Les pilotes de Grand Prix, on le sait, sont des durs à cuire. Tant que la fracture ne les rend pas inopérants ou qu’ils ne perdent pas connaissance, ils se relèvent et retournent au combat. Mais ils sont aussi résistants. Car il y a des lendemains d’accident qui condamnent à des souffrances permanentes. C’est le cas de Cal Crutchlow qui doit vivre avec une cheville reconstruite depuis sa terrible chute de Phillip Island en 2018. L’édifice tient avec des plaques mais ces corps étrangers ont du mal à cohabiter avec leur entourage organique. Et ça commence à poser vraiment un problème…
La raison voudrait qu’il arrête les frais pour s’accorder du temps afin de se remettre convenablement. Mais Cal Crutchlow est un pilote dont le temps est justement l’ennemi. Face au chrono, il est en lutte permanente dans son métier et les instants qui s’écoulent sont des ennemis corrosifs. Pour sa cheville, il devra en passer par une nouvelle opération délicate. Qui exigera une longue convalescence. Et c’est inenvisageable pour l’Anglais.
Car le pilote LCR ne veut pas laisser seul Marc Márquez mettre au point la nouvelle Honda. Il était aux tests de Valence, il sera aux essais de Jerez la semaine prochaine. Ensuite, ce sera Sepang en février. Entre les deux périodes, il n’y a déjà plus d’espace pour une chirurgie… Donc il faudra faire avec !
Et pourtant l’équipier d’un Nakagami qui a, quant à lui, mis fin prématurément à sa saison pour se refaire l’épaule, déguste : « j’estime que je dois piloter et j’ai décidé de ne pas enlever les plaques. Je n’avais plus mal à Valence, mais deux jours avant, c’était terrible. Ça ira peut-être bien la semaine prochaine, ou ce sera pire. Quand je porte ma botte toute la journée, je n’ai aucune sensation à l’avant du pied. Lorsque le pied gonfle, la botte frappe le nerf. Même si je touche seulement le nerf qui gît sur le dessus de la plaque, ça fait mal. Je ne sais pas non plus si cela pourrait s’aggraver s’ils retiraient le métal. Cela pourrait être dangereux s’ils touchent le nerf » commente Crutchlow.
Et pour l’opération qui devra fatalement se faire ? « Ce sera quand j’arriverai au point où je ne pourrai plus supporter la douleur ou quand ça me gênera vraiment, je la ferai enlever », répond le Britannique. « A présent, cela ne semble pas réalisable car on ne peut garantir que l’os sera consolidé lorsque je devrai remonter sur la moto. Je ne veux pas passer un hiver de convalescence », a ajouté le père de 34 ans. « Je pense qu’il est préférable d’enlever les plaques, mais la fenêtre d’opportunité est trop courte. »