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Jorge Martin Ramon Forcada

Jorge Martin est tombé lors de l’avant-dernier tour du Grand Prix d’Allemagne, et depuis, tout le monde le voit davantage comme un pilote friable plutôt qu’un véritable prétendant à la couronne. Pourtant, de nombreux éléments mettent en évidence sa maîtrise, y compris sur les collines du Sachsenring. Alors, a-t-il cédé à la pression de Bagnaia ? C’est ce que nous allons voir.

 

De roi à fou

 

J’ai été assez surpris de découvrir les réactions à sa chute, notamment au lendemain du Grand Prix. Jorge Martin faisait un excellent week-end juste avant celle-ci ; il a encore pris la pole, fermement, et s’est imposé lors du Sprint grâce à sa bonne science de la course. Lors de l’épreuve dominicale, il n’était pas menacé par un autre pilote – avant sa chute, donc, dans le premier virage.

Pour moi, cette très légère erreur ne change rien à son statut, pas plus que celle qu’il avait fait à Jerez et qui n’avait alerté personne. C’est vrai qu’il est le grand perdant de ce week-end, qu’il pointe désormais à la deuxième place du classement général, et que la dynamique n’est plus avec lui depuis le Mugello.

 

Jorge Martin monde

Jorge Martin avait tout bien fait. Comme quoi, la gloire ne tient à rien. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais il reste toujours un pilote aiguisé, en aucun cas un « gâcheur », capable de s’imposer sur un tour comme en course, peu importe la distance. Lui seul peut rivaliser avec Pecco Bagnaia en ce moment, il n’y a qu’à voir la distance qui les séparait du reste du peloton à l’arrivée. Oui, il est tombé depuis la première place, mais comme Pecco Bagnaia, il chute en tête parce qu’il est toujours devant, et pas l’inverse. Selon moi, ça n’a rien à voir avec la pression, un terme trop souvent utilisé et auquel je vais dédier la partie suivante.

 

Quelle pression ?

 

Nous n’avons entendu parler que de ça, ou presque. Jorge Martin n’aurait pas su contenir la pression, il y serait donc sensible. Mais qu’est ce que la pression ? Je pense qu’on l’entend comme le stress ponctuel lié au rapprochement d’un adversaire dans un moment crucial d’une course ou d’un championnat. Je ne pense absolument pas que Jorge Martin soit soumis à quelconque pression de ce genre, et je vais tenter expliquer pourquoi en deux points.

 

 

Premièrement, Pecco Bagnaia aurait eu du mal à gagner. On a pu observer une course d’attente du champion du monde en titre, mais qui s’est réveillé un peu tard pour aller chercher la victoire. C’est justement ce que disait Martin après l’arrivée. Il s’était franchement rapproché, oui, autour de la demi-seconde au moment de la chute. Mais l’Espagnol avait de quoi voir venir, il poussait fort exactement comme Bagnaia et les dépassements sont compliqués sur ce tracé. D’ailleurs, sur le papier, il avait un autre avantage de poids. L’année dernière, il avait battu Bagnaia en duel ici-même, et c’est un circuit qui lui a plutôt bien réussi par le passé, avec, notamment, une victoire en Moto3 en 2018. Bagnaia n’avait encore jamais gagné en Allemagne dans sa carrière, et n’est monté qu’une fois sur le podium avant sa deuxième place de 2023.

Deuxièmement, en prenant un peu de recul, je ne pense pas que la pression marche de cette manière. Jorge Martin, 26 ans seulement, a été titré dans une saison Moto3 à haute intensité en 2018. Il est également vainqueur en Moto2, vainqueur en MotoGP dans sa première année, et vice-champion du monde de la catégorie reine en titre. Il s’est retrouvé dans cette situation des dizaines de fois et ce depuis sa plus tendre enfance, sans exagérer. Peu importe qui est derrière : un Homme avec les capacités et la grandeur de Jorge Martin ne flanche pas si facilement. Inutile de vous rappeler son triomphe en Thaïlande l’an passé, où il vint à bout de Brad Binder et Bagnaia tout en jouant le titre. Ou alors, son succès au Mans plus tôt cette saison, au terme d’une course disputée avec Bagnaia et Marc Marquez, excusez du peu.

C’est pourquoi je pense qu’il s’agissait nullement d’un coup de pression. Effectivement, Bagnaia a augmenté le rythme, comme il l’a souligné à l’arrivée. Jorge Martin était rapide lui aussi, et l’un et tombé. Eh quoi, si Bagnaia avait chuté, alors nous aurions dit que l’Italien a encore cédé sous le rythme infernal du « Martinator » ? Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

 

Jorge Martin monde

Pecco Bagnaia n’était pas assez proche pendant assez longtemps pour lui appliquer une soi-disante pression. Photo : Michelin Motorsport

 

La raison de la chute

 

Je sais que c’est difficile à entendre, mais je pense sincèrement que la chute est une simple erreur comme il en arrive si souvent. Et cette erreur n’a pas d’explication. Elle n’a pas de raison d’arriver. Bagnaia a avoué avoir perdu l’avant lui aussi, et tous les pilotes ont affirmé que la piste était très piégeuse. L’être humain veut toujours trouver des causes à un événement, mais je pense que la réalité physique rattrape tout jugement sur ce cas. Les deux allaient vite, l’un est tombé. Ça aurait pu être l’autre, ça a déjà été l’autre. Exactement comme en Indonésie l’an dernier, où Martin avait course gagnée, ou comme à Barcelone lors du Sprint pour Pecco. Invoquer la résistance à la pression rabaisse de grands champions qui n’ont que faire de qui les suit, et qui se battent âprement pour des victoires chaque week-end depuis leurs sept ans.

On pourrait effectivement manifester tel argument si jamais ceci venait à se produire à un moment clé de la saison, ou à se répéter jusqu’alors. En clair, si Bagnaia perd le titre en chutant et en ne passant jamais en Q2 lors des cinq dernières courses – alors que l’adversaire déclencherait une guerre psychologique, cela pourrait effectivement être le cas. Mais Bagnaia comme Martin n’ont jamais montré de tels comportements et sont toujours très bien revenus suite à de telles désillusions.

Je peux me tromper, bien sûr, mais cela me paraît plus plausible ainsi. Votre avis est le bienvenu. Dites-moi ce que vous en pensez en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Ne pas le sous-estimer. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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