Pendant que les concurrents des GP débarquent au Texas pour la 3ème manche de la saison, le championnat du monde d’endurance moto négocie son premier rendez-vous de la saison 2016, les 24 Heures du Mans.
Malgré une structure prévue à cet effet, l’équipe de Paddock-GP a décidé de se concentrer pour le moment sur les Grands Prix et de ne pas (encore) lancer la couverture de l’Endurance, ceci afin de ne pas se disperser lors la mise en route de notre très jeune site.
Cela ne nous empêche pas de garder un œil sur cette discipline
qui connaît un regain de jeunesse et qui attire, de nouveau, des
pilotes (et aussi des équipes…) de Grand Prix.
Louis Rossi, après avoir connu des temps
difficiles en Moto2, s’est lancé dans ce pari avec le
GMT94.
Alors qu’il s’élancera dans quelques heures pour sa première épreuve de 24 Heures, nous avons demandé ses impressions au vainqueur du GP de France Moto3 en 2012…
Louis, Quel regard portes-tu sur les 2 premières épreuves de la saison ?
Louis Rossi : « La sensation que j’éprouve en regardant les GP de chez moi, c’est que c’est moins ‘lisible’ que quand tu es immergé dedans. Du coup il faut vraiment s’intéresser au sujet pour comprendre les histoires de pneumatiques, les problématiques du paddock dont certaines sont nouvelles cette année et d’une manière générale, je trouve que c’est un sport assez intéressant à suivre ! Mais avant, comme j’étais dedans, je ne m’en rendais pas compte ! »
En Moto3, la victoire de Pawi, un pilote dans un état second, cela a dû te rappeler quelques souvenirs ?
Louis Rossi : « Ce qui a été formidable dans cette course Moto3, c’est qu’elle a permis à un petit jeune de se mettre en avant. Et en plus il y avait même deux Malaisiens en position de monter sur le podium jusqu’à l’avant-dernier virage donc cela a été un moment assez incroyable. Au Qatar aussi, il y a eu un jeune italien qui est sorti du lot, on a vu la Mahindra donner des signes encourageants, du coup c’est un début de saison qui fait plaisir à regarder ! ».
On sait les liens d’amitié que tu as avec Alexis Masbou, quelle lecture as-tu de ses deux premiers GP… ça paraît compliqué ?
Louis Rossi : « Il y a clairement beaucoup de travail à faire sur cette moto mais moi je n’ai aucun doute sur les capacités d’Alexis. Il a déjà montré qu’il était très rapide, et il l’est d’autant plus lorsqu’il est bien dans sa tête et qu’il peut se bagarrer devant. Aujourd’hui, cela se passe mal et tout le monde le voit, je crois que sa moto doit évoluer pour lui permettre de s’illustrer. Je vais me concentrer pour lui envoyer des bonnes ondes pour que la tendance s’inverse ».
En MotoGP, cela semble finalement plus ouvert que prévu ?
Louis Rossi : « Oui parce que toutes les ‘pointures’ sont présentes mais ils sont tous capables de faire des petites erreurs, que ce soit sur des attaques suicide ou à cause de mauvaises sensations. En deux courses, aucun d’eux ne s’est véritablement mis en avant, sauf Marquez qui a été le plus constant mais il n’a pas pris une énorme avance. Je suis très content de voir que Valentino Rossi ait pu se reprendre entre les deux GP même s’il a clairement perdu de la confiance en roulant avec sa deuxième moto en Argentine. Malgré tout, on s’attendait à ce qu’il attaque avec un esprit de revanche, et je ne suis pas déçu du spectacle, bien au contraire ».
Parlons de toi maintenant, on t’a souvent vu en spectateur aux 24 Heures moto dès que le calendrier des GP t’en donnait la possibilité. Te voilà maintenant à quelques heures du départ, au guidon d’une machine qui va jouer la victoire, c’est un sentiment particulier ?
Louis Rossi : « D’abord, il y a tout un mythe de l’endurance que j’aimais beaucoup. Si j’avais pu la faire l’an dernier, j’y aurais participé, même pendant ma saison de Grand-Prix. Je n’ai pas fait une bonne saison 2015 et je ne voulais pas continuer avec des équipes qui ne me donnaient pas la possibilité de me battre devant en Moto2. Car même avec cette possibilité, il n’était pas dit que j’en sois moi-même capable. Donc je cherchais une possibilité pour rouler au guidon d’une bonne machine pour avoir une chance de décrocher un titre de champion du monde. Dans ma tête, c’était très clair : soit je trouvais un guidon qui me permette de me battre devant soi j’arrêtais la compétition. J’ai commencé par chercher en Supersport mais les options que j’avais ne me convenaient pas. Et puis il y a eu cette possibilité de rouler avec Yamaha en championnat du monde d’endurance. On a fait une séance d’essais pour voir si tout se passait bien et cela a été convaincant dès les premiers tours de roue et j’ai aussi découvert une nouvelle ambiance. Quand je vois tout ça, je me dis que j’aurais sans doute dû faire ce choix-là avant parce qu’il y a tout un côté ‘aventure humaine’ en plus. Il y a un investissement des mécaniciens incroyable, le fait de régler la moto à 3 pilotes, ce n’est vraiment pas simple. Il y a toute une série de choses qui font de ce championnat un ensemble très complexe, très riche, qui a été boudé pendant quelques années mais qui revient et qui va revenir encore plus au premier plan. Aujourd’hui, quand je suis assis dans mon box et que je vois tout ce qu’il s’y passe, je me dis que je suis très heureux d’y être ».
Nouvelle équipe, nouvelle machine, nouvelle discipline ? On trouve ses marques rapidement dans ce contexte ?
Louis Rossi : « Cela se fait facilement si tu roules vite. SI je m’étais retrouvé à la 15ème place, toujours loin de mes coéquipiers, cela aurait été plus compliqué. Mais j’avais la vitesse, il m’a fallu trouver de l’endurance, de la constance. C’est le point qui m’a demandé le plus de kilomètres mais dans un sens, c’est logique. Concernant les réglages de la moto, je me suis vite aperçu qu’il n’y avait pas grand-chose à faire sur cette moto. On travaille quand même sur des settings mais on ne révolutionne pas tout et les pilotes ne passent pas des heures devant l’ordinateur pour trouver des solutions. On a fait un gros travail de mise au point de l’électronique pour qu’elle nous convienne parfaitement, on n’a pas chômé ces dernières et on voit le résultat : on est rapides sur le sec et sur le mouillé, mes deux coéquipiers sont très efficaces et moi, pour le moment, je suis un peu moins à l’aise qu’eux. Je sais aussi qu’une course de 24 heures s’envisage différemment d’un GP, il faudra s’adapter ».
Vous avez essayé à deux reprises de monter une équipe de GP avec Alexis Masbou, est-ce qu’à terme c’est un challenge envisageable en endurance ?
Louis Rossi : « Honnêtement, je n’y pense pas du tout car je viens d’intégrer une structure officielle et je me concentre là-dessus. Quand je vois la somme de travail que demande le statut de team-manager en endurance, cela dépasse très largement celui des GP. Il faut gérer ses équipes humaines, mettre en place les stratégies de course, cela me paraît extrêmement lourd. En plus, aujourd’hui, j’ai la chance d’intégrer une équipe officielle avec la confiance d’une marque, ce n’est pas pour me lancer demain dans un pari hasardeux. Il y a des gens qui font ça très bien, je veux profiter de ce statut de pilote officiel que je n’ai jamais connu avant. Quand on a la chance de le vivre une fois dans sa vie, c’est vraiment génial ».