D’un Andrea Dovizio 5e au championnat 2016 avec grosso modo la moitié des points de Marc Marquez, on est passé cette année à un DesmoDovi en tête du championnat devant Marc Marquez.
La cause en est un peu moins de malchance, bien sûr, mais également des progrès techniques liés ou non à l’arrivée de Jorge Lorenzo.
Cela a commencé par la fameuse boîte sous la selle dont, si personne n’en a la preuve, tout le monde s’accorde à dire qu’elle contient un Mass Damper (voir ici), élément réduisant le chattering et aujourd’hui interdit en F1.
Neil Spalding, qui est quasiment le seul journaliste à passer tous les Grands prix dans la Pit-Lane pour espionner les motos, fait autorité en matière de technique MotoGP.
Il a pu noter les évolutions des cadres de Borgo Panigale, à commencer par une plus grande flexibilité générale, mais également les petites différences intéressantes entre celles des deux pilotes officiels de la marque italienne.
Traditionnellement, Andrea Dovizioso est assis plus en arrière sur sa moto que ses petits camarades. Une spécificité qui lui permet de mieux faire fonctionner son pneu arrière mais présente l’inconvénient d’avoir un train avant plus léger et moins stable. Au fil des ans, le pilote italien aurait donc développé une accoutumance à ce fait, et, par exemple, ceci expliquerait pourquoi à Silverstone il n’avait point besoin d’ailerons, au contraire de son coéquipier qui a nécessite un train avant chargé et sans faille pour plonger dans les virages à grande vitesse.
Selon Neil Spadling, et nous tenterons de le vérifier à Misano, le cadre des GP17 actuelles serait toutefois encore plus flexible au niveau de la colonne de direction pour pouvoir retrouver un peu de feeling.
De plus, au contraire de son coéquipier, Dovizioso utilise depuis longtemps, comme Stoner, le frein arrière en accélération en sortie de virage, d’où la mise de la commande de ce dernier au guidon. Là encore, cela rend les ailerons moins indispensables, ce qui à Silverstone, a permis de gagner entre 4 et 8 km/h dans la ligne droite pour l’Italien par rapport à l’Espagnol.
Jorge Lorenzo, quant à lui, a demandé une moto plus haute, ce qui la rend plus maniable et favorise les transferts de charge, mais apporte une certaine instabilité.
Aujourd’hui, Andrea Dovizioso dispose donc d’une moto parfaitement adaptée à son style de pilotage, et Jorge Lorenzo tente de s’y habituer peu à peu. Mais si la Ducati est un peu moins rétive que par le passé, elle offre encore des particularités bien spécifiques à Andrea Dovizioso et on est encore très loin de l’homogénéité « naturelle » des Yamaha, même si, à Borgo Panigale, on sait parfaitement utiliser au mieux l’électronique pour lisser le produit…
Quelle sera l’évolution au fil du temps ?
Qui peut le plus peut le moins, et les demandes de Jorge Lorenzo pour avoir une moto adaptée à son pilotage (comprenez une moto un peu plus homogène) ne pourront que faire progresser la machine, sans nuire à l’osmose actuelle entre Andrea Dovizioso et sa Ducati chérie…