Dans une semaine, ce sera la rentrée du MotoGP en Autriche sur un Red Bull Ring qui, au vu des derniers tests, devrait donner des ailes aux Ducati. Reste que les Desmosedici seront castrées de leurs ailerons à la fin de cette année, une décision prise au terme d’une réunion de l’association des constructeurs à Assen. Un épilogue qui a du mal à passer chez les rouges.
La messe a été dite dans la cathédrale d’Assen pour les ailerons en MotoGP. Au départ, cette interdiction prononcée a semblé passer comme une affaire entendue. Mais depuis, certains sont passés au confessionnal, révélant des schismes. Chez Aprilia, le patron du sport Romano Albesiano est monté au créneau en regrettant clairement ce bannissement motivé par des arguments spécieux sur la sécurité. C’est à présent la première victime Ducati de donner le change avec Paolo Ciabatti qui n’est pas allé par quatre chemins sur crash.net dans son analyse de la situation. Clairement, l’interdiction des ailerons a été une manœuvre des constructeurs Japonais avec, à leur tête, Honda.
Le linge sale aura donc du mal à présent à se laver en famille. Entre les constructeurs européens et leurs homologues japonais, les sourires sont de façade. Ducati a beau aligner pas moins de huit Desmosedici sur la grille de départ, son poids politique ne vaut pas celui de Honda. L’autre européen s’appelle Aprilia et en 2017 il y aura KTM. En face ce sont Honda, Yamaha et Suzuki qui avancent sous la bannière de l’empire du soleil levant.
Officiellement, la FIM a posé des questions sur les ailerons, le MSMA rassemblant les constructeurs a répondu et la Dorna a tranché en prononçant l’interdiction. Sous le manteau, Honda été à la manœuvre de bout en bout. De quoi excéder Paolo Ciabatti : « en 2017, nous aurons une moto sans ailerons. Cette décision est à la fois mauvaise et injuste. Mauvaise car avoir des motos avec des ailerons donnaient du cachet au championnat qui représente des machines prototypes. Elles doivent par leur vocation se démarquer des motos de série et de celles du Superbike. Le MotoGP est le pinacle du sport-moto et c’était bon pour l’image du MotoGP ».
« C’est aussi une décision injuste. Il n’y a absolument aucune raison d’interdire les ailerons. Certains pilotes ont commencé à se plaindre mais concrètement, il n’y a jamais eu d’incidents. Quelqu’un a-t-il été blessé par les ailerons ? Non. Quelqu’un a-t-il eu des dommages causés par un aileron cassé sur la piste ? Non. Alors l’argument de la sécurité est une fausse excuse avancée par certains constructeurs pour annihiler un avantage de la concurrence. On a travaillé sur ses ailerons, on a dépensé du temps et de l’argent sur eux dans le total respect du règlement. On s’est d’abord moqué de nous puis tout le monde y est venu ».
Ciabbati ensuite, se lâche : « nous avons fait des études auprès de centres en traumatologie, les ailerons n’ont tien de dangereux. Ils ne sont pas en métal mais faits d’un mélange carbone-polystyrène. Ils pèsent 100 grammes. Cet argument sur la sécurité est un fantasme. Moi je raisonne sur des faits, et aucun n’a été produit dans cette affaire ». Par contre, côté faits, Ciabatti raconte les coulisses de la décision : « nous étions prêts à arriver à un compromis sur les ailerons et notamment sur leur angle. Nous étions jeudi ». Une version qui rejoint celle d’Aprilia. « Puis le lendemain alors que rien ne s’était passé en 24h00, toute discussion est devenue impossible. L’affaire était devenue simplement politique et les constructeurs Japonais étaient à la manœuvre. Le rôle du MSMA est de s’accorder sur des règles qui vont dans le sens de tous les constructeurs et non pas obéir à un constructeur qui a une position dominante ».
Il poursuit : « pour le moment il y a trois constructeurs Japonais et deux Européens au MSMA. Cette majorité pense plus à ses propres intérêts qu’à celui du sport en général. Ils ne respectent pas le travail effectué par l’un d’eux et le fait d’avoir du retard sur lui ». Et pour être plus précis sur sa cible, l’Italien parle de la réduction des coûts que la disparition des ailerons pourrait permettre : « nous irons quand même dans les souffleries pour retrouver ce que nous allons perdre avec les ailerons. Chez Ducati, on n’a pas dépensé plus en soufflerie que les autres années du fait des ailerons. Et puis question budget, la question n’a pas été posée lorsque Honda est arrivé avec la transmission seamless. L’avantage était d’un dixième de seconde. Cette technique est extrêmement coûteuse. Tout le monde a beaucoup dépensé pour se mettre au niveau. Honda a été malin et cette transmission hors de prix a été adoptée par tous. Mais que l’on ne me raconte pas des chimères sur la sécurité, car en la circonstance, c’est vraiment de la mauvaise foi caractérisée ». Voilà qui va alimenter encore un peu plus l’idée que c’est Honda qui fait les règlements en Grand Prix.