Tout va si vite en MotoGP ; Ducati connaît désormais un gros problème en raison de la qualité de son effectif. Seul Pecco Bagnaia est assuré de rester pilote officiel chez les rouges pour les deux prochaines saisons. L’heure est venue de lui attribuer quelqu’un, mais cette décision pourrait changer l’intégralité de l’écosystème Ducati. Remarquez, du point de vue de la marque, c’est le genre de soucis avec lequel on est bien content de s’endormir. Pendant deux jours, je vais tenter d’analyser ce dilemme, et donner mon avis quant aux potentiels équipages. Aujourd’hui, concentrons-nous sur la formation d’usine ainsi que Prima Pramac Racing.
Petites précisions
Avant de débuter cet exercice assez tortueux long de deux jours, un éclaircissement s’impose. Premièrement, je ne me base que sur les pilotes et leurs prouesses en piste. Les équipages que je vais tenter de constituer ne sont pas construits sur d’autres critères. Nous n’avons pas connaissance de la préférence des marques (l’affect, la cooptation, les intérêts cachés). Mais aussi, des prétentions salariales de chacun, de la puissance de chaque team (Pramac est l’équipe sœur, mais peut-être que Gresini Racing n’est pas obligé de dire Amen a toutes les volontés de Borgo Panigale), ou des avantages de nationalité par exemple.
Je vais faire comme s’il n’y avait pas de règles, mais toujours en argumentant un maximum. Je vous invite à faire de même et à me donner votre composition personnelle en commentaires !
Le guidon rêvé
Démarrons tout de suite avec l’équipe d’usine, soit le guidon le plus désiré actuellement en MotoGP. De ce que l’on comprend des rumeurs, trois prétendants se démarquent largement pour accompagner Pecco Bagnaia, qui, donc, bénéficie d’un contrat jusqu’à fin 2026. D’un côté, Enea Bastianini, l’officiel actuel, de l’autre, Jorge Martin chez Pramac, et entre les deux, Marc Marquez chez Gresini.
Pour moi, c’est limpide. Comme Pedro Acosta, je pense que Jorge Martin sera en rouge en 2025 et les prochaines années. Dites-moi si cette impression n’émane que de moi, mais je trouve qu’il se détache assez largement des autres larrons. Voici pourquoi :
- Jorge Martin est le meilleur pilote du monde actuellement. Il a prouvé, avec déjà deux victoires en GP depuis le début de saison, qu’il avait la capacité de réellement écraser un week-end d’une part (comprenez, de pleinement porter Ducati). De l’autre, il peut faire mieux que Pecco Bagnaia lui même. L’Epsagnol est insensible à la pression, ne se laisse pas influencer par la dynamique désavantageuse et possède une vitesse rarement vue au plus haut niveau.
- Deuxième argument ; n’oubliez pas que Jorge Martin était déjà prétendant au guidon d’usine fin 2022, mais il s’est fait griller la place par Enea Bastianini. Depuis, il est sagement resté chez Pramac, a brillé plus que « Bestia » ne l’a jamais fait, et figurait vice-champion du monde 2023. Aujourd’hui, il mène le championnat et en incarne le principal favori. Que peut-il faire de plus ?
Concernant Marc Marquez, j’aimerais le voir chez Prima Pramac Racing, ou toute équipe satellite qui bénéficiera d’une Ducati de l’année en cours. C’est clair que si Yamaha désire un nouveau team pour s’appuyer, cela changera la donne.
Pourquoi mettre Marquez chez Pramac, et pas aux côtés de Pecco Bagnaia ? Pour les raisons suivantes :
- Marquez est un grand pilote, mais Jorge Martin a plus servi Ducati ces dernières années, et compte 34 points d’avance au général sur le premier nommé. Marc voulait une moto encore plus performante : il sera ainsi satisfait chez Pramac avec la même machine que Bagnaia et Martin. Il aura encore cette soif de victoire car derrière, il pourra toujours viser une place d’usine.
- À déjà 31 ans, on ne sait pas comment son physique tiendra à moyen terme. Depuis 2020, chaque chute peut mettre fin à sa carrière. C’est un élément à prendre en compte. Comment représenter Ducati si l’un des titulaires est sans cesse absent, comme ce fut le cas chez Honda Repsol en 2021 et 2022 ?
- Le signer, c’est s’assurer d’immenses retombées au vu de sa popularité, mais c’est aussi négliger le développement du personnage de Jorge Martin. Après tout, pourquoi ce dernier ne pourrait pas devenir, lui aussi, une légende au caractère bien trempé ? Quelqu’un d’identifié « Ducati », plus qu’un Marquez par exemple, qui voit sans doute en la marque un simple moyen de se relancer. Le gros de sa carrière est déjà derrière lui, chez Honda.
- Ceci dit, il reste l’un des meilleurs pilotes du monde, ça ne fait aucun doute. C’est pourquoi il faut le mettre en confiance, lui donner un très bon matériel sur lequel il peut ponctuellement porter haut les couleurs de Ducati. On pourrait imaginer un énième rapprochement entre Pramac et l’équipe d’usine, peut-être sur le code couleur ou par le biais d’un sponsor commun. Un peu comme ce qu’a fait KTM cette année avec Red Bull pour l’arrivée de Pedro Acosta chez Tech3.
Respect between @PeccoBagnaia and @marcmarquez93 🤝
Nice to see after that tense battle 🤩#FrenchGP 🇫🇷 pic.twitter.com/4dmelrL1Nj
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) May 12, 2024
Quid d’Enea Bastianini ? Pour moi, il est le grand perdant, car je ne vois d’autres choix que de le placer chez Gresini Racing. Pourquoi ? Voici mes motivations :
- Selon toute évidence, Fermin Aldeguer, déjà signé chez Ducati en MotoGP, rejoindra Pramac si et seulement si Borsoï et ses hommes utilisent encore les Desmosedici. Je pense que c’est un bon choix car il est très talentueux, et je suis toujours partant pour donner de bonnes armes aux nouveaux venus. On est plus proche de la sortie chez Gresini que chez Pramac. Et j’aime les rookies forts, qui peuvent prouver au monde ce dont ils sont capables. Cela lui donnerait une plus grande confiance.
- Bastianini a vécu ses meilleures heures chez Gresini, en 2022. Même s’il a usé de malchance en 2023, il n’a jamais été aussi incisif au sein de l’équipe officielle et c’est encore le cas en 2024. Il est très fort, capable de gagner (il l’a fait en Malaisie l’an dernier), mais un passage par une plus petite formation pourrait lui redonner la hargne de remonter plus que le décourager. Cela serait assez injuste, il est vrai, mais c’est aussi le sport qui veut ça. Les blessures font partie de la discipline.
Qui placer avec Enea Bastianini chez Gresini ? Alex Marquez, en-deça sur ce début de cette saison, ou un autre ? Et comment agencer les pilotes chez VR46 ? La réponse dans cet article, que vous pouvez retrouver en cliquant ici !
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Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : MotoGP