Aragon

Je lis dans une encyclopédie qu’un psychotrope est une substance qui modifie le système nerveux.

Alors il y a des classifications à l’infini, qui permettent aux médecins de faire comprendre que eux savent, et aux laboratoires de gagner des milliards…

Certains s’appellent neuroleptiques, ils calment, d’autres sont récréatifs, on y compte le tabac, le café, l’alcool et même la cocaïne !

Mais quel rapport avec le GP d’Aragón ?

Justement, dans ces  classements, je ne vois nulle part la substance MotoGP qui a pourtant deux actions distinctes, contrairement à toutes les autres.

Elle peut être un pied gigantesque, et là j’ai appelé mes amis médecins, parce que  comme je ne fume pas, je ne bois pas d’alcool et que je ne me suis jamais fait un trip sous « coke » ou « héro », je manque de points de repères.

Après explication, il est clair que le GP de Misano a été un énorme trip. C’est-à-dire une immense déflagration interne et externe, une montée d’adrénaline foudroyante, qui dure longtemps et demande plusieurs  heures pour pouvoir « atterrir », c’est-à-dire retrouver un rythme cardiaque normal, des sensations comme la faim, la soif et que sais je encore, un apaisement général qui met un temps fou à arriver et qui empêche même de s’endormir.

Oui, Misano a été un trip, avec cet aspect incompréhensible pour des scientifiques même hyper pointus, parce que c’est un trip que des millions de personnes se sont fait en même temps à la seconde près et même au millième de seconde près !

A l’inverse, il y a eu Aragón. Alors oui, il y avait des antidotes à l’endormissement généralisé, le fait que Márquez ait tout gagné à l’occasion de sa 200ème participation, et… c’est le seul exemple que j’aie pu trouver.

Même dans cette course, où telle une apparition, suivie d’une disparition quasi simultanée, les auteurs sans inspiration eussent écrit qu’un ange est passé, il y a eu un clignement d’yeux entre le départ et le premier virage ensuite… Le néant, l’apparition s’éloignant inexorablement, devenant même invisible au point que les télévisions ont filmé ce qui se passait derrière…

Et derrière, c’est plus un trip, c’est un film de série B…

Maverick, célèbre acteur de série télévisée, attend la ligne droite pour passer Fabio, un jeune premier qui brûle les planches, qui joue le rôle  d’un chevalier qui croit que le secret de la défense c’est l’attaque… Puis les diables rouges attendent la même ligne droite pour avaler successivement Fabio et Maverick. Et c’est « the end » hélas, sans la voix de Morrison !  Bref ce devait être une bataille et (merci Gabin et Audiard) c’est Azincourt, célèbre défaite d’une chevalerie française qui croyait que l’audace peut tout emporter…

Bon, on a encore eu de la chance, ce tout petit intermède est venu se placer entre deux spectacles ennuyeux à dormir, les molécules génériques Moto3 et Moto2…

Bon, comme je suis un grand romantique et que le bruit d’un moteur de compète me rend  radieux (voire béat !) j’ai monté le son et j’ai suivi avec passion ce que l’on appelle le contrechamp au cinéma, l’envers de l’histoire, la bataille des gagne-petit se disputant les restes…

Alors oui, les seconds rôles ont su que c’était le moment de leur tirade, ils ont fait de leur mieux mais un second rôle c’est un second rôle.

Bref, on imagine un concert où Jagger viendrait dire « good night everybody» (hurlements dans la foule) et se barrerait immédiatement sans qu’on le revoie jusqu’à la fin, juste un retour sur scène pour saluer…

Bon, une fois on se dit que le groupe de lever de rideau  manquait de jus mais le concert principal a ensuite duré quelques secondes et l’on est retombé en léthargie.

Dans un concert on peut hurler « remboursez ! » (ce qui ne sert à rien d’ailleurs) mais sur scène les acteurs principaux que l’on voit peu et les secondaires qui sont là pour meubler risquent leur vie !

Alors à la fin, quand le rideau tombe enfin, on applaudit, on siffle, on lève les bras, on crie bravo, on admire mais tel le berger de Francis Blanche, on s’est em…

Bon, ce n’était qu’un trait d’esprit, de mauvais esprit bien sûr, ce GP d’Aragón a été génial, plein de baston, de bruit et de fureur comme on aime, avec un suspense insoutenable jusqu’aux derniers virages, je voulais juste imaginer ce que je pourrais écrire si un jour ça pouvait manquer de peps… Bon, bah, finalement non, un GP est toujours un immense trip, heureusement !

Et on part en Asie bientôt, on n’aura même pas à passer par les fumeries d’opium pour avoir des visions gigantesques, Buriram vous offre le trip pour quelques Baths…

*Pas de « S » selon le Bescherelle, une sorte de code  de la grammaire façon Márquez… jamais d’erreurs sauf erreur…

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