Si les pilotes MotoGP sont par essence les archétypes des compétiteurs nés, il en va souvent de même pour leur entourage sportif, du simple mécanicien à leur team manager, en général des personnes aussi passionnées que leur pilote.
On assiste ainsi parfois à différents challenges entre équipes concurrentes dans le paddock, quand ce n’est pas au sein d’un même box, entre chaque équipe des 2 pilotes, comme ce fut par exemple le cas à Valence chez Suzuki…
It's a bit of #TeamWorkTuesday today! Here's a look back at our traditional end of season tug of war match! 😁 @MotoGP #BehindTheScenes #SUZUKing pic.twitter.com/YO5XrcXBI2
— Team Suzuki Ecstar (@suzukimotogp) December 18, 2018
Mais cette fois, c’est grâce à l’amitié qui unit les 2 hommes que Razlan Razali, le Directeur du circuit de Sepang, a lancé un défi sur le site britannique Crash.net à Hervé Poncharal dont il vient de reprendre le partenariat avec Yamaha pour former en MotoGP le Petronas Yamaha SIC Racing Team qui alignera Franco Morbidelli et Fabio Quartararo en 2019.
Razlan Razali : « J’ai fait un pari personnel avec Hervé [Poncharal] de Tech3 ! Je suis enfin sur la grille MotoGP avec lui. Nous serons donc des concurrents sur la piste, mais nous essayerons de rester amis en dehors de celle-ci. Bien sûr, il y a beaucoup d’équipes à battre, mais nous devons d’abord battre Hervé ! Cette année, j’ai beaucoup travaillé avec Tech3, et j’ai aussi fait des allers-retours dans le box d’Hafizh Syahrin. Maintenant, je vais devoir changer un peu ma position et davantage regarder Hafizh depuis la pit-lane ! »
Évidemment, une telle déclaration constitue un gant jeté en l’air en direction de Bormes-les-Mimosas, et il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour que Hervé Poncharal, amusé, ne relève le défi, même si, sur le papier, le team manager français est très loin de partir favori. En tant que compétiteur, on ne se refait pas…
Nous avons donc recueilli sa réponse qui apporte une certaine touche de légèreté dans le paddock, juste avant les fêtes de fin d’année.
Hervé, on a vu dans la presse qu’il existait un pari amical entre vous et Monsieur Razlan Razali. Vous battre semble être son objectif premier en MotoGP, voire presque une obsession. On sait que c’est votre ami, mais qu’avez-vous à lui répondre ?
Hervé Poncharal : « déjà, ça me fait plaisir que vous m’appeliez pour me demander ce que j’ai à lui répondre, parce que oui, c’est un ami, parce que oui, j’ai pu le rencontrer et travailler avec lui, et cela a été une belle découverte, que ce soit sur le plan humain ou professionnel. Mais ce qui m’amuse, c’est qu’on a beau vieillir, moi en avance sur lui, on reste toujours des éternels adolescents et, en fin de compte, c’est toujours celui qui pisse le plus loin, celui qui a la moto la plus rapide ou celui qui va marquer le plus de points. Donc quand j’ai vu ses déclarations, cela m’a fait rire.
Tout ce que je peux lui répondre, c’est qu’on verra comment se situeront les totaux de points de nos pilotes respectifs en MotoGP à la fin de la saison 2019, mais une chose est sûre, c’est qu’une énorme logique voudrait que ce soit lui qui soit devant. Morbidelli est le Rookie de l’année et a été Champion du monde Moto2 l’année dernière. Il aura une moto du même millésime que celles de Maverick Vinales et Valentino Rossi, c’est-à-dire une Full Factory avec les évolutions, c’est-à-dire quelque chose que l’on n’a jamais eu chez Tech3. Je pense donc qu’il va même donner du fil à retordre à Valentino Rossi et à Maverick Vinales. Il sera donc très très fort et on a vu que Fabio Quartararo, qui pour moi est certainement le jeune pilote le plus doué qui arrive en MotoGP, a fait des supers premiers essais sur cette Yamaha M1. Pour moi, il va se battre pour le titre de Rookie de l’année en MotoGP.
Donc c’est sûr que l’addition de ce que vont faire Franco Morbidelli et Fabio Quartararo, par rapport à ce qu’on va pouvoir faire avec une moto qui est quand même pour l’instant un bon cran en dessous en performance, mais malgré des pilotes qui sont bien, l’ensemble KTM–Hafizh Syahrin-Miguel Oliveira, avec tout le respect que je peux avoir pour la moto et chacun des 2 pilotes, ça devrait être en dessous de Morbidelli–Quartararo–Yamaha M1.
Ceci dit, ce pari dont il parle dans la presse et qui est une sorte de défi, ne va faire que nous exciter davantage : même si la montagne va être difficile à grimper, on va tout faire pour essayer de le battre. Et si d’aventure sur quelques courses on est devant lui, on ne manquera pas d’aller le voir pour lui souligner.
En tout cas, c’est marrant : Razlan Razali est un méga sportif et j’aime ça. Il fait des triathlons, il s’entraîne beaucoup et même en partie responsable de la chute d’Hafiz Syahrin en vélo au moment du Grand Prix de Jerez. Mais c’est quelqu’un de super, il est à la base du Grand Prix de Malaisie, il gère le circuit de Sepang , c’est lui qui a amené Petronas en moto, c’est lui qui gère les teams Petronas Moto3 et Moto2, et c’est lui aussi qui s’est occupé d’Hafizh Syahrin. On a de superbes relations, que ce soit en tant qu’IRTA/Dorna ou plus personnelles entre nous. Je suis d’ailleurs très content que ce soit lui qui nous succède chez Yamaha, parce que c’est quelqu’un de bien et je pense qu’il a monté une belle équipe. J’ai été très très content de pouvoir l’aider durant la transition car ce n’est pas facile comme ça et de devoir construire une équipe d’une feuille blanche.
Voilà, on va se tirer la bourre : il m’avait déjà lancé un défi en vélo et il m’en lance maintenant un autre en tant que team. Cela va être compliqué mais comme on est toujours aussi fou et qu’on a toujours la passion, on va travailler et on va le relever ! J’aime cela (rires) ! »