Le Grand Prix d’Espagne qui marquera le quatrième rendez-vous de la saison ne commencera pas ce vendredi avec les premiers essais libres sur la piste de Jerez. Il s’ouvrira dès la conférence de presse de jeudi lorsque l’annonce tant attendue deviendra officielle. Celle de l’arrivée de Lorenzo chez Ducati qui ouvrira grand les portes de Yamaha pour Viñales. Un soulagement pour Rossi ? Voire !
La présence de Lin Jarvis à la conférence de presse en lieu et place de Valentino Rossi est le signe d’une annonce majeure du côté de Yamaha. Paradoxalement, c’est d’abord une bonne nouvelle pour Ducati que le patron des troupes japonaises sur la piste va marquer du sceau officiel. Jorge Lorenzo, pilote au service des trois diapasons en MotoGP depuis 2008, et aux trois couronnes récoltées dans la catégorie reine des Grands Prix, a changé d’avis : il ne fera pas toute sa carrière adossé à l’usine d’Iwata. Il passe au rouge, donnant le feu vert pour sa succession.
Qui à sa place aux côtés d’un Valentino Rossi à nouveau patron du box Yamaha ? Le nom de Maverick Viñales a les faveurs de tous les pronostics. Et d’abord celui du Doctor. Depuis l’entame de la saison, il n’a que des bons mots pour l’actuel officiel Suzuki de 21 ans seulement. Et ce dernier donne le change, en futur bon élève prêt à se former pour assurer, le jour venu, la succession.
Cependant, on aurait tort de s’arrêter à ces sympathiques apparences et à considérer Maverick comme un agneau. Il faut ici se rappeler son parcours marqué par le caractère et l’indépendance. La moto, il l’a dans le sang depuis l’âge de 3 ans et dans la peau avec une vie privée rythmée aux côtés d’une compagne experte en motocross. Il a aussi une tête dure. Dès 2009, Honda et Repsol le suivent de très près après son parcours au CEV où il prend les titres de vice-Champion d’Espagne et de Champion d’Europe 125cc. En 2011, il arrive en Grand Prix et remporte avec l’Aprilia sa première victoire au Mans. Au bilan, il concrétisera quatre fois et finira son apprentissage avec le titre de Rookie of the Year.
L’installation du Moto3 lui donne l’occasion de fricoter au grand jour avec Honda. Au sein du team Blusens Avintia, il lutte pour le titre en 2012 qu’il doit laisser à Cortese mieux armé avec la KTM. Des soucis techniques castrent sa vélocité et des tensions apparaissent jusqu’à éclater au grand jour. Déterminé, il assume et tourne le dos à Honda, une manœuvre généralement synonyme de suicide professionnel. Mais au sein de l’équipe Calvo, il monte sur une KTM en 2013 et arrache le titre mondial dans le dernier tour de la dernière course à Alex Rins.
Une réponse sur la piste qui en dit long sur la détermination de cet Espagnol qui convaincra Suzuki de son talent après seulement une saison en Moto2 marquée par quatre victoires et un nouveau statut de meilleur débutant de l’année. Un titre récolté aussi l’an passé avec la GSX-RR en MotoGP.
Tout ça pour dire qu’on ne la lui fait pas à Maverick Viñales. Chez Yamaha, il sera un équipier aux dents longues qui ne sera pas là pour jouer le gendre idéal. Son parcours, marqué par un choc frontal avec Honda, le montre. Il n’a pas eu peur de tordre les modèles, de braver les certitudes, de quitter la route large et propre d’une filière pour prendre les chemins de traverses et se retrouver, envers et contre tout, parmi les pilotes que toutes les usines doivent considérer. Por Fuera est peut-être sur le départ, mais Valentino Rossi devra composer avec un autre animal.