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MotoGP perdant

En MotoGP, la victoire se joue à rien. La défaite aussi ; la chute encore moins. Jorge Martin, seigneur en ce début d’année, repart d’Andalousie avec une sacré épine dans le pied ; il est le perdant de cette quatrième manche. Pourtant, il avait tout, absolument tout, pour passer deux semaines parfaitement tranquille, loin devant toute concurrence. Les rêves de titres sont toujours présents, plus que jamais, mais son avance, elle, a fondu comme neige au soleil. Analyse en plusieurs points.

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Le seul

 

Lorsque Jorge Martin a chuté à Jerez, il a laissé passer une occasion rare. En effet, désormais, il ne devance plus que de 17 points son plus proche poursuivant au général. Vous allez me dire qu’il est tôt pour penser à cela, mais c’est factuellement faux. De nombreux championnats se sont décidés hâtivement, car c’est ici que certains pilotes gagnent un avantage net qui ne peut jamais être rattrapé. Reprenez la saison 2023. On a tendance à dire que c’était très disputé, et à raison. Mais ce n’est pas vers la fin que Jorge Martin a perdu cette course au titre, et encore moins à Valence lorsqu’il a percuté Marc Marquez.

Sur les premiers mois, Pecco Bagnaia s’était solidement installé devant, alors que le « Martinator » était plus poussif. Le momentum a tourné, comme c’est souvent le cas sur une saison entière, mais l’avance acquise par Bagnaia lui permettait de garder une confiance nécessaire pour lâcher des points aux moments cruciaux. Martin n’a pas perdu le titre en chutant, seul, en Indonésie – une erreur qui rappelle d’ailleurs sa dernière en date à Jerez, mais plutôt, en ne faisant pas la moindre pole position avant le Grand Prix de Saint-Marin, en terminant sixième à Silverstone, ou cinquième en Argentine.

 

MotoGP perdant

Jorge Martin est toujours aussi affuté, toujours aussi souriant. Photo : Michelin Motorsport

 

Ici, les rôles étaient totalement inversés. Lors de ces quelques courses passées, il était le seul, à mon sens, à réellement surnager. Depuis le Qatar, où il fut très bon avec une pole d’entrée et deux podiums, au Portugal, dominateur, jusqu’aux États-Unis. Jorge Martin a parfaitement commencé son exercice, contrairement à 2023. Déjà, il semblait plus à l’aise sur la Desmosedici GP24 que Pecco Bagnaia, et puis, Jorge n’a rien perdu de sa superbe le samedi.

Derrière lui, pas grande compétition ne devait lui faire peur. Ce même Bagnaia avait déjà commis quelques erreurs. Pareil pour Marquez que l’on attendait. Bezzecchi – excellent sur le début 2023 n’y était pas, tout comme Di Giannantonio, bien loin de ses prouesses et de ses promesses. Brad Binder comme Aleix Espargaro, outsiders habituels, n’ont pas représenté le moindre danger pour Jorge Martin. Il fallait se méfier de Maverick Vinales, c’est vrai, mais on connaît le problème de régularité dans la performance de ce dernier.

C’était la parfaite occasion de prendre de l’avance, d’écraser, de se tisser un matelas de point franchement satisfaisant. À une chute près, il pouvait mener d’une quarantaine de points, au bout de quatre courses, sans même avoir eu besoin de réquisitionner le Martin si incisif de la fin 2023. Tout se passait pour le mieux jusqu’au dimanche. Même le Sprint lui avait grandement été favorable. Sur une piste qui ne lui réussit jamais en MotoGP, il prit une victoire sensationnelle alors que la majorité des favoris se retrouva sens dessus dessous !

 

 

Tout ça pour rien

 

Finalement, tout est relancé. Au-delà de Martin et des autres, c’est fou de voir à quel point, dans le sport de très haut niveau, tout peut basculer en une fraction de seconde. La dynamique d’une saison peut changer sur une perte de l’avant.

J’ai confiance en Jorge Martin. Ces pilotes de la nouvelle génération ne sont pas titrés avec de grosses moyennes de points, ils en lâchent toujours beaucoup mais compensent avec une vitesse foudroyante. D’ailleurs, après l’Indonésie l’an dernier, il avait su réagir de la plus belle des manières. Avec une pole et un pari osé en Australie, et avec un triomphe en Thaïlande.

 

MotoGP perdant

Jorge Martin n’est encore jamais monté sur le podium à Jerez. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais le problème, c’est que celui que j’ai appelé « son plus proche poursuivant » n’est autre que Pecco Bagnaia. En quarante-cinq minutes, l’Italien s’est remis en chasse grâce à l’une de ses meilleures performances. Un peu comme en Indonésie, comme quoi l’histoire est ironique. Rendez-vous compte : à l’issue du Sprint andalou, Martin comptait 42 points d’avance sur le champion du monde en titre !

Bagnaia a montré qu’il ne fallait pas lui laisser une brèche ouverte. Assen 2022, face à Quartararo, lui avait suffi pour se redonner confiance afin de le remonter de 90 points en quelques mois. Il a aussi montré qu’il était de son calibre, toujours parmi les meilleurs, et que lui non plus, de par son engagement dans sa bataille contre Marc Marquez, ne calculait rien.

La chute de Jorge Martin n’est pas si grave. Je remarque que personne n’évoque le moindre craquage psychologique. Cela doit être réservé à certains pilotes, j’imagine. Mais le constat est le même que pour d’autres. Mieux vaut chuter en tête que d’être englué dans le peloton. Il s’agit juste d’une erreur malheureuse qui lui coûte bien des points sur le pur plan mathématique, et qui arrive, peut-être, au pire moment. Jorge ne doit pas se laisser influencer par un tel revirement, qu’il n’avait encore jamais connu dans cette position.

Quelles leçons tirez-vous de son début de championnat ? Dites-le moi en commentaires !

 

Je pense sincèrement que ça n’aura aucune incidence. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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