Loin de la communication un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefs passés dans notre rubrique (“Interviews“). Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…
Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.
Comment appréhendez-vous votre place sur la grille ?
« Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la position que je souhaite, où que ce soit. 19e, c’est loin, mais globalement, je dis que je peux être sur le podium et me battre pour une belle position car le feeling est plutôt bon. Mais le Sachsenring est un circuit difficile ; tout le monde est très proche aux chronos et avec un pneu neuf, ils ont été en mesure d’être très rapides. Personnellement, je suis content du rythme de course avec lequel nous travaillons, et c’est dommage que j’ai chuté ce matin car j’étais en mesure d’améliorer. C’est un virage où tout le monde chute, et même si je suis prudent, je peux chuter. Aujourd’hui, je n’ai pas été très chanceux et tout ne s’est pas déroulé de la bonne façon, mais quoi qu’il en soit, pour la première saison j’ai besoin de vivre ce genre d’expérience pour apprendre. »
Que fait Jonas de mieux que vous pour le moment ?
« Il a fait de bons chronos en Q2. C’est cela, il a fait ce tour avec un pneu neuf. Moi, avec le pneu neuf, j’ai chuté. Je pense que pour le moment, c’est ce qui a fait la plus grosse différence. »
Il y a eu beaucoup de chutes au virage 11 et certains commencent à dire qu’il faudrait modifier ce virage. Qu’en pensez-vous ?
« Pour moi, cela fait partie du jeu. Il y a des pilotes comme Marc Márquez, je crois qu’il y a chuté en Moto2 en 2011 et en 2012, et depuis ce moment, il n’y a plus jamais chuté. Et il est toujours le plus rapide. Il y a des circuits qui sont difficiles, mais je pense que cela fait partie du jeu et que vous devez vous y adapter vous-même. Pour moi, j’ai fait attention, même ce matin quand j’ai chuté, mais avec la vitesse que nous devons avoir pour faire des chronos en 1’21, le pneu médium n’était peut-être pas le bon choix à ce moment. »
Vous avez aussi essayé le pneu arrière dur. L’envisagez-vous pour la course ?
« Non, ceci était une obligation pour Michelin, pour tous les pilotes. Sur le sec, il fallait l’essayer au minimum pendant cinq tours. »
Est-ce vrai que la différence entre le tendre et le dur n’est pas si grande ?
« Ici, c’est un circuit où vous devez être très régulier. Pour moi, c’est difficile de voir s’il y a une grande différence ou pas, et de toute façon, ce ne sera pas mon pneu pour la course. »
Peux-tu nous résumer ta journée ?
« Une journée difficile où tout ne s’est pas mis bout à bout, parce que lorsque la séance était sèche ce matin, j’ai fait du bon travail. Avec les 50 minutes, on a fait du bon travail, et finalement, au moment où tout le monde fait des super chronos, je me sens bien pour rester dans ce top 10 mais je chute. Ça, ce sont des choses qui arrivent, même si on essaie d’être prudent, il ne faut pas grand-chose. On est à la limite, donc la chute est toujours assez proche. Je pense que cela fait partie de l’apprentissage. Je me sens de mieux en mieux sur la moto. Je pense quand même, petit à petit, progresser sur les sensations et la préparation à la course. Malheureusement, il y a encore des facteurs qui rendent le week-end difficile, et ça, c’est signe d’apprentissage.
La chute a beaucoup compté ce matin car justement je n’ai pas été qualifié, et lorsque c’était mouillé, hier j’ai été à 1,2 seconde. Ça semble beaucoup sur la pluie, mais là j’étais à 8 dixièmes alors que les deux premiers pilotes ont roulé très vite lorsque c’était mouillé. Là, pareil : j’ai besoin d’un peu de temps pour attaquer au bon endroit. C’est assez hallucinant à quel point on peut rouler vite sous la pluie, lorsque la piste tient. »
La chute a entamé ta confiance ?
« Possible. Sous la pluie, oui, en effet, j’ai chuté hier. Pas trop vite, et ça allait. Et puis là aujourd’hui, virage très rapide. Heureusement, je ne me suis pas fait mal, et c’est simplement un peu de la rage de ne pas pouvoir être sur les places que je sens atteignables. Mais finalement, tout le monde se bat et j’apprends. »
Ce matin, tu étais le seul à utiliser un médium à l’avant. Pourquoi ce choix ?
« Parce que dès le vendredi, lorsqu’on a mis ce soft, on l’a beaucoup mangé à gauche. Et donc ensuite, on est passé sur le médium, et je me suis senti très bien. Mais en fait, je pense que ce sera le pneu de course, et c’est le pneu de course pour rouler tous les tours en 1’22.0, et ça, je pense que ça peut faire un super résultat. Après, pour passer sur un petit 21, ça vaut le coup de mettre cette gomme soft, mais ce petit 21, personne ne le fait sur 10 tours. D’où l’expérience et la gestion de tous ces éléments. C’est encore une leçon pour moi. »
Tu aurais dû le passer en fin de séance ?
« Oui, exactement ! Mais comme on se sent bien avec un pneu, et que j’étais quand même prudent dans le virage, j’ai voulu continuer avec celui-là essais après-coup, surtout quand on voit tous les autres, qu’on se dit que ça ce serait mieux passé. Et là, quoi dire ? C’est en le vivant qu’on peut mieux le gérer une prochaine fois. »
En partant 19e, ça va être compliqué de remonter ?
« Oui, oui ! C’est un circuit où il est difficile de doubler, mais je trouve que dans ces conditions de course, finalement, ce matin et en FP4, je me sens bien sur la moto, je trouve que j’arrive à bien la diriger, à bien gérer le grip, la motricité et la régularité. Je crois que c’est un point fort pour la course, donc 19e, il faut prendre ça comme un plaisir d’aller doubler, tour par tour, ce qui seront devant moi. Comme pour l’instant, j’ai bien la moto sous contrôle, je pense que ça peut faire une belle place au bout des 30 tours. Avec des conditions régulières ! Après, si on doit changer de moto, la, pareil : il va falloir vivre le moment et à apprendre de tout ça. »
Si c’est une course flag to flag, tu as préparé cela avec l’équipe ?
« On est déjà bien. À Assen, je suis rentré très vite et ça a surpris tout le monde. Mais là, on s’est fait un test dès la FP1, et on y est prêt dans tous les cas. Chacun sa technique pour changer de moto. Moi je pose le pied, je fais demi-tour et je monte sur l’autre moto. »
Pas de backflip ?
« On ne sait jamais, peut-être en fin de course ! (rires) »
Si ce sont des pneus pluie, tu as choisi lequel ?
« On ne roule qu’avec le soft. Il n’y a que deux choix pour le pneu pluie, et s’il pleut comme ça, je pense qu’on part en soft. »
Était-ce la chute la plus rapide de ta carrière ?
« Non ! Non ! Phillip Island, ça va plus vite (rires). »
Résultats des qualifications :
1- Marc Marquez – Repsol Honda Team – Honda RC213V –
1’27.302
2- Danilo Petrucci – OCTO Pramac Racing – Ducati Desmosedici GP – +
0.160
3- Dani Pedrosa – Repsol Honda Team – Honda RC213V – + 0.647
4- Cal Crutchlow – LCR Honda – Honda RC213V – + 0.787
5- Jonas Folger – Monster Yamaha Tech 3 – Yamaha YZR M1 – +
0.908
6- Jorge Lorenzo – Ducati Team – Ducati Desmosedici GP – +
1.081
7- Pol Espargaro – Red Bull KTM Factory Racing – KTM RC16 – +
1.100
8- Aleix Espargaro – Aprilia Racing Team Gresini – Aprilia RS-GP –
+ 1.224
9- Valentino Rossi – Movistar Yamaha MotoGP – Yamaha YZR M1 +
1.367
10- Andrea Dovizioso – Ducati Team –
Ducati Desmosedici GP – + 1.401
11- Maverick Vinales – Movistar Yamaha MotoGP – Yamaha YZR M1 – +
1.380
12- Alvaro Bautista – Pull&Bear Aspar Team – Ducati Desmosedici
GP – + 1.525
13- Jack Miller – EG 0,0 Marc VDS – Honda RC213V
14- Loris Baz – Reale Avintia Racing – Ducati Desmosedici GP
15- Bradley Smith – Red Bull KTM Factory Racing – KTM RC16
16- Andrea Iannone – Team Suzuki Ecstar – Suzuki GSX-RR
17- Mika Kallio – Red Bull KTM Factory Racing – KTM RC16
18- Hector Barbera – Reale Avintia Racing – Ducati Desmosedici
GP
19- Johann Zarco – Monster Yamaha Tech 3 – Yamaha YZR
M1
20- Karel Abraham – Pull&Bear Aspar Team – Ducati Desmosedici
GP
21- Sam Lowes – Aprilia Racing Team Gresini – Aprilia RS-GP
22- Alex Rins – Team Suzuki Ecstar – Suzuki GSX-RR
23- Scott Redding – OCTO Pramac Racing – Ducati Desmosedici GP
24- Tito Rabat – EG 0,0 Marc VDS – Honda RC213V