La retraite… Dans la vie quotidienne, on voudrait qu’on puisse la prendre au plus tôt mais pour les sportifs de haut niveau excellant dans leur art, c’est tout le contraire. Même si la pyramide des âges diffère, le contraste est saisissant. Et pourtant, à un moment donné, il faut bien lâcher prise. Sur ce thème sensible, Giacomo Agostini s’est confié. Et s’est aussi ouvert sur Valentino Rossi.
Un entretien que l’on trouvera dans les colonnes de la Gazetta dello Sport. Celui qui a conquis quinze titres se souvient : « chacun a ses raisons d’arrêter la compétition. Par exemple, Stoner ne supportait plus le milieu. Moi, j’ai arrêté parce que j’avais vu trop de camarades mourir sur la piste, une préoccupation qui est heureusement maintenant moins prégnante grâce aux progrès sur la sécurité. Mais j’ai surtout stoppé parce que je ne pouvais plus gagner comme je le faisais avant. Et un journaliste a un jour écrit que je ne savais plus gagner. Cette remarque m’a beaucoup affecté car je me suis effectivement rendu compte que je n’étais plus le même ».
Une disette de victoire qui a donc asséché le cœur sportif… Mais justement, Valentino Rossi n’a rien remporté en 2018. Le signe d’un début d’usure, d’un commencement de la fin ? Ago rassure sur son cadet : « je ne pense pas que ce soit la préoccupation de Valentino de se faire battre par des plus jeunes, qui plus est issus de son académie. Sa décision ne sera pas influencée, ce sera la sienne. Être compétitif et prendre du plaisir seront les éléments de son choix. Vale est en forme, motivé, mordant, au niveau, sinon, il ne continuerait pas. Les jeunes ont du courage sur la piste. Il en a aussi, mais surtout, il a l’expérience, la véritable valeur ajoutée de l’âge ».
Il termine : « il y aura un jour où quelqu’un dira même de Rossi « il ne peut plus gagner ». Mais il n’oubliera jamais ce qu’il a donné avant son 40e anniversaire et cette dernière phase de sa carrière. Son arrêt est inévitable. Même si ce sera difficile, cette journée ne sera pas la fin du monde ni même celle du championnat du monde. Ce dernier a survécu à la retraite de nombreux excellents champions. La compétition, la gloire, la passion des supporters lui manqueront, mais il doit être intelligent pour comprendre qu’il ne peut pas continuer éternellement, ce qui est valable dans tous les sports »
« Il ne voudra pas devenir un Peter Pan aux cheveux blancs ou un adulte avec des vêtements inappropriés. Il est trop intelligent. Quand il comprendra, il s’arrêtera. Il découvrira qu’il existe différentes manières de s’amuser et bien d’autres choses dans la vie. Rien qui te donnera le même goût, du moins pour moi c’était comme ça, mais quelque chose de différent. Mais en attendant cette échéance, profitons-en ainsi. Et remercions-le ».