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Martin MotoGP

À moins d’un miracle, Pecco Bagnaia ne pourra pas remporter le titre. Je n’y crois pas une seconde, ça serait tout simplement inédit à l’ère moderne. Et en plus, contrairement à Valentino Rossi en 2006 ou Jorge Lorenzo en 2013, Martin a deux courses pour tuer le match et devenir champion du monde MotoGP. À Sepang, il a encore enfoncé le clou avec une magnifique prestation, sans aucun doute l’une de ses plus matures. Le spectacle qu’il nous a offert mérite d’être analysé.

 

Sans peur et sans reproche

 

D’accord, Martin a perdu le Grand Prix, et d’assez loin. Plus de trois seconde le séparaient du vainqueur Pecco Bagnaia, mais pour autant, c’est bien l’Espagnol qui a fait le meilleur week-end. C’est bien l’Espagnol qui a parfaitement mesuré son engagement, a su prendre des risques, mais sans agir de manière vulgaire à l’encontre de l’histoire. Il n’a pas insulté le sport en se battant ardemment dans les premiers tours, et je pense, personnellement, que c’était la meilleure chose à faire.

 

Martin MotoGP

Un pilote flamboyant, comme Bagnaia. Photo : Michelin Motorsport

 

Se contenter d’une deuxième place facile – on peut le dire au vu de l’écart entre eux deux et le reste – aurait parfaitement pu le lancer sur un faux rythme, instiller de la peur, car c’est, de fait, un aveu de faiblesse que de renoncer à la possibilité de gagner. En montrant les crocs dès les premiers virages, il s’est mis en condition, s’est habillé de la cape de champion du monde. La concentration maximale requise l’a aidé. Beaucoup étaient surpris de le voir si incisif à un tel moment de la saison, mais cette absence de réflexion est ce qui caractérise principalement cette nouvelle génération. Bagnaia comme Martin ne calculent rien.

Cependant, lorsqu’il a vu que Pecco était bien plus rapide, il a su le laisser partir, mais parce que je pense réellement qu’il n’y pouvait rien. Je me trompe peut-être, mais je suis prêt à parier que si l’Italien avait réellement eu des problèmes de rythme aux deux-tiers de la course, le « Martinator » aurait tenté d’aller chercher une victoire à l’arrachée qui ne changeait rien à l’issue du championnat, puisqu’un Bagnaia deuxième était synonyme de finale à Barcelone malgré tout. Remercions les d’être comme ça, de ne pas se soucier des normes qui s’appliquent à tous les autres sports mécaniques.

 

 

Martin n’était pas le plus fort, et pourtant, il ressort gagnant de ce rendez-vous. Son Sprint parfaitement géré montre qu’il n’a aucun problème à soutenir la pression, tout comme sa séance de qualification. D’ailleurs, évoquons maintenant l’aspect mental car il a beaucoup progressé en peu de temps.

 

Changement d’ambiance

 

Après l’Indonésie, et a fortiori après le Japon, je critiquais son langage corporel, assez incohérent avec ses résultats. Une semaine plus tard – et non sans avoir subi des attaques plus que véhémentes de certains lecteurs –, il avouait avoir eu beaucoup de mal avec l’aspect psychologique lors de sa course au titre en 2023, ce que j’avais déjà remarqué à l’époque, quand tout le monde se focalisait sur les pseudo-craquages de Bagnaia.

 

Martin MotoGP

Le respect qu’il y a les deux impose le respect. Même si je persiste à dire que c’est au détriment du spectacle, on ne peut pas les forcer à se détester. Photo : Michelin Motorsport

 

Depuis cette sortie médiatique, Martin n’est plus le même. Peut-être que le fait d’en parler a ajouté de la confiance à la confiance, c’est parfois le cas. Mais regardez juste son attitude à la fin du Sprint, ce qui s’apparente au moment où il gagne le championnat, après coup. Ses mots, aussi dirigés vers Valence, étaient clairs : « Il n’y a rien à célébrer aujourd’hui. J’ai fait du bon travail mais ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini ». Idem après le Grand Prix : pas de célébrations exacerbées, pas d’excitation inutile. Juste, du respect pour l’adversaire, une lourde pensée pour Valence, et déjà, le voilà tourné vers la finale du championnat. C’est un tempérament de champion, ni plus, ni moins. Cela se vérifie largement à l’échelle de l’histoire, car c’est la mentalité des grands vainqueurs – davantage perceptible aux États-Unis, pays qui a deux temps d’avance sur l’Europe quant à la question du langage corporel et de l’étude de l’aspect psychologique en sport.

C’est comme si Martin avait pris deux ans de maturité en trois semaines. Ce n’est peut-être pas le plus fort cette saison (nous aurons l’occasion de reparler de ça car je vous vois déjà venir). Mais en tout cas, il fera un très beau champion, c’est bien celui qui mérite la couronne en 2024. Tout cela n’est que mon avis, bien sûr, libre à vous de penser le contraire. J’espère que ceux qui étudierons l’histoire du MotoGP dans le futur ne confondrons pas sa saison avec celle de Mir en 2020, car Martin est très loin de tenir une épicerie.

Rendez-vous à Barcelone pour célébrer un titre qu’il ne peut plus perdre.

Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de Martin sur ce week-end ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Visage fermé, concentré, même après une excellente prestation. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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