A l’heure où le MotoGP entend prendre encore plus d’ampleur en ouvrant ses bras à Liberty Media, quelques nuages, certains inquiétants et d’autres ténus, ont fait leur apparition dans le ciel ensoleillé des Grands Prix, mais Éric de Seynes, qui a toujours l’oreille attentive du board de Yamaha, a bien voulu s’exprimer sur les efforts entrepris par la firme aux trois diapasons ces derniers temps…
Parmi les ombres au tableau du MotoGP vient évidemment en premier lieu la situation financière du groupe Pierer Mobility AG qui alimente de plus en plus fréquemment de manière négative les actualités économiques. Mais les départs du directeur technique Romano Albesiano et des pilotes Aleix Espargaro et Maverick Vinales de l’équipe Aprilia Racing interrogent également, tout comme les performances décevantes des deux constructeurs historiques que sont Honda et Yamaha ne peuvent nous faire oublier la regrettable décision précipitée du troisième constructeur japonais impliqué en MotoGP, Suzuki, fin 2022 pour des raisons économiques…
Si la solution idéale de 6 fois 4 motos ne sera sans doute pas atteinte dans un futur proche, il ne ferait pas bon descendre à 4 constructeurs, dont 2 pour le moment moins compétitifs techniquement malgré les concessions accordées !
C’est dans ce contexte que nous avons pu interroger Éric de Seynes dans le paddock du Grand Prix de Barcelone, afin de nous assurer de la continuité dans le temps des nombreux et importants efforts entrepris ces derniers temps par Yamaha en MotoGP, que ce soit par l’adjonction d’un team satellite, la fidélisation de Fabio Quartararo, la mise en chantier d’un moteur V4, les contrats passés avec la famille Marmorini pour les moteurs ou ceux conclus avec Dallara pour l’aérodynamisme.
Éric de Seynes, en cette fin d’année, on prend conscience d’un certain flottement économique chez KTM, et chez Aprilia les nombreux départs engendrent également des points d’interrogation. On sait aussi que les constructeurs japonais ont souffert techniquement ces derniers temps, mais remontent peu à peu. A l’heure où aucun engagement n’est encore signé pour la période 2027-2032, est-ce qu’on peut être assuré sur leur implication en MotoGP dans les années à venir ?
Éric de Seynes :
« Moi je n’ai pas à commenter les concurrents, mais en ce qui
nous concerne, en tout cas, je pense qu’on n’a pas eu peut-être la
même agressivité d’investissement que d’autres au cours des
dernières années, et notamment dans la période du COVID qui donnait
un peu un éclairage artificiel de ce que pouvait être le potentiel
des marchés, que ça soit du vélo électrique jusqu’à la moto dans
son ensemble. Et les Japonais, dans leur ensemble ont été plutôt
raisonnables dans cette période-là. Donc on va dire que nous sommes
aujourd’hui dans un développement et une poursuite de nos
investissements qui restent consistants, mais qui ne restent pas
impactés par les événements récents qu’il y a pu avoir auprès de
certains autres.
Donc non, Yamaha est focus, on l’a dit maintes fois, et ça commence
à se voir un peu, et ça va se voir de manière consistante au cours
des saisons qui viennent. On a pris la décision honnête et sincère
d’investir, de continuer à poursuivre notre investissement,
notamment dans le MotoGP, et d’accepter les évolutions
technologiques qui se sont accélérées au cours des dernières
saisons et qui nous ont malmenés, que ça soit sur le plan aéro, que
ça soit sur le plan électronique, que ça soit sur le plan
châssis.
Donc aujourd’hui, on travaille dans tous
les aspects de la moto, aéro, châssis, moteur, électronique. c’est
un plan lourd, ambitieux, parce que même si on peut se dire c’est 3
ou 4 dixièmes au tour, ces 4/10 ils valent très cher, ils ne
viennent pas tout seuls, il faut aller les chercher ! En tout cas,
Yamaha a l’ambition de répondre à la situation dans laquelle nous
étions. Alors après, ça ne veut pas dire qu’on va tout gagner
demain, mais en tout cas, pour revenir à ta question, le
cheminement il est là, l’intention elle est là, et il n’y a pas de
projet de réduire cet effort. »