Pour la deuxième fois de l’année en dix courses, ni Pecco Bagnaia, ni Jorge Martin ne se sont imposés en MotoGP lors d’un Grand Prix dominical. Finalement, la vraie surprise, c’est que la victoire d’Enea Bastianini soit surprenante, car elle ne va pas à l’encontre de la logique sportive même s’il était en retrait sur ce début d’exercice. Retour sur son week-end de folie et ses conséquences.
Flawless victory
Inutile de s’épancher sur son pilotage tant il était parfait. Très bien qualifié à la troisième place, il s’est encore fait avoir au départ des deux épreuves mais a parfaitement rebondi par la suite. On aurait dit que sa position de départ, cette fois, n’importait pas. Clairement, il avait compris quelque chose, peut-être en rapport avec l’utilisation des pneumatiques, qui a posé beaucoup de problèmes à ses concurrents.
Il a enchaîné les dépassements intelligents, n’a jamais tremblé. « Bestia » s’est maintenu en 1’59 tout du long le dimanche, un ton au-dessus de Jorge Martin et Pecco Bagnaia. Il n’y a rien à redire, c’était une démonstration de force.
Une victoire qui n’avait rien de Bastianini
Était-ce sa plus belle en MotoGP ? La plus dominante, assurément. L’année dernière, il était monté sur la plus haute marche du podium en Malaisie, mais n’avait pas remporté le Sprint. D’ailleurs, il n’avait jamais fait mieux que quatrième sur le format court, et le voilà qui s’impose. En 2022, son année de référence – et jusqu’à présent inégalée, Bastianini avait acquis la réputation d’un tueur, qui n’avait pas besoin de mener longtemps pour gagner. Il lui fallait une ouverture, une seule occasion, et ça lui suffisait.
Dans sa carrière, l’Italien n’avait jamais dissimulé sa capacité à s’éloigner pour triompher, mais c’est la première fois que je vois une course développée si intelligemment de sa part, en MotoGP tout du moins.
Les regrets de Ducati ?
Comme on pouvait s’y attendre, il n’a pas tardé à revenir sur la décision de Ducati, qui ne l’a pas retenu pour sa propre succession en vue de 2025. Là, je ne le comprends pas. Je ne veux pas minimiser son exploit, mais factuellement et historiquement, Silverstone n’est que peu représentatif de la véritable forme des pilotes. Il est de ces circuits (comme Termas de Rio Hondo en Argentine, par exemple), qui sont plus propices à sacrer des hommes que l’on attend un peu moins, ou qui ne sont pas dans la forme de leur vie. La météo joue son rôle, mais l’imprévisibilité du facteur pneumatique aussi.
Certes, Marc Marquez, son successeur, n’a jamais été dans le coup. Même s’il finit quatrième le dimanche, un résultat à ne pas sous-estimer. Au moment de sa sélection, il n’y avait rien à redire. Marquez était bien meilleur que Bastianini, compte tenu de la différence grandissante de matériel, qui a encore alimenté les débats en Grande-Bretagne. Et c’est là toute la surprise, à mon avis. Bastianini devrait être considéré comme un favori au titre, comme un adversaire du niveau de Jorge Martin. Un nombre incalculable de circonstances l’ont retenu de cette bataille pour la couronne sur le début de saison, mais il n’était pas totalement étranger à son manque de succès non plus. Bastianini dispose de la meilleure machine du plateau, et des mêmes armes que Bagnaia et Martin. Pourtant, malgré son palmarès impressionnant en Moto3 et en Moto2, ainsi que ses précédents exploits en MotoGP chez Gresini, on parle de lui comme d’un outsider, alors que tout le monde prédisait l’anéantissement de Bagnaia lorsque les deux partageraient le même box.
Magic from the Beast! ✨ #BritishGP#ForzaDucati #DucatiLenovoTeam pic.twitter.com/FQhJXYYLa2
— Ducati Corse (@ducaticorse) August 4, 2024
C’est pour cette raison que sa performance ne m’a pas impressionné au premier sens du terme. Nous parlons là d’Enea Bastianini, pas de Franco Morbidelli. Il gagne, c’est normal, et ça ne contredit certainement pas le choix de Ducati qui était plus pertinent au moment où il fut prit.
Conclusion
Enea Bastianini est à sa place en première position, bien plus qu’à 49 points du leader Jorge Martin au général. Sans être décevant car solide en toutes circonstances, « Bestia » s’était considérablement fait distancer par Pecco Bagnaia, au point qu’on ne l’attende plus. La réception de sa victoire donne raison au management Ducati, au moins pour sa non-prolongation dans l’équipe officielle. En revanche, pour lui, c’est l’occasion de se relancer. Il tient une bonne régularité dans la performance depuis le début de saison, et désormais, il a – enfin – montré qu’il était capable de passer un cap. Est-ce le début d’un retour fou ? Réponse dans deux semaines.
Qu’avez-vous pensé de son Grand Prix de Grande-Bretagne ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport