Démonstratif quant à son talent depuis le premier Grand Prix de l’année à Losail, Johann a écarquillé quelques paires d’yeux à Jerez en doublant Marc Marquez, chez lui lors du Grand Prix d’Espagne devant ses fans, pour la deuxième place. Maverick Vinales et Valentino Rossi venaient de subir le même sort quelques instants auparavant.
La plupart des motos semblent à l’aise sur certains circuits et moins sur d’autres. Ta Yamaha 2016 semble compétitive partout. Est-ce aussi ton point de vue et comment l’expliques-tu ?
« Que ce soit la Yamaha 2016, ou peut-être même la nouvelle – mais que je ne connais pas, les différences sont vraiment très petites, on a même du mal à s’en rendre compte – la Yam est la plus homogène en général, que ce soit avec un châssis 2015, 2016 ou 2017. Je suis ravi de ce que j’ai.
« Par contre, si à chaque fois on se base en disant « ça c’est un circuit favorable à Honda, ça c’est un circuit favorable à Yamaha », on voit qu’on ne peut pas compter là-dessus parce qu’on annonçait pas exemple un circuit Yamaha à Jerez, mais finalement ce sont deux Honda qui ont terminé aux deux premières places. Il ne faut donc pas se reposer sur ce genre de chose car parfois tout peut changer.
A Jerez, tu as doublé en début de course Rossi, Vinales, Crutchlow, Iannone et Marquez. Comment ne t’étais-tu pas laissé impressionner par tout le bruit médiatique qu’avait créé auparavant l’éraflure sur la peinture du carénage de Rossi au Texas ?
« Déjà, on ne s’était pas touchés avec Rossi au Texas, on avait été très proches, mais sans qu’il n’y ait de contact. Sinon, je suis resté dans mon monde. Laurent est arrivé à Jerez – il avait été absent en Argentine et au Texas parce qu’il devait faire d’autres compétitions – et finalement c’est lui comme d’habitude qui a géré tous les gens qui sont venus dire « Ha ! », toute cette polémique. Moi, j’étais dans ma bulle entre la GP room, le box et l’hospitality. J’ai passé un super week-end.
Tu t’es fait une spécialité de doubler les leaders dans les premiers tours, depuis le premier virage du premier Grand Prix (au Qatar). Vinales à Jerez a dit que tu l’avais passé parce que ses pneus n’étaient pas encore à température. Donc comment gères-tu cette mise en température ? Et ne crains-tu pas d’user exagérément tes pneus en début de course ?
« C’est encore dur à dire. Il faudra expérimenter davantage. On pourrait penser que je suis trop fort en début de course et pas assez en fin de course, donc qu’il y aurait besoin de décaler un peu cette force. Mais il ne faut pas le voir comme ça. Je dois rester fort en début de course et progresser à la fin.
« En attaquant en début de course, je ne pense pas que j’utilise plus les pneus que les autres. C’est juste que tout va bien, même quand le réservoir de la moto est plein. En Moto2, ça se sentait aussi quand la moto contenait beaucoup d’essence, j’avais du mal à aller très vite. Alors qu’en MotoGP, en comparaison avec les autres, j’arrive à me mettre vite dans le rythme avec la moto pleine.
Sans avoir de problèmes de mise à température des pneus en début de course ?
« Non.
Tu as terminé quatrième à Jerez, à moins de trois secondes du podium. Venant de la Moto2, il y a forcément un grand nombre de choses que tu découvres en MotoGP. Comment t’y es-tu adapté si rapidement, et si efficacement ?
« Déjà en raison du facteur Yamaha. La moto est vraiment saine et donne confiance. Elle est homogène sur différents circuits et avec différents styles de pilotage. Le fait que la moto ait beaucoup de grip, à l’avant comme à l’arrière, par rapport à la Moto2, ça donne encore plus confiance et ça permet de se décontracter et de laisser faire la moto.
« L’électronique permet également parfois de dépasser des limites en pilotage parce qu’on sait que si vraiment il y a une exagération, l’électronique pourra rattraper.
La méthode ZF Zarco Fellon semble bien fonctionner. Ne crains-tu pas un afflux massif de jeunes apprentis-pilotes à l’école ZF Grand Prix qui voudront savoir comment on double Marquez, Rossi et Vinales ?
« C’est de toute façon ce qu’on veut. Si certains ne croyaient pas à la méthode ZF, on peut prouver que ça fonctionne bien. Et on va continuer de le prouver.
« Pour ce qui est de l’afflux de pilotes, le fait qu’on soit en MotoGP fait maintenant beaucoup plus parler de nous. On va avoir notre propre piste, notre terrain de jeu, donc ce sera beaucoup plus facile à gérer. On va pouvoir recevoir beaucoup plus de monde, et nous occuper même encore mieux des jeunes qui viendront parce qu’on n’aura plus besoin de courir après les gens. Ils viendront à nous et ça sera beaucoup plus facile.
Ce sera à partir de quand et à quel endroit ?
« Dans le Sud de la France, près d’Avignon, et espérons d’ici la fin de l’année. »
Photos © Michelin et ZF Grand Prix.