Lors du Grand Prix de Malaisie, pour la première fois, Paolo Simoncelli s’est rendu sur le lieu du tragique accident qui, il y a six ans, a ôté la vie à son fils.
Il était bien sûr accompagné de Fausto Gresini (team manager de Marco) et de Carlo Pernat (manager de Marco), du staff Honda représenté par Shuhei Nakamoto, Livio Suppo et Sete Gibernau, mais aussi de quelques pilotes dont Valentino Rossi, Marc Márquez, Dani Pedrosa, Luca Marini, Nicolo Bulega, Francesco Bagnaia et Tatsuki Suzuki.
Peu après, il s’est confié à la Gazzetta dello Sport dont voici quelques extraits.
Paolo Simoncelli : « Cela a été
difficile, difficile. Sa mère et moi avons décidé d’y aller, il y
avait l’équipe, nous devions être là. Rossella a préféré aller sur
la piste toute seule, je la comprends. Cela m’a fait plaisir de
voir Pedrosa, Marquez, Valentino et tous les autres. Pourquoi ne
les pas enlacer ?
Marco est avec nous tous les jours. Notre vie est changée
maintenant, rien n’est pareil qu’avant et n’a le même goût. La
lumière dans les yeux a changé pour tout le monde. Je rencontre des
parents qui ont vécu la même terrible épreuve, et je vois à 10
mètres cette douleur atroce, que tu te portes dans le cœur. Tout ce
que tu peux faire est de vivre mieux, mais cette chose reste en
toi. Avoir ces garçons autour de moi m’a vraiment curé beaucoup de
plaisir. »
La conversation en vient au Grand Prix d’Australie avec ses très nombreux dépassements et contacts…
« La chose qui me pique, c’est qu’ils l’ont massacré pour ça, pour son impétuosité, et maintenant tout va bien. Mais cela aurait été beau de voir Marquez contre Marco, nous nous serions amusés. »
Dans une évidemment bien moins grande mesure, Paolo Simoncelli a également été blessé par le départ non-annoncé de Tony Arbolino, à qui il avait ouvert les portes des Grands Prix…
« Je suis blessé du comportement d’Arbolino, car il a choisi de s’en aller, à mon avis sans aucune raison, mais surtout parce que je l’ai appris de … la Gazzetta dello Sport. Oui, je me sens trahi. Je n’ai pas demandé pourquoi et je ne le ferai pas, mais je pense que je connais la raison. Il se dit qu’il faut juste suivre son chemin, alors le temps est un gentleman. »
Enfin, Paolo Simoncelli a vu un de ses deux pilotes en championnat d’Italie Premoto 3 125 2T, Matteo Patacca, déclassé pour machine non conforme lors de la manche de Misano le 21 mai.*
Une mesure qui le prive du titre national et est considérée comme totalement injustifiée par le patron du team SIC58 qui, en conséquence, a annoncé quitter le championnat d’Italie…
« Nous allons abandonner le drapeau tricolore par dépit, je suis très en colère. La Fédération ne peut pas punir un enfant qui a couru avec une moto conforme, comme elle l’a elle-même admis, seulement à cause d’une erreur de transcription. Et, en enlevant une victoire, elle a effectivement empêché la conquête du championnat. Nous aurons 5 pilotes en CEV, Ieracci et Montella en Moto3, et dans la nouvelle catégorie, l’European Talent Cup, Bertelle, Patacca et Falzone. Dans le Championnat du Monde, nous irons avec avec Tatsuki et Antonelli. En outre, Dorna nous a dit qu’en 2019 nous aurons une moto électrique. »
Mais en se rendant à Sepang, Paolo Simoncelli a également connu une heureuse surprise. Il la raconte lui-même, avec émotion, dans les colonnes de son blog.
« Mama Rossella et moi arrivons à l’aéroport, et après un coup de téléphone, une jeune fille s’approche timidement de nous. Elle nous raconte une histoire, et comment elle a fait pour acheter un gant de Marco à un commissaire de course, un gant utilisé par lui. Tant de personnes nous racontent les histoires les plus improbables sur la façon dont ils réussissent à acquérir des reliques de leurs idoles … je me demande juste pourquoi un gant? Ils les vendent généralement par paires. Puis elle sort un gant gauche, il est de grande taille, et nous le reconnaissons tout de suite. Je l’embrasse. Elle nous le laisse, je le regarde, il est vraiment ce qui manquait à l’appel, le droit étant déjà à la maison. Un câlin entre des étrangers. Je ne parle pas bien sa langue, mais je pense avoir transmis ma reconnaissance pour ce geste précieux. J’imagine les 1000 péripéties connues par ce gant. Six années se sont écoulées. Nous sommes retournés ici en Malaisie et on nous a donné le gant que Marco a perdu ce jour-là dans sa dernière course … et puis ils disent que ce n’est pas le destin. Un geste singulier, absurde et merveilleux, que d’être de nouveau là avec une équipe de course portant son nom. »
* L’exclusion a été causée par une valeur différente du poids du vilebrequin tel qu’indiqué dans la fiche technique et tel que déterminé par le Comité technique FMI.