Franchement, je ne m’y attendais pas. Sur l’asphalte brûlant de Buriram, l’Australien s’est transcendé et repart de Thaïlande avec le statut de pilote n°1 chez Yamaha, du moins, au classement général. Jack Miller est assez imprévisible depuis ses débuts en MotoGP, pourtant, aucune manche n’aurait pu mieux illustrer le talent de ce pilote… et ses limites.
L’inattendu
Là où je ne voyais pas d’autre employé Yamaha finir devant Fabio Quartararo, quelle ne fut pas ma surprise de voir émerger Jack Miller ! La firme d’Iwata a connu un week-end assez terrible, et surtout, un Grand Prix catastrophique. L’Australien, très discret le vendredi, a fait l’un des meilleurs samedis de sa vie. Il est parvenu à sortir d’une Q1 empoisonnée par la présence de Bagnaia, Di Giannantonio, Binder et Vinales, puis, à se hisser en quatrième position sur la grille de départ, seulement derrière les trois fantastiques qui ont dominé le GP de bout en bout ! Quartararo se retrouvait relégué à trois dixièmes, sans autre forme de procès.

Une fois de plus, Pramac était devant l’écurie officielle. Photo : Michelin Motorsport
D’ailleurs, « El Diablo » s’est confié samedi soir sur la capacité de Miller à « débrancher le cerveau », ajoutant que c’est ce qui lui avait permis d’accrocher un si bon résultat en qualifications. « Jackass » oublia manifestement de vérifier le câblage au départ du Sprint, qu’il fut le premier à abandonner sur une chute. C’est du Miller tout craché, et ça ne s’arrête pas là.
Le dimanche, nouvelle chance de frapper. Après un bon départ, Miller a continué à régresser tout au long de la course, comme c’est le cas depuis qu’il a quitté Ducati fin 2022. Jack n’arrive pas à garder un niveau de performance constant sur quarante minutes et c’est bien dommage, en un sens. Il coupa le damier 11e, soit premier pilote Yamaha, alors que beaucoup – moi, y compris – l’imaginaient au dernier rang de la hiérarchie bleue.
🔥@jackmilleraus almost got top spot but JOB DONE! He's through to Q2!#ThaiGP 🇹🇭 pic.twitter.com/XkzdtLBW9E
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) March 1, 2025
Alors, oui, il est tombé en Sprint et a gâché une occasion de marquer de gros points. Mais je ne sais pas pourquoi, je ne lui en veux pas. Je trouve qu’il a eu raison de pousser et de se moquer des conséquences. Miller n’est pas là pour apporter de la régularité au projet Yamaha, mais de le développer dans le bon sens. D’accord, l’approche était peut-être un peu contradictoire. Mais quel pilote passionné, qui ne s’est plus retrouvé aussi haut sur une grille de départ depuis longtemps, ne pousserait pas juste pour voir ses limites ? Après tout, ce n’est que le premier Grand Prix de la saison. D’après moi, sa prestation en qualifications lui donnait le droit d’essayer.
Bis repetita
Cela veut-il dire qu’il faudra compter sur Jack Miller à partir de maintenant ? Je crains que non. Premièrement, il s’agissait de la course d’ouverture, tenue dans des conditions particulières. La chaleur a eu raison de certains, comme Quartararo, et a profité à d’autres, comme Ogura. En ce sens, les résultats sont peut-être moins significatifs que quand l’entame se dispute au Qatar ou au Portugal.

Il faut dire que Buriram réussit plutôt bien à Miller, depuis longtemps. Photo : Michelin Motorsport
Ensuite, et personne ne l’a mentionné, mais il avait fait une performance similaire pour ses débuts avec KTM ! Souvenez-vous, début 2023, sur les collines de Portimao. Miller avait terminé quatrième pour son premier Sprint en orange et septième le lendemain, le tout en s’élançant de la cinquième place. Cela ne l’avait pas empêché, après quelques belles courses, de stagner, puis régresser jusqu’à la fin de la campagne 2024.
Conclusion
Je suis très curieux de voir ce qu’il adviendra de Jack Miller ces prochaines semaines. Aucune honte à l’avouer : je faisais partie de ceux qui l’enterraient avant le début d’année, et j’ai été plus qu’amusé de la voir terminer quatrième pour sa première séance qualificative sur une moto en dessous de tout ce qu’il a pu rouler depuis 2017. Amusé, également, de le voir devant Quartararo, Rins et Oliveira, trois pilotes dont l’héritage en Grands Prix dépasse et dépassera largement celui de Miller.
Mon pronostic ne change pas pour autant, car je connais trop bien « Jackass ». Il n’a jamais fait preuve de régularité, et même s’il s’accommode à la YZR-M1, Quartararo devrait vite corriger le tir, d’autant que sa déconvenue le dimanche était apparemment liée à ses pneumatiques. Cela ne m’empêche pas de le féliciter chaleureusement, car l’espace de trois jours, il m’a bien fait taire.
Qu’avez-vous pensé de ce week-end incroyable – au premier sens du terme – de Jack Miller ? Dites-le-moi en commentaires !

Imaginez que Miller redevienne un des prétendants à la victoire… ça serait fou ! Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport