le printemps après, il avait grandi de 13 centimètres. Tout le monde m’a regardé chez Derbi et a dit : « Cet Italien est fou ». Ce qu’il a obtenu en 2003, lors de la première course qu’il a gagnée, à Rio, était quelque chose inoubliable. Le «X Fuera» est venu de là. » Un pan d’histoire intéressant à partager !
« Je remercie la vie parce que j’ai eu la chance, l’honneur, de le connaître, de travailler avec lui. Le reste est sa grandeur, rien de plus », ajoute Giampiero Sacchi qui n’aime pas cette retraite. « Je suis totalement contre, mais cela ne sert à rien. Je pense que la meilleure chose qu’il aurait pu faire est que, blessé, il aurait dû s’arrêter, se reposer jusqu’à ce qu’il ait récupéré à 100%, et tout oublié. A coup il aurait retrouvé le corps, l’envie de gagner à nouveau et de se battre. Durant les années Ducati, on le disait fini. Mais, non, parce que personne ne connaît un pilote comme Jorge Lorenzo ».
L’ancien directeur transalpin estime que le Majorquin a été mal conseillé ces derniers mois. « Je pense que son environnement aurait pu mieux l’aider. Il est arrivé et a décidé : « je ne veux pas courir. » Ce n’est pas très intelligent de dire noir ou blanc quand on ne connaît pas tous les détails, mais c’est mon avis. Pourquoi tout se laisser terminer ? Il est jeune. Il est vrai que sa carrière a été très longue, car il a commencé très tôt, mais il est jeune. Dommage », explique-t-il. Mais Sacchi finit par conclure. « S’il est heureux, moi aussi, je suis content pour lui. » Le même Sacchi pourrait retrouver le sourire bientôt…