Après avoir, dans la première partie de ce récit, rué dans les brancards d’Avintia, Maverick à la suite d’une unique saison météorique en Moto2, a effectué ses débuts avec la toute nouvelle Suzuki en MotoGP en 2015. Son année inaugurale dans cette catégorie se déroulait de manière satisfaisante avec deux sixièmes places, une première ligne en qualification, et la douzième position finale au Championnat.
Si ces résultats n’étaient pas en eux-mêmes extraordinaires, il faut les remettre dans leur contexte d’un pilote rookie sur une moto neuve dans une équipe débutante. Par exemple Maverick ne terminait au final qu’à sept points de son coéquipier Aleix Espargaro qui comptait lui début 2015 quatre saisons et 76 courses en MotoGP à son actif. Ses belles performances attirèrent vers Vinales les regards intéressés des plus grandes équipes, et son manager Aki Ajo se retrouva bientôt avec des propositions fort intéressantes, dont celle de Yamaha qui devait remplacer Jorge Lorenzo en partance pour Ducati. Maverick avait conquis l’Annapurna, il ne lui restait plus qu’à gravir l’Everest.
Mais filer chez Yamaha d’un gracieux saut de ballerine n’eut pas été dans la tradition Vinales : où il n’y a pas de galère, il n’y a pas de plaisir ! L’Espagnol avait tout simplement signé avec Suzuki un contrat pour 2016, incluant une option pour 2017 en faveur du constructeur, spécifiant que Vinales acceptait de rester chez Suzuki si cette entreprise le souhaitait. Evidemment Maverick désirait aller chez Yamaha. La balle était dans le camp de Suzuki, qui ne souhaitait surtout pas le départ de l’Espagnol. Fallait-il le contraindre à respecter son contrat ?
Il ne restait plus alors à Vinales que trois solutions pour
2017 :
– Courir avec Suzuki, contraint et forcé,
– Courir avec Yamaha, après l’accord de Suzuki,
– Ne pas courir du tout.
Après une longue réflexion, l’état-major de Suzuki décida de le libérer, estimant qu’il ne servirait à rien de contraindre un pilote à courir contre sa volonté. On ignore si Suzuki a demandé un dédommagement financier à Vinales pour son dédit, ou à Yamaha, mais il semblerait que ça n’ait pas été le cas. Aki Ajo, homme de parole, désapprouva le choix de Maverick de ne pas respecter son contrat avec Suzuki et il renonça à être son manager. Peu après sa démission, il fut remplacé par l’avocat d’affaires espagnol Paco Sánchez, qui s’occupa des carrières des frères Espargaro, entre autres.
Votre fiancée est-elle Championne du Monde de motocross ?
Depuis l’été 2015, Vinales a pour amie de cœur Kiara Fontanesi, victorieuse à quatre reprises du mondial de cross féminin. Ils s’entraînent ensemble, Maverick pratiquant cette discipline depuis très longtemps et ayant donc un bon niveau. « Et quand dans la salle de sport l’un de nous deux manque de motivation, l’autre le pousse ».
Maverick est donc en grande forme pour embellir cette année son palmarès avec Yamaha. Le grand perdant de cette intersaison aura été Suzuki, ceci dit avec respect pour Iannone. Rappelons que Suzuki a remporté le Championnat du Monde 500 avec Kevin Schwantz en 1993, le mondial SBK avec Troy Corser en 2005, le Championnat du Monde Supersport avec Stéphane Chambon en 1999 et bien sûr 15 titres mondiaux avec le SERT en endurance.
Et puisque l’on parle de Suzuki en Grand Prix, comment ne pas rendre hommage à Mitsuo itoh qui vient juste de fêter son 80e anniversaire. C’est le seul pilote japonais à avoir jamais gagné le TT. C’était en 1963 et il y pilotait un 50cm3 Suzuki RK67 à 14 vitesses, qui prenait 20 000 tours. De quoi s’occuper sur le tracé du Tourist Trophy.
Pour clôturer le sujet, voici l’interview (en anglais) de Maverick par son nouveau Directeur d’équipe Lin Jarvis