Nouveau week-end de course, nouvelle performance XXL de Fabio Di Giannantonio en MotoGP. Nous ne l’avons pas beaucoup vu à l’écran, certes, mais cela n’a pas empêché l’Italien de livrer ce qui était peut-être sa meilleure prestation de l’année. Malheureusement, le Grand Prix de Thaïlande à venir est le dernier durant lequel nous pourrons l’admirer en 2024. Espérons simplement qu’il revienne plus fort en 2025, car il s’agit d’un pilote hors du commun. Analyse d’une performance remarquable.
Remontada
« Diggia », touché à l’épaule depuis le GP d’Autriche, souffre. Il souffre tellement qu’à Phillip Island, circuit de pilotage par excellence, il ne pouvait pas se blottir derrière sa bulle pour réduire la prise au vent en ligne droite. Impossible d’être à l’aise, et pourtant, l’Italien a rayonné. Nous savions qu’il aimait bien ce circuit, car c’est ici qu’il a pris son premier podium en MotoGP. Mais personne ne le voyait faire deux remontées pareilles, surtout après une séance de qualification aussi compliquée.
Directement qualifié en Q2, il ne s’élançait que 12e, soit dernier de sa séance, classé à trois secondes de Jorge Martin. Marco Bezzecchi, son coéquipier, était quatrième. Pourtant, sur les deux courses, il n’y a pas eu match entre les deux, notamment à cause des erreurs du « Bez ». Lors du Sprint, d’abord, où « Diggia », contre sa douleur, est parvenu à terminer cinquième. Par la suite, il fut relégué septième pour pressions de pneu non conformes, ce qui aurait pu lui ruiner le moral. Mais il fit encore mieux le dimanche sur une distance deux fois plus longue. C’est remarquable.
Lors du Grand Prix, Di Giannantonio volait, devant Enea Bastianini, qui roule pourtant d’une version plus avancée de la Desmosedici. Quatrième à l’arrivée, il a été chaleureusement acclamé par son équipe, qui peut se satisfaire d’avoir signé cette pépite dans les derniers instants de la saison 2023. Cette quatrième place, soit son meilleur résultat cette saison – il avait déjà terminé à ce rang le dimanche aux Pays-Bas, mais n’avait jamais fait mieux – est aussi belle que triste.
Triste, car il n’aura plus qu’une seule course cette saison pour prouver qu’il peut faire encore mieux, et avec le profil du circuit de Buriram, qui tourne à droite cette fois, son épaule touchée pourrait lui faire défaut. Sans même parler de la chaleur, un paramètre qui ne fait qu’aggraver sa fatigue physique. L’année passée, il avait été plutôt décevant en Thaïlande, donc je n’attends pas un exploit similaire compte tenu du contexte qui lui est entièrement défavorable.
Lots of overtakes and a P4 finish! Bravo Diggia! 💪🐺@FabioDiggia49 @MotoGP #AustralianGP #PertaminaEnduroVR46RacingTeam #MotoGP #Diggia49 #VR46 pic.twitter.com/CJ6TjmZB28
— Pertamina Enduro VR46 Racing Team (@VR46RacingTeam) October 20, 2024
Une décision risquée ?
Di Giannantonio s’est fait trahir par son corps. Il tentait désespérément de repousser l’opération de son épaule gauche, mais finalement, l’Italien ne peut y couper. Mine de rien, c’est une décision assez osée, qui ressemble davantage à un compromis. Voici pourquoi.
Premièrement, car il va rater les deux derniers Grands Prix de la saison, ça, c’est une certitude et ce n’est pas très grave, mais aussi, sans doute, les essais de Valence qui suivent. Ceux-ci ne sont pas primordiaux mais aident à prendre la mesure de l’année suivante. Il aurait pu, par exemple, y tester la Desmosedici GP24, en attendant la GP25 pour réduire la taille de la marche qui séparera sa vieille GP23 de la Ducati millésime 2025.
Deuxièmement, car certains pilotes se remettent mal de leurs opérations. En médecine, rien n’est jamais acquis. Il y a une part de chance dans la convalescence, malheureusement. Depuis ses débuts fin 2015, Di Giannantonio n’a jamais raté une seule course, donc il est difficile de prévoir comment son corps réagira à cette période difficile mentalement comme physiquement. De nos jours, le progrès assure un rétablissement complet dans la majeure partie des cas, bien sûr, mais quelques exemples montrent qu’il est parfois difficile de se remettre rapidement.
C’était le bon choix
Mais si l’on tient compte du contexte, c’était le bon choix, assurément. Déjà, car c’était le sien. Et ensuite, car il ne joue rien cette saison, ce qui pourrait bien ne pas être le cas en 2025. Il sera doté, possiblement, de la meilleure machine du plateau, et sera même le seul pilote satellite à bénéficier d’une moto aussi performante. Je ne vois pas pourquoi « Diggia » ne pourrait pas jouer la victoire à de multiples reprises, mais nous aurons tout le loisir d’en reparler ultérieurement.
Dès lors, il ne peut pas prendre le risque de souffrir sur deux circuits qui demandent beaucoup physiquement – Buriram et Sepang, pour, au final, faire quatrième au mieux. Il est préférable de se présenter à 100 % au début de l’exercice prochain, car celui-ci pourrait faire passer sa carrière dans une toute autre dimension, si la Ducati se révèle être dominante. À vrai dire, je peine toujours à comprendre pourquoi il n’a pas arrêté de courir bien plus tôt, avant l’Australie par exemple. Ça m’avait déjà fait ça avec Marc Marquez durant la saison 2022, quand il avait pris le risque de participer au Grand Prix d’Italie en sachant qu’il allait devoir s’absenter par la suite. Je ne suis pas spécialiste, mais cela ne serait-il pas accroître ses chances d’aggraver sa blessure, pour un bénéfice quasi nul ? Peut-être y a-t-il des enjeux économiques, ou, plus simplement, des clauses de contrat. Si quelqu’un peut m’éclairer sur ce sujet, je suis preneur.
Quoi qu’il en soit, cette décision de Fabio Di Giannantonio est cruciale, car elle signifie qu’il pense déjà à 2025, qu’il a conscience de la gravité de cette échéance. Il a d’ailleurs confirmé cette théorie à Phillip Island. Clairement, il sera à surveiller.
Que pensez-vous de sa décision ? Aurait-il dû la prendre plus tôt ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport