Depuis plusieurs mois, KTM travaille en coulisses pour révolutionner son approche financière en MotoGP. L’objectif ? Réduire sa dépendance au budget interne et attirer des investisseurs externes. Pit Beirer, directeur de la compétition chez KTM, a dévoilé cette stratégie ambitieuse, qui pourrait bien redéfinir l’avenir de l’équipe en Grand Prix. Mais cette transition est-elle réaliste, et surtout, à quel prix ?
Pit Beirer, ancien vice-champion du monde de motocross, a clairement exprimé sa vision : « nous ne sommes pas seulement ouverts aux sponsors, comme c’était le cas jusqu’à présent, mais aussi aux investisseurs. » L’idée est de réduire la charge financière sur le constructeur tout en maintenant une présence compétitive en MotoGP. « Si je peux réduire les budgets dont le constructeur a besoin pour gérer le MotoGP, alors cela a beaucoup de sens », explique-t-il.
Cette approche s’inspire directement du modèle de la Formule 1, où les équipes ont réussi à attirer des investisseurs et à générer des revenus substantiels grâce à des partenariats stratégiques. Pour KTM, l’objectif est clair : « le but pour le constructeur doit être de réduire l’investissement. » Mais comment y parvenir sans compromettre la performance ?
L’intérêt croissant des investisseurs pour le MotoGP n’est pas un hasard. L’offre de 4,2 milliards d’euros de Liberty Media pour acquérir le championnat a considérablement augmenté la valeur des équipes d’usine. « C’est toujours une question d’offre et de demande », souligne Beirer. « Dorna nous a ouvert cette voie à travers la négociation avec Liberty Media. Cela a donné lieu à beaucoup de réflexion dans le paddock, et des investisseurs nous ont également contactés. Cela a inauguré une nouvelle ère. »
Beirer se montre optimiste quant à l’arrivée d’un investisseur dès la première moitié de la saison 2025. « Un investisseur est différent d’un sponsor », précise-t-il. « Si vous avez des partenaires à la table qui vous donnent de l’argent pour un projet aussi formidable, alors ils s’impliquent. Cela devrait également être positif. » Cependant, il insiste sur le fait que KTM ne cherche pas à vendre son projet MotoGP, mais à trouver un partenaire solide pour soutenir financièrement l’équipe tout en apportant de nouvelles opportunités.
Pit Beirer : « notre objectif chez KTM n’est pas de vendre le projet MotoGP, mais d’obtenir un partenaire solide à bord »
La question centrale reste celle du contrôle. « Vous pouvez trouver un investisseur de 0 à 100%, puis vous devez décider quelle part vous souhaitez avoir par la suite », explique Beirer. L’objectif est de maintenir une influence stratégique tout en bénéficiant de l’expertise et des ressources d’un partenaire financier. « Notre objectif n’est pas de vendre le projet MotoGP, mais d’obtenir un partenaire solide à bord. »
Cette collaboration pourrait également aider KTM à augmenter ses revenus grâce au sponsoring et à optimiser la gestion financière de l’équipe : « il s’agit d’augmenter les revenus grâce au sponsoring et d’avoir à nos côtés un professionnel de la finance qui vous aide à organiser l’équipe dans une direction différente, afin d’arriver au point où vous n’avez plus besoin d’un budget interne pour un projet MotoGP. »
Tous les constructeurs MotoGP actuels ont un contrat avec Dorna jusqu’à fin 2026. La période suivante, qui débutera en 2027, verra également une révision des règlements techniques. « Cela s’est développé historiquement, les constructeurs MotoGP prolongent leurs contrats avec Dorna tous les cinq ans », explique sur Speedweek Beirer. « Avec le contrat de cinq ans, Dorna nous garantit une stabilité technique, de sorte que nous n’avons pas à changer complètement la moto tous les trois ans, etc. Ces cinq années ont un arrière-plan significatif. »
La question de la prolongation des contrats au-delà de 2026 reste ouverte. « Au cours de la dernière période, les premiers fabricants ont signé le contrat définitif un an à l’avance et les derniers ont signé trois mois avant la fin de la nouvelle année. Il se peut très bien que les contrats soient signés l’année dernière. »
KTM est à un tournant de son histoire en MotoGP. En cherchant à attirer des investisseurs, le constructeur autrichien espère non seulement alléger son budget interne, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives pour son équipe. Cependant, cette transition n’est pas sans risques. Trouver le bon équilibre entre contrôle et collaboration sera crucial pour garantir le succès de cette stratégie.
Si KTM parvient à concrétiser cette vision, cela pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour le MotoGP, où les équipes d’usine s’appuient davantage sur des partenariats externes pour financer leurs ambitions.