Dimanche dernier, les dieux ont pleuré l’absence de leur fils prodigue sur le circuit de Misano.
Des larmes suffisamment présentes pour transformer les parkings
en marécages, au grand dam des 3000 personnes constituant le
paddock.
Des larmes suffisamment glissantes pour mettre à terre 23 pilotes
en Moto3, 23 également en Moto2, et 9 en MotoGP (voir
ici).
Et des larmes suffisamment abondantes pour clairsemer tribunes et
collines alors que tous les billets étaient vendus d’avance.
Les organisateurs ont en effet beau nous annoncer qu’il y a eu autant de places vendues que l’année dernière (voir ici), cela n’a pas empêché la foule de ne pas répondre présente massivement au rendez-vous de la Riviéra italienne. Nombreux sont donc les tifosi qui ont préféré perdre leur place plutôt que de se rendre sur le circuit pour voir un spectacle sans l’enfant du pays.
Ainsi, le soir, la rue qui fait face à l’entrée principale du
circuit est restée désespérément vide malgré sa multitude
d’échoppes vendant tout ce qui est imaginable, à condition que cela
soit jaune vif.
Ainsi, le matin, le long serpent de même couleur qui gravit chaque
année la côte menant au circuit était pour le moins famélique.
Et ainsi, la journée, point des habituelles cornes de brume et cris
quand la caméra de la Dorna montre la moindre image du box du
numéro 46…
Tiens, parlons-en des spectateurs présents et de leurs cris : les seuls moments où ils se sont manifestés, négativement, c’est quand Marc Márquez a chuté et est monté sur le podium…
Des applaudissements et des sifflets aussi stupides qu’indécents, unanimement condamnés par l’intéressé lui-même, les autres pilotes et même le fan-club de Valentino Rossi (voir ici). Personne n’aime voir cela, et on en déduit que seuls les ultras du Docteur étaient présents ce jour-là sur le circuit. L’italien a la rancune tenace…
Alors oui, certainement, cette édition du Grand Prix de Saint-Marin a sans doute un peu manqué d’âme, assurément pour les adorateurs du soleil et de la lune.
Car pour les autres, il y eut quand même des moments
d’anthologie, aptes à assouvir la passion qui nous anime.
Dans des situations très similaires, voir les différences
d’attitude entre Tom Lüthi qui a joué la prudence, et Marc
Marquez qui a pris tous les risques pour aller chercher les
derniers points possibles, ne peut qu’inspirer le plus grand
respect pour ce dernier, qui joue également le titre mondial.
Tout comme on ne peut que avoir le plus grand respect pour Johann
Zarco, littéralement asphyxié après avoir poussé sa M1 pour
inscrire un unique petit point.
Des champions admirables, il y en avait donc, ce week-end à Misano, certains dans la lumière, d’autres moins. Il en manquait seulement un, ponctuellement.
Nous avons de fait simplement eu un avant-goût de son
absence définitive, que celle-ci survienne en 2019, 2020 ou
2021.
Il faut le reconnaître, Misano sans Rossi n’est pas vraiment
Misano. Mais, malgré la pluie, c’était un beau Grand Prix quand
même…