L’ère Michelin s’achèvera fin 2026 après 11 ans comme fournisseur exclusif du MotoGP, marqués par des pneus performants mais souvent critiqués (grip, constance). Dès 2027, Pirelli prendra le relais, un changement officialisé récemment qui coïncide avec une refonte technique majeure : moteurs 850 cc, adieu au système de correction d’assiette, aero réduite. Si Dorna jubile, les pilotes, eux, froncent les sourcils. Réactions à chaud dans le paddock du Grand Prix d’Argentine …
L’annonce du remplacement de Michelin par Pirelli comme fournisseur exclusif de pneus en MotoGP à partir de la saison 2027 a suscité des réactions mitigées dans le paddock. Alors que certains voient cette transition comme une opportunité de renouveler la compétition, d’autres expriment des réserves, notamment en raison du timing complexe et des défis techniques que cela implique. Ce changement coïncide en effet avec l’introduction d’une nouvelle réglementation technique, qui verra les motos passer à des moteurs 850 cc, l’interdiction des dispositifs de correction d’assiette et une réduction drastique des accessoires aérodynamiques.
Pirelli, déjà fournisseur de pneus pour les catégories Moto2, Moto3, et les championnats juniors, ajoutera donc le MotoGP à son portefeuille en 2027. En parallèle, l’entreprise italienne continue de fournir la Formule 1 et maintient son engagement en Superbike. Un programme impressionnant, mais qui soulève des questions quant à la capacité de Pirelli à répondre aux exigences spécifiques du MotoGP.
Jack Miller, l’un des rares pilotes à avoir connu un changement de fournisseur de pneus en MotoGP (lors du passage de Bridgestone à Michelin en 2016), a exprimé ses doutes : « je suis un peu surpris que Pirelli investisse autant d’efforts. Cela représente beaucoup de courses mondiales. Il ne sera pas facile pour eux de comprendre ce qui se passe en MotoGP. »
Pedro Acosta, jeune talent du paddock, partage cet avis : « ils ont beaucoup d’expérience en Superbike, et cela aide dans les catégories plus petites comme le Moto2 et le Moto3, mais le MotoGP est un sport complètement différent à cet égard. »
Le passage à Pirelli intervient à un moment crucial pour le MotoGP, avec l’introduction d’une nouvelle réglementation technique en 2027. Francesco Bagnaia, double champion du monde, a souligné les défis que cela représente : « il va falloir développer motos et pneus en parallèle. Ce sera tout sauf simple ».
Marc Marquez sur l’arrivée de Pirelli : « je ne suis pas fan de ces changements, mais c’est une décision du MotoGP »
Marc Marquez, qui a vécu la transition vers Michelin en 2016, se montre également prudent : « je n’apprécie pas ces changements. Mais cela ne concerne pas spécifiquement Pirelli. Un tel changement implique toujours de nombreux ajustements de la part des fabricants sur les pneus et le style de pilotage. Lorsque Michelin a pris le relais, il y a eu beaucoup d’accidents étranges que nous, les pilotes, ne pouvions pas expliquer. C’est pourquoi je ne suis pas fan de ces changements, mais c’est une décision du MotoGP. »
Malgré les défis, certains pilotes voient dans ce changement une opportunité de rééquilibrer la compétition. Miguel Oliveira estime que le passage à Pirelli pourrait briser la domination actuelle de certaines équipes : « de tous les changements techniques possibles sur une moto, le changement de fournisseur de pneus est de loin le plus important. C’est celui qui représente un véritable changement de rapport de force pour tous. Peut-être qu’alors quelque chose changera dans la domination que nous connaissons actuellement et que nous nous rapprocherons tous un peu plus. »
La décision de confier l’ensemble des catégories MotoGP à un seul fournisseur de pneus vise à simplifier la progression des pilotes à travers les différentes classes. Michelin n’ayant pas souhaité s’engager dans cette voie, Pirelli a saisi l’opportunité. Cependant, ce changement représente un défi technique et logistique majeur, tant pour le manufacturier que pour les équipes.
Le passage à Pirelli en 2027 marque un tournant important pour le MotoGP. Alors que certains pilotes et équipes expriment des réserves quant à la complexité de cette transition, d’autres y voient une chance de renouveler la compétition et de rééquilibrer les forces en présence. Reste à voir comment Pirelli relèvera ce défi et comment les équipes s’adapteront à cette nouvelle ère. Une chose est sûre : le MotoGP entre dans une période de transformation majeure.