Quand Fabio Quartararo a finalement décidé de rester chez Yamaha pour les saisons MotoGP 2025/2026, les réseaux sociaux alimentés par la presse internationale se sont enflammés en résumant le choix du Français à une histoire d’argent. Une fois de plus, le côté obscur d’Internet était bien loin de la vérité puisque la décision d’El Diablo était avant tout motivée par un projet technique dûment détaillé par un transfuge capital de Ducati, Massimo « Max » Bartolini.
A l’heure où les constructeurs européens ont clairement pris le pouvoir en MotoGP, que Lin Jarvis veuille mettre au diapason quelques talents essentiels de la vieille Europe paraît plein de bon sens, et en Italie, là où se trouve le quartier général de Yamaha pour les Grands Prix, il ne faut pas regarder bien loin pour trouver quelques pièces maîtresses. Après avoir recruté Luca Marmorini, ancien ingénieur moteur de Ferrari en Formule 1 qui a également aidé Aprilia à développer sa RS-GP, pour s’occuper du moteur (ou des moteurs, on y reviendra) de la YZR-M1, le choix du Britannique s’est porté sur Max Bartolini pour devenir le directeur technique des bleus.
Il s’agissait là d’un coup de maître, car derrière le médiatique Luigi Dall’Igna, l’homme passionné de rallyes œuvrait en silence depuis une vingtaine d’années jusqu’à devenir un rouage clé de l’organisation victorieuse de Borgo Panigale en Grand Prix.
« Max a travaillé avec moi pendant de nombreuses années
et c’était une personne clé chez Ducati Corse. Avec son expérience
et sa connaissance de notre moto, il peut apporter beaucoup à
Yamaha. Son départ m’a énormément ennuyé ». À la fois
compte tenu de son profil technique et de ce qu’il est en tant que
personne » avait alors déclaré l’homme à la barbichette,
corroboré par Davide Tardozzi sur la même longueur
d’ondes, « J’ai travaillé avec Massimo pendant 20
ans. Son départ est un coup au cœur ; c’est un ami, nous sommes
très proches. Je pense que Yamaha a fait une opération
incroyable. »
D’autant plus incroyable qu’avant le
recrutement de Max Bartolini, Yamaha s’était déjà
acquis chez les rouges Marco Nicotra pour
l’aérodynamique, malgré les déclarations affirmées d’il y a
quelques années…
A Barcelone, notre confrère et ami Peter McLaren a recueilli pour Crash.net les propos de Fabio Quartararo illustrant le rôle prépondérant d’une réunion de trois heures avec Max Bartolini avait eu dans sa décision.
« Toutes les questions auxquelles vous pensez, je les
ai posées ! Et aussi « ce qu’ils font entre le rythme de la
course et les qualifications ». Quelle est la différence de
carburant ? ». J’ai posé de très nombreuses questions et quand
il a répondu, il m’a fait penser à d’autres questions… C’était
vraiment intéressant.
J’ai fait 800 kilomètres aller-retour entre Nice et Milan pour
assister à cette réunion. J’étais donc impatient de l’écouter. Et
depuis ce jour-là, c’était comme » wow « . Je suis passé
d’un état d’incertitude quant à l’avenir du projet à une situation
où je me suis dit : « OK, ce type est arrivé,
pensons-y. »
Après les essais de Sepang, il a déclaré : « Nous avons
besoin de beaucoup de temps pour améliorer la moto ». C’est
aussi parce qu’il doit apprendre la moto, faire beaucoup de choses.
Je crois donc beaucoup en lui et en l’avenir du projet, mais en
tant que pilote, je veux toujours une amélioration aujourd’hui et
pas dans six mois ! Mais nous faisons beaucoup de tests en ce
moment. Après le Mugello, nous avons le test [officiel], puis nous
allons à Valence pour deux jours. Nous avons beaucoup de choses à
tester et nous allons dans la bonne direction. »
La question a été posée de savoir si Max Bartolini avait déjà analysé les faiblesses de la M1 avant cette première réunion…
« Lors de la première réunion, non. Mais dès que nous
avons commencé les essais à Sepang, il a dit : » OK, ils sont
beaucoup plus performants dans ce domaine, dans ce
domaine »…
« F**k ! C’est exactement ce que je vois [sur la
piste] ». Donc quand vous voyez quelque chose et que
quelqu’un qui a été là [chez Ducati] pendant de nombreuses années
vous dit ce qu’il manque sur votre moto, cela vous donne confiance.
Mais ce n’est pas seulement vous, c’est aussi la confiance que vous
avez pour dire « OK, nous avons ce problème sur la moto et
nous devons l’améliorer ». Dans le passé, nous ne savions pas
où était le problème. Maintenant, nous le savons, mais nous devons
trouver des solutions. »
Une réunion de trois heures avec Max Bartolini a donc convaincu Fabio Quartararo de rester chez Yamaha, d’autant que les premiers résultats des embauches précédentes (moteur et aérodynamique) commencent maintenant à être évaluées.
« Je ne peux pas tout vous dire, mais ce que je peux vous dire, c’est que ça arrive. Dès les essais du Mugello, nous aurons plusieurs motos, beaucoup de choses différentes à tester. À Valence [test privé en juin] également. Il y a beaucoup, beaucoup de choses qui vont se passer dans un futur proche, ce qui, pour moi, va beaucoup aider l’équipe à revenir [au premier plan]. »
Au final, une météo peu avenante a rendu ces essais un peu moins productifs qu’espéré, mais il ne fait aucun doute que Yamaha a passé la surmultipliée pour revenir se battre pour la victoire. C’est juste une question de temps…
Max Bartolini (Fabio Quartararo)