pub

Le monde du Superbike est secoué par une controverse technique qui met en lumière les tensions entre les constructeurs et les instances dirigeantes. Au cœur de cette affaire se trouve BMW, qui, après une saison 2024 dominatrice avec Toprak Razgatlioglu, se voit contrainte de revoir ses plans pour 2025. Le point de discorde ? Le châssis de la M1000RR, qui a fait les beaux jours de l’équipe allemande l’année dernière mais qui est aujourd’hui au centre d’une bataille réglementaire.

En 2024, BMW a écrasé la concurrence grâce à son pilote star, Toprak Razgatlioglu, qui a remporté 19 courses, dont 13 consécutives. Cette domination a été rendue possible grâce aux « super concessions » accordées par la FIM et Dorna, permettant à BMW d’utiliser un châssis prototype et des pièces moteur spéciales, différentes de celles de la version routière homologuée. Ces avantages ont été cruciaux pour adapter la moto aux exigences de la compétition et maximiser les performances.

À la fin de la saison, BMW a décidé d’intégrer ces composants « spéciaux » dans la nouvelle version de la M1000RR, obtenant ainsi une nouvelle homologation. L’idée était de permettre à l’équipe de continuer à utiliser ces pièces en 2025, même après la fin des super concessions. Cependant, cette manœuvre a été contestée par Ducati lors d’une réunion du MSMA (Motorcycle Sports Manufacturers’ Association).

Ducati conteste, Gregorio Lavilla tranche, BMW est furieux

Ducati a soulevé des objections, arguant que l’utilisation du châssis 2024 par BMW en 2025 irait à l’encontre de l’esprit de la réglementation. Gregorio Lavilla, directeur du championnat Superbike, a pris une décision unilatérale : BMW ne pourra pas utiliser le châssis 2024 en 2025, malgré son homologation sur la nouvelle version routière. Cette décision a provoqué la colère des dirigeants de BMW, qui ont porté plainte auprès de la FIM, accusant Lavilla de ne pas respecter les règles établies.

Pour BMW, cette situation est absurde. Le constructeur allemand souligne que le châssis en question est désormais homologué et disponible pour tous les clients. Interdire son utilisation en compétition reviendrait à remettre en cause le principe même de l’homologation, déjà fragilisé par le système des super concessions. « Il est absurde que Toprak ait pu courir avec un châssis prototype en 2024 grâce aux super concessions, mais ne puisse pas utiliser le même composant en 2025 alors qu’il est monté sur une moto homologuée », déplore un responsable de BMW.

Cette controverse soulève des questions fondamentales sur la nature du championnat Superbike. Est-ce toujours le « Championnat du monde des motos de série », ou est-il devenu un terrain de jeu où les règles sont modifiées en fonction des intérêts des uns et des autres ? La décision de Lavilla, bien que justifiée par des considérations techniques, semble arbitraire et pourrait créer un précédent dangereux selon Paolo Gozzi de Corsedimoto.

Lavilla a tenté de calmer le jeu en proposant un compromis : si BMW n’obtient pas de résultats satisfaisants lors des trois premières manches de 2025, elle pourra retrouver ses super concessions et utiliser le châssis de son choix à partir de la quatrième manche. Cependant, cette solution ne satisfait pas pleinement BMW, qui estime que ses droits ont été bafoués.

Face à cette polémique, tous les regards se tournent vers Toprak Razgatlioglu. Le champion turc, qui a dominé la saison 2024, sera-t-il capable de reproduire ses performances avec une moto moins avantageuse ? Le châssis 2024 avait été conçu pour optimiser la stabilité et le freinage, deux points forts de Toprak. Mais même avec le châssis 2023, moins performant, Razgatlioglu reste un pilote de talent, capable de rivaliser avec les meilleurs.

Si Toprak continue à gagner, la controverse autour du châssis s’effacera naturellement. Mais si les résultats ne sont pas au rendez-vous, la pression sur BMW et les instances dirigeantes ne fera que s’intensifier. Dans un championnat où la moindre innovation technique peut faire la différence, cette affaire rappelle que le Superbike est avant tout un sport de haute technologie, où les règles du jeu sont parfois aussi complexes que les motos elles-mêmes.

En attendant, les fans de Superbike retiennent leur souffle, espérant que cette polémique ne viendra pas gâcher le spectacle promis par une saison 2025 qui s’annonce déjà riche en rebondissements.

BMW

Tous les articles sur les Pilotes : Toprak Razgatlioglu

Tous les articles sur les Teams : BMW WSBK