On peut affirmer sans grandement se tromper que la période actuelle de la carrière de Johann Zarco en MotoGP n’est pas la plus enthousiasmante. Après deux ans passés à s’affirmer sur une Yamaha Tech3, le voilà collé au fond du peloton avec une KTM RC16 qui s’entête à rejeter la greffe française. Elle préfère visiblement l’espagnole avec Pol Espargaró dont la débauche d’énergie et la prise de risque paye. Le tout dans une ambiance où l’empathie n’est pas exactement la qualité première du directeur sportif Pit Beirer. Une ambiance et une exigence auxquelles Pol Espargaró est maintenant aguerri. Il fait donc le point de situation et encourage Johann Zarco à persévérer…
Chez KTM, on parle cash à ses pilotes et lorsque ça ne va pas, tout est mis sur la place publique. Entre Pit Beirer et Johann Zarco, le dialogue peut paraître parfois tendu. Mais si l’on en croit Pol Espargaró, il ne faut pas en prendre ombrage. Car cela fait partie de la culture d’entreprise de Mattighofen.
Sur Autosport, l’Espagnol explique : « on est dans une équipe d’usine, on a un bon salaire, une bonne moto, une bonne attention, mais on suscite aussi de grandes attentes. Je sais que Johann est un très bon pilote, qu’il a du talent, qu’il est plus calme que moi, je ne peux donc lui donner aucun conseil, car je pense qu’il va gérer mieux que moi cette situation que j’ai aussi connue ».
« Pit Beirer m’a critiqué ainsi que Bradley Smith l’année dernière et il le fait maintenant avec Johann, mais ce que Pit dit, c’est dans le but de nous rendre meilleurs, c’est pour notre bien » ajoute celui qui s’est qualifié cinquième à Austin avec la machine autrichienne.
Il ajoute : « bien sûr, Johann a besoin de temps pour s’adapter à la moto et je suis sûr qu’il est très rapide. Il a fait la pole au Qatar l’année dernière et il est monté sur le podium l’année dernière en Argentine, donc nous ne pouvons pas dire que Johann n’est pas un bon pilote. Nous devons tous nous rappeler que Johann a été au sommet du classement MotoGP. Il a besoin de temps, il y arrivera ».
Mais Espargaró précise aussi que la situation trouvée par Zarco est déjà moins pire que celle qu’il a lui-même connue en 2017 : « vous ne pourriez même pas comparer ce qu’était la moto en 2017 avec la RC16 actuelle. Cette moto venait d’un livre blanc, rien n’avait été fait et nous devions la développer à partir de zéro. C’était si difficile. J’ai eu beaucoup de chutes. Je ne dis pas que c’était à cause de la moto mais c’est parce que j’ai besoin d’aller tellement à la limite que cela se produit parfois ».
Le Champion du Monde 2013 de Moto2 termine : « bien sûr, Johann a maintenant une machine bien meilleure que celle que nous avions au début du projet, mais il est certain qu’elle n’est pas assez bonne pour son niveau et pas assez bonne pour être sur les positions qu’il connaissait dans un passé récent ».
