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Bagnaia MotoGP

Après chaque week-end de course, vient l’article qui correspond à la situation au championnat. Cette fois, c’est clair et net : Pecco Bagnaia doit répondre à Jorge Martin dès le Grand Prix MotoGP de Thaïlande, c’est une nécessité. Vingt points les séparent alors qu’il n’y a plus que trois courses à disputer, la situation est quasi-critique. Phillip Island laissera des traces.

 

Bagnaia décevant

 

Vous savez que j’admire le pilote qu’est Pecco Bagnaia, comme l’homme d’ailleurs, très pur dans son approche de la course. À de nombreuses reprises, j’ai défendu la flamboyance de Bagnaia, souvent dans la même dimension que celle de Jorge Martin. Depuis le début de saison, je maintiens effectivement que les deux pilotes sont en réalité très proches l’un de l’autre, au moins dans la manière de considérer la course. Leurs points forts, au guidon, sont les mêmes. Mais alors que je m’attendais à un push de Pecco Bagnaia sur les dernières manches, son Grand Prix d’Australie était assez décevant, dans l’ensemble.

 

Bagnaia MotoGP

L’entente est toujours cordiale, malheureusement. Photo : Michelin Motorsport

 

D’abord, en qualifications. Bien sûr, il peut toujours y avoir des problèmes, des drapeaux jaunes, et quelques instants peuvent ruiner une Q2. On peut toujours trouver du contexte pour expliquer la contre-performance d’un pilote. Mais là, il y avait plus d’une seconde d’écart sur la ligne par rapport à Martin. C’est rare à ce niveau, et surtout à ce moment de la saison pour Bagnaia.

Car c’est ce pourquoi j’ai été déçu de son week-end. C’est la troisième fois en trois ans que Pecco est contraint de se tuer à la tâche, en gros. Face à Fabio Quartararo en 2022, il avait été brillant sur la fin d’année, tout comme face à Jorge Martin en 2023 bien que celui-ci représentait un danger moins important que cette saison. Dos au mur, il était l’homme à abattre, capable de revenir de la 13e place pour aller s’imposer en Indonésie, ou de la 6e pour écraser le Grand Prix de Malaisie. Là, il s’élançait 5e, ce qui n’est pas mal au vu de l’écart qui le séparait de Martin en qualifs’, et bien sûr, Pecco est revenu devant.

Mais jamais il n’a été dans la même catégorie que Jorge Martin et Marc Marquez. Martin, explosif au possible, a livré une prestation XXL en Sprint. C’est rare de s’échapper aussi facilement sur un circuit comme Phillip Island, où les bagarres sont légion. Bagnaia, quatrième seulement, était une chicane pour un Marquez en feu, rien de plus. Lors de la course, sa meilleure mine n’était qu’illusoire, j’en ai bien peur. Il n’a pas effrayé Martin et encore moins Marquez, et finit la course dix secondes derrière le vainqueur. Vous avez bien lu.

 

 

Alors, les résultats, d’un point de vue comptable, ne sont pas si mauvais : il repart d’Australie avec 22 unités sans chuter. On pourrait dire qu’il a récolté le plus de points possibles, ce qui est vrai. Il n’aurait pas pu faire beaucoup mieux. Mais c’est là tout le problème, ça ne suffit pas. Et ça ne suffira pas en Thaïlande, car Jorge Martin est tout aussi rapide – si ce n’est plus – à Buriram.

 

Est-ce que c’est fini ?

 

Honnêtement, ce n’est pas loin. J’aimerais un retournement de situation pour un finish serré à Valence, mais si Martin continue sur cette lancée, sa solidité ne lui fera pas perdre vingt points d’avance en trois courses, Sprints compris. J’avais dit, avant la tournée outre-mer, que Bagnaia ne devait pas compter sur des chutes de son rival ; juste, faire mieux que lui, tout le temps. Mais là, mathématiquement, cela voudrait dire qu’il devrait terminer chaque course devant Martin, si l’on prend en compte la moyenne de ses positions tout au long de l’année. Ou, espérer une erreur. Et à l’échelle de l’histoire, quand on en est à attendre la chute d’un adversaire pour gagner le titre, ça ne sent pas bon.

En plus, Martin a piloté merveilleusement bien à Phillip Island, un circuit qui lui laissait pourtant un goût amer après la désillusion de 2023. Il a roulé comme quelqu’un qui avait vingt points de retard, et Bagnaia comme quelqu’un qui avait vingt points d’avance. Vous voyez tout le problème. En revanche, je pense que contrairement à ce qu’il affirmait après la course, il n’aurait pas pu battre ce Marc Marquez même s’il ne jouait rien du tout. Il a tenté, il a osé, et je trouve cela très honorable.

 

Bagnaia MotoGP

Les deux-là pourraient être les animateurs de cette fin d’année. Photo : Michelin Motorsport

 

Du boulot en perspective

 

En Thaïlande, un plus grand défi attend Bagnaia. On ne peut rien prédire, mais je ne vois pas Martin ralentir. Il faudra que l’Italien gagne, qu’il s’impose, qu’il envoie un signal pour affirmer qu’il est le champion. Il est grand temps de s’affirmer. C’est ces moments-là qui font d’un homme un grand, du genre de ceux qu’on retrouve dans les livres d’histoire. Pecco doit la jouer très intelligemment, car toute chute annihilerait ses chances. Il n’a pas assez de retard pour tenter le tout pour le tout, mais doit absolument reprendre des points à Martin.

L’année passée, le « Martinator » avait réalisé l’une de ses meilleures prestations en carrière à Buriram, même si Bagnaia ne s’était pas laissé faire. Cette fois, il faut inverser la vapeur. Il a encore des motifs d’espoir, bien entendu. Phillip Island est un circuit qui ne reflète pas la vraie dynamique du moment ; il est fréquent d’y célébrer des vainqueurs surprise, sans qu’on puisse trop expliquer leur performance. Buriram, Sepang et le Ricardo Tormo sont des tracés plus représentatifs, un peu comme ceux qu’il a l’habitude de dompter – Assen, Spielberg, Catalunya…

Tout repose sur ses épaules. C’est à lui d’aller chercher ce titre, Jorge Martin ne peut plus le perdre, sauf énorme erreur, bien sûr.

Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez. Dites-le moi en commentaires !

 

Martin est le grand vainqueur de ce Grand Prix. Il ne peut presque plus perdre ce titre. Photo : MotoGP

 

Photo : Michelin Motorsport

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