C’est ce mardi que Mathieu nous a expliqué dans la première partie de son interview qu’il avait signé pour deux ans avec le Team ERC-BMW Motorrad Endurance, en compagnie de Julien da Costa et Kenny Foray. Il nous a parlé également de la mentalité allemande concernant la compétition, et de la position de BMW en tant que constructeur.
Mathieu, quels sont les avantages de la S 1000 RR par rapport à ses concurrentes en endurance ?
« Un de ses principaux avantages est qu’il s’agit d’une moto qui est très bien née. Elle a un moteur qui est très puissant d’origine. La S 1000 RR en version stock comme en endurance est une moto qui fonctionne très bien, on a une électronique très performante.
« C’est une moto qui est efficace. Par rapport à d’autres motos, comme une Yamaha qui a aussi beaucoup de points forts, c’est une machine qui est très intéressante à rouler pour nous en tant que pilotes.
« Après, les moteurs fonctionnent, ce n’est pas un souci. Ils possèdent une bonne homogénéité. Ils ont été champions en Superstock donc savent qu’il n’y a pas de problème pour tenir 24 heures. Mais je pense qu’on manque beaucoup de réussite depuis un petit moment avec cette moto. »
Avec le calendrier si spécial de l’endurance, n’est-on pas en train de créer des pilotes uniquement spécialisés dans cette discipline ? Quand la saison se termine à Suzuka en juillet, il est impossible d’alors intégrer un autre championnat. Quand un pilote s’engage en septembre au Bol pour une saison d’endurance, il est impossible de s’engager en GP ou en SBK lors de l’année suivante.
« Aujourd’hui, au-delà de pilotes qui changent en cours de saison et qui roulent pour telle ou telle marque, notre problème majeur ce sont les concordances de dates*
*22 avril : 24H du Mans et GP d’Austin
13 mai : 8H de Slovaquie et WSBK à Imola
10 juin : 8H d’Oschersleben et WSBK à Brno
« Il y a toujours une date qui tombe en même temps qu’un mondial Superbike ou qu’un Grand Prix. Et ça s’est inconcevable. Qui qu’on soit, quand on s’engage dans un championnat, c’est pour en disputer la totalité des épreuves. C’est le principal souci pour amener des pilotes d’autres horizons. Les pilotes de Grand Prix, avec le nombre de courses qu’ils ont à leur calendrier et le rythme qui leur est imposé, ne sont pas à mon avis intéressés à faire autre chose.
« Les pilotes de MotoGP ont les 8H de Suzuka où les constructeurs envoient leurs Samouraïs quand ils en ont besoin. On voit donc quelques pilotes de GP qui viennent faire une course d’endurance dans l’année. Mais elle est très atypique.
« Je pense que relancer les championnats nationaux est une bonne chose car ça permet à de bons pilotes de se tourner vers l’endurance. Grâce au calendrier qui n’est pas si mal, ça permet aux pilotes d’endurance de s’orienter vers les championnats nationaux et de leur amener une certaine notoriété. Je trouve ça cool. Ça relance un peu tous ces championnats. Les fédérations essaient d’éviter les concordances de dates et qu’il n’y ait pas deux courses en même temps, ce qui est très bien. »
Comment se présentent pour votre équipe les 24H du Mans et les trois courses de 8 heures de Slovaquie, d’Oschersleben et de Suzuka ?
« Cette année, on va dire que ça se présente bien car on n’a pas de pression au championnat, étant donné qu’on part avec seulement deux points, je crois, des qualifs du Bol d’Or. Donc on est très loin au championnat et on n’a pas d’objectif de résultat à un instant « T ».
« L’objectif pour les 24H du Mans est d’aller chercher un podium, sinon mieux, je pense. Mais ça va être une transition avec la nouvelle moto aussi. Ce n’est pas un secret de Polichinelle que de dire qu’elle aura un peu de retard en production. Donc c’est une saison qui va se passer entre aboutir ce qu’on a commencé avec la moto actuelle, c’est-à-dire courir la 24H dans cette configuration, puis on va développer la nouvelle pour que de toute façon au Bol d’Or 2019 elle soit prête à jouer le Championnat du Monde. »
Photos © FIM endurance, Mathieu Ginès, Team ERC-BMW Motorrad Endurance, ProKASRO Mechatronik GmbH