Il n’est pas rare, en particulier en Moto3, de voir de nombreux pilotes à la recherche d’une roue ou d’une aspiration. Sur certains tracés, les lignes droites peuvent atteindre ou dépasser un kilomètre : 1068m au Qatar, 1076m en Argentine, 1200m à Austin, 1141m au Mugello, 1047m à Barcelone, 920m à Sepang.
Si une aspiration peut faire gagner environ une demi-seconde au tour, elle peut aussi avoir l’effet inverse et ralentir très nettement celui sur qui l’aspiration est prise. C’est arrivé à Alexis Masbou à l’arrivée du Grand Prix d’Italie en 2014, « Je suis bien sorti du dernier virage, mais au moment de passer la ligne d’arrivée, je me suis retrouvé happé en arrière, quasiment stoppé net, » nous confiait-il après la course. L’Albigeois avait alors manqué la victoire pour trois dixièmes.
En Moto3, l’aspiration est donc plus que tentante, en particulier durant les essais qualificatifs. Chercher un pilote de pointe comme référence d’un tour rapide était devenue monnaie courante. De nombreux pilotes occupent donc le bord de piste, au ralenti, dans l’attente d’une bonne roue. Une situation extrêmement dangereuse que les autorités ne pouvaient laisser perdurer.
De premières tentatives
De nombreux avertissements on déjà eu lieu, en particulier à Valence en 2014 puis à Assen en 2015.
Déjà, cette saison, les temps réalisés sur chaque secteur ne peuvent représenter plus de 110% du meilleur temps personnel du pilote sur le secteur en question.
Le premier tour réalisé durant une séance n’est pas pris en considération (tous les secteurs) ainsi que les deux premiers secteurs d’un tour en sortie de box. Le dernier secteur n’est pas pris en compte si le pilote rentre au box.
Des concessions seront accordées dans des cas particuliers : chute, contact avec un autre pilote, pluie, etc.
Les sanctions infligées jusqu’au week-end dernier au Japon étaient croissantes : de 3 à 6 places sur la grille départ voire 10 minutes de pénalité durant le warm up du dimanche matin.
Mais cela ne suffit visiblement pas puisque l’on a encore vu des paquets entiers de pilotes s’attendrent lors des qualifications des derniers Grands prix.
Une nouvelle tentative
Malgré les premières tentatives, chaque Grand Prix, les grilles de départs sont modifiées. Le week-end dernier, Hiroki Ono a signé le meilleur temps, mais n’a pas obtenu la pole position puisqu’il a été sanctionné le vendredi pour avoir roulé trop lentement. De plus, durant les qualifications, il n’est plus rare de voir les pilotes s’attendre dans la pit-lane, donnant lieu à des situations étranges, comme on l’a vu à Brno l’année dernière.
Vendredi dernier, la Direction de Course et les Commissaires de la FIM ont tenu une nouvelle assemblée extraordinaire durant le Grand Prix du Japon pour présenter l’évolution des règles et le renforcement des sanctions en Moto3.
Dorénavant, uniquement le premier secteur d’un tour effectué en sortant de la pit-lane ne sera pas compté (contre deux auparavant). Sortir délibérément de piste ne permettra pas d’éviter une pénalité. Un secteur trop lent sera pénalisé, qu’il ait été effectué sur ou en dehors des limites de la piste.
Réaliser trois secteurs trop lents (pas forcément consécutifs) au cours d’une même session mènera à une pénalité
La pénalité standard a été élevée à 12 positions sur la grille de départ, plus un point de pénalité sauf si le pilote commet sa première erreur. Un pilote déjà pénalisé recevra par contre des points de pénalité supplémentaires.
Pour une récidive au cours d’un même événement, le pilote sera pénalisé d’un départ en dernière position et recevra deux points de pénalité.
Pour une troisième infraction au cours d’un même événement, il sera pénalisé d’un départ depuis la pit-lane et recevra quatre points de pénalité.
Enfin, un pilote qui commet une quatrième offense au cours d’un même événement sera disqualifié pour la course.
Les pénalités pour rouler trop lentement sur la trajectoire de course, gêner un autre pilote ou pour conduite irresponsable seront toujours appliquées quels que soient les temps par secteur.
Et qu’en pensent les premiers concernés ?
Nous avons interrogé Jules Danilo qui se montre plutôt favorable à cette mesure: « Je pense que c’est pas mal… Je pense que les pilotes prendront beaucoup moins de risques. »
Crédit photo : MotoGP.com