Parlons MotoGP : Yamaha est peut-être sur la bonne voie…

Les résultats de Yamaha sont loin des attentes ces derniers temps, c’est une certitude. La firme d’Iwata se dirige tout bonnement vers la plus mauvaise saison de son histoire ; c’est ce que l’on disait déjà l’année dernière à cette même période, sauf qu’elle comptabilisait un podium en Grand Prix et un en Sprint. En 2024, Fabio Quartararo n’a jamais fait mieux que septième. Et pourtant, une rumeur montre que Yamaha pourrait être sur la bonne voie, ce qui vient corroborer la décision d’aligner quatre machines en MotoGP l’année prochaine.

Depuis quelques semaines maintenant, un bruit court dans le paddock : Augusto Fernandez pourrait être le prochain pilote de développement de la firme aux diapasons, à défaut d’avoir trouvé un guidon en tant que titulaire pour 2025. Questionné sur cette rumeur, l’Espagnol a, de mon point de vue, avoué à demi-mot, précisant qu’il serait sur une MotoGP, oui, mais pas au sens qu’on l’entend habituellement. Cela serait une bonne décision et je vais tenter de vous expliquer pourquoi.

 

Sous-coté

 

Les lecteurs assidus de cette rubrique savent à quel point j’admire Augusto Fernandez, et ce depuis 2019. Lors de sa saison Moto2 en 2022, qui s’était d’ailleurs achevée sur un titre mondial, il avait été très impressionnant, tout comme lors de son accession en MotoGP. Mais depuis la mi-saison 2023, force est de constater qu’Augusto est nulle part. Sur cet exercice 2024, il est à des années-lumière de Pedro Acosta, même si je tiens à surligner sa proximité avec Jack Miller au classement. Le package KTM n’a pas l’air si facile à travailler et même Brad Binder, le fer de lance, a connu quelques ennuis. Il faut donc relativiser jusqu’à un certain point, bien entendu.

 

 

Selon moi, il reste sous-coté, et mérite d’avoir une autre chance en MotoGP. C’est ce que je disais dans une analyse récente à son sujet, que je vous invite à lire en cliquant ici. Ainsi, le rôle de pilote d’essai Yamaha lui irait bien.

 

Une place intéressante

 

Avant de parler du point de vue de Yamaha, mettons-nous à la place d’Augusto Fernandez. On est en droit de penser que c’est dommage, qu’un pilote si jeune ne devrait pas assurer ce rôle habituellement réservé aux retraités. En réalité, ça pourrait tourner à son avantage.

Au Red Bull Ring, Stefan Bradl testait des nouvelles pièces pour Honda, comme c’est souvent le cas. Dans d’intrigantes interviews, il a bien précisé son rôle et marquait une différence avec celui de Pol Espargaro et Dani Pedrosa, chez KTM. Ces derniers n’essayaient pas simplement, mais mettaient à l’épreuve des solutions éprouvées durant de longs tests. Ceci explique leur niveau de performance toujours surprenant.

Maintenant, imaginez que Yamaha gagne en performance grâce à sa fameuse – quoi qu’illusoire – puissance financière, aidée par une autre paire de YZR-M1 laissées à Pramac Racing. Augusto Fernandez pourrait endosser ce rôle de performer parmi les pilotes d’essai. Et si la dynamique de développement est bonne, alors il aura, comme Pol Espargaro et Pedrosa l’an dernier, un matériel novateur, sans doute aussi voire plus performant que celui confié aux officiels. Cela pourrait le mettre en valeur pour revenir, pourquoi pas, en MotoGP à plein temps ultérieurement, car j’imagine que c’est toujours son objectif. Ça paraît gros, mais regardez Dani Pedrosa, chaque fois qu’il monte sur la KTM RC16 en week-end de course. Tout le monde le félicite, et s’il n’était pas si vieux, je suis prêt à parier que des équipes miseraient sur lui en se basant uniquement sur ses prouesses ponctuelles. Pourtant, on a bien vu, en 2018, qu’il ne rivalisait plus avec les meilleurs. Mais grâce à une fatigue moindre, un temps de roulage concentré plus conséquent et un matériel plus performant, il est en capacité de s’illustrer, exactement comme Pol Espargaro (dans une moindre mesure) en Autriche la semaine passée.

 

 

Dans le cas de Fernandez, cela jouerait en sa faveur, car a contrario d’Espargaro et de Pedrosa, ses exploits en Moto2 sont encore frais. Il a une carte à jouer.

 

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

 

Autre raison qui me pousse à penser que cela pourrait lui être bénéfique : la probabilité d’effectuer des remplacements. L’année prochaine, Yamaha composera avec au moins deux pilotes fréquemment blessés. Je parle bien évidemment d’Alex Rins, pilote d’usine, et de Miguel Oliveira, apparemment futur employé Pramac Racing. Rien qu’avec ces deux acteurs du championnat du monde, il y aura des occasions de se montrer, j’en suis sûr et certain.

 

 

Un coup intelligent

 

Qu’est ce que Yamaha y gagnerait ? Inutile de revenir sur le palmarès fourni d’Augusto Fernandez, déjà largement évoqué au cours de différentes analyses. Et puis, ça ne reste que théorique. Dans les faits, Yamaha engagerait un pilote qui connaît les MotoGP récentes, qui est capable de donner son ressenti en le comparant directement à ce qu’il se faisait chez KTM lors des deux années qu’il aura passé là-bas.

Au-delà de cet aspect un peu évasif, je vous l’accorde, Yamaha embaucherait un remplaçant de luxe, bien meilleur, à mon sens, qu’un Remy Gardner. Rien à voir non plus avec Andrea Dovizioso ou Cal Crutchlow, qui sont d’une autre époque à l’échelle du temps en MotoGP. Leur avis peut être intéressant car ils ont de l’expérience, mais toute équipe qui désirerait progresser ne devrait pas faire appel à eux pour des piges.

C’est justement ce qui pourrait poser problème à Augusto Fernandez. Il n’aura que 27 ans en 2025, sans jamais avoir piloté d’autre machine que la KTM en MotoGP et seulement pour deux saisons, jamais dans l’équipe officielle – soit celle qui mène le développement d’une marque. Ainsi, son bagage est plus que limité, mais si Yamaha s’intéresse à ce profil, ce n’est certainement pas pour lui reprocher son manque d’expérience. Ce paramètre est connu, et c’est pour cette raison qu’il serait utilisé différemment.

Que pensez-vous de cette manœuvre, qui, à l’heure où ces lignes sont écrites, ne devrait plus tarder à être officielle ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : GasGas Tech3