Dans quelques heures, les pilotes du MotoGP retrouveront la piste du Circuit International de Losail pour donner le coup d’envoi de la saison 2017.
2016 a été la saison des grands bouleversements avec le retour de Michelin, l’arrivée du logiciel unique et la disparition des Open. Ces changements ont donné neuf vainqueurs différents et une saison qui restera dans les annales. Quelles sont les nouveautés pour 2017 ?
Constructeurs : où en sommes-nous ?
Si les Open ont disparu en 2016, des avantages sont toujours accordés à certains constructeurs s’ils remplissent toutes les conditions suivantes (art. 2.4.2.1 du règlement, version du 23/02/2017) :
- Faire son entrée comme nouveau constructeur depuis 2013,
- Ne pas avoir gagné sur le sec depuis 2013.
Pour 2017, l’ensemble des avantages accordés à un constructeur est le suivant :
- 9 moteurs par saison,
- Développement des moteurs autorisé,
- Essais privés autorisés avec les pilotes d’essais et contractuels, peu importe le tracé, dans la limite de 120 pneus par pilote par saison partagés avec les pilotes d’essais.
Au coup d’envoi de la saison 2017 au Qatar, seuls Aprilia et KTM disposeront de ces avantages, car ce sont deux nouveaux constructeurs qui se sont inscrits au Championnat après 2013 et qui ne comptent pas de victoires sur le sec.
Yamaha, Honda, Ducati et, plus récemment Suzuki, peuvent utiliser un maximum de 7 moteurs par pilotes. De même, la version du moteur est figée avant le début de saison et les développements sont interdits durant la saison.
Le retrait de ces avantages au cours d’une saison est basé sur un système de points de concession marqué sur le sec ou le mouillé. Si le constructeur marque 6 points de concession (3 points pour une victoire, 2 points pour une deuxième place, et 1 point pour une troisième place) :
- Les tests privés ne seront plus autorisés avec effet immédiat,
- 9 moteurs et développement autorisés jusqu’à la fin de saison : 7 moteurs et développement gelé la saison suivante.
Par exemple, jusqu’à l’arrivée du dernier Grand Prix d’Australie, Suzuki a marqué 6 points :
- 1 point (3e au Mans)
- 3 points (1er à Silverstone)
- 1 point (3e à Motegi)
- 1 point (3e à Phillip Island)
Suzuki a donc immédiatement perdu le droit de tester librement. Sur leurs 9 moteurs disponibles, Maverick Viñales et Aleix Espargaro en avaient utilisé 8 dont 4 étaient hors d’usage, car les scellés avaient été enlevés (pour des besoins de développement, contrôles…). Il est clair que Suzuki profitait de cet avantage pour mettre au point le moteur de la GSX-RR.
Au lancement de la saison, la firme d’Hamamatsu est désormais logée sous la même enseigne que Honda, Ducati et Yamaha et son développement devrait être moins fulgurant en 2017 pour Suzuki.
Quelques changements pour Michelin
Michelin marquait son retour en catégorie reine la saison dernière après sept années d’absence. Après une première année de développement, la firme de Clermont-Ferrand proposera un nouveau pneu avant au profil différent. Utilisé comme prototype à Valence la saison dernière, celui-ci a été perfectionné au fil des essais hivernaux, « Nous avons inauguré le nouveau profil du pneu avant à Valence et cela a très bien fonctionné, » explique Nicolas Goubert.
« Lors des trois séances d’essais, les pilotes nous ont fait des retours très précieux qui nous permettront de répondre à leurs besoins. Nous avons pris en compte leurs souhaits de plus de motricité à l’arrière – tous les pilotes veulent pouvoir accélérer plus fort. Nous avons donc travaillé là-dessus et on espère avoir répondu à leurs demandes. Nous allons poursuivre le développement au cours de la saison afin d’offrir aux pilotes des performances optimum, quelles que soient les conditions et sur tous les circuits. Nous sommes bien plus avancés cette année que nous l’étions l’an passé à pareille époque. »
Un changement apporté au règlement autorisera désormais Michelin à proposer trois types de pneus slick pour l’avant et l’arrière – contre deux maximum en 2016, « Proposer trois slicks avant et arrière est une belle opportunité pour élargir les choix de pneumatiques et ainsi créer une véritable dynamique de compétition entre pilotes et teams lors des sélections de pneus en fonction des conditions et des tracés, » ajoute Goubert.
Parmi les autres nouveautés, Michelin introduit un nouveau système Tyre Detection System, technologie sans fil permettant d’identifier les pneus utilisés. Ce système fonctionne grâce à un capteur de pression (Tyre Air Pressure Sensor, TAPS) monté à l’intérieur du pneu. Cela fait réponse aux difficultés pour les médias et les spectateurs d’identifier les choix de pneus.
Le principe est simple : le capteur émet un signal vers le boitier électronique de la moto. Lorsque la moto franchit une boucle de chronométrage placée sur le tracé (entre 10 et 15 boucles selon le tracé), le boitier transmet le type de pneu en plus des informations habituelles.
Rappelons que les transpondeurs sont utilisés pour le chronométrage depuis 1990 et font partie intégrante de la moto. La 4e génération de transpondeurs a été introduite lors de l’épreuve d’ouverture de la saison 2014. La grande particularité de ce modèle réside dans le fait qu’il est bidirectionnel. Autrement dit, capable d’émettre ET de recevoir des informations. À ce sujet, seule la Direction de Course est habilitée à envoyer des informations au transpondeur pour le moment. Le transpondeur peut offrir aux équipes la possibilité d’envoyer des informations de panneautage, sujet au centre des discussions durant la saison 2016.
Innovations aérodynamiques
Dès cette saison, les ailerons seront interdits, mais cela n’a pas empêché les constructeurs d’investir en R&D pour trouver de nouvelles solutions aérodynamiques. À Sepang, Kohta Nozane, pilote d’essais Yamaha, a étrenné un nouveau carénage dont Maio Maregelli, Team Manager, faisait mention avant qu’il ne soit dévoilé. Ce nouveau carénage abrite des ailerons qui sont tout à fait autorisés par le nouveau règlement 2017. Il a ensuite été essayé par Valentino Rossi et Maverick Viñales à Phillip Island.
Dans le clan Aprilia, Aleix Espargaro s’est chargé de tester un nouveau carénage durant la deuxième séance du Test Officiel à Phillip Island, « Ce n’est pas si mauvais, » confiait Espargaro en fin de journée. « En soufflerie en Italie durant l’hiver, celui-ci donnait de bons résultats. La force appliquée était assez intéressante puisqu’elle ne nous faisait pas perdre à haute vitesse, ce qui est toujours important. Néanmoins, sur ce tracé, ce n’était pas si bien : la moto semble plus lourde à quelques endroits. Ce n’est pas le meilleur endroit pour l’essayer, car ce circuit est particulier. Nous l’essaierons de nouveau au Qatar. » Pour Espargaro dont l’Aprilia RS-GP concède jusqu’à 10km/h sur les autres MotoGP, il est important de ne pas perdre en vitesse de pointe à cause des ailerons.
Suzuki a aussi rejoint cette course aux carénages aérodynamiques en Australie. Davide Brivio, Team Manager Suzuki, expliquait, « Nous avons essayé le nouveau carénage pour la première fois en piste. Nous n’avons fait que deux runs, car l’objectif était d’avoir un aperçu et de recueillir des premières données afin d’évaluer son effet. Si cela est le cas, nous aurons un peu de temps avant le Qatar pour le développer davantage. Il est encore trop tôt pour dire si ce carénage en vaut la peine ou non. Cela requiert des tests et une analyse approfondie. »
Précurseur dans le développement des ailerons, Ducati a une nouvelle fois créé la surprise avec une tête de fourche radicale dévoilée à Losail il y a quelques jours. Du côté Honda, deux versions ont été évaluées par Marquez au Qatar – ceux-ci ont d’ailleurs été à l’origine de plusieurs chutes du Champion du Monde en titre.
Le plupart de ces innovations n’ont pas encore passées l’étape d’homologation. Il faudra attendre ce week-end pour voir quelles seront les solutions conservées par les constructeurs cette saison. À noter que deux carénages différents sont autorisés pour la saison par pilote (et non par constructeur). La taille de la tête de fourche ne doit quant à elle pas excéder plus de 600mm de largeur.