Depuis plus de vingt ans, la licence MotoGP rythme notre année et complète notre passion. La nostalgie nous fait parfois souffler dans une Memory Card et relancer notre PlayStation 2 afin de retourner croiser le fer avec Barros, Rossi et autres Gibernau, époque révolue. Voici l’histoire d’une franchise de jeux importante pour nous tous.
Un contre un, écran partagé avec un ami (ou votre père), circuit du Paul Ricard, sur MotoGP (2000). Yeux rivés sur la télévision, ni vous ni votre adversaire n’est prêt à lâcher la moindre miette en piste. Petit coup d’œil en arrière pour visualiser l’écart avant d’entamer la ligne droite du Mistral et ne pas se faire piéger dans Signes. Vous êtes bon. Plus qu’à prendre une belle trajectoire dans le double-droite du Beausset et vous le savez ; être premier dans le sinueux aide mais vous expose à un découpage dans le virage du Pont.
Au dernier moment, vous changez de trajectoire, plongez à l’intérieur pour défendre ; il est battu. Ces après midi passées sur ces jeux valaient tout l’or du monde. Notre rétrospective commence ici. Non pas au Castellet, mais en 2000, sur le premier jeu à licence MotoGP jouable sur une console de salon grand public. Malheureusement, parler de tous ses ancêtres (de Hang-On à 500GP) serait trop long. En 2000 sort donc MotoGP, sans même préciser l’année. Ne pouvant jouer sur quelques tracés avec quelques pilotes, il reste encore à l’heure actuelle un classique du genre. Le gameplay arcade au possible était terriblement addictif, notamment en mode écran partagé où les batailles faisaient rage.
Le prochain opus ne sort qu’en 2002, chez Namco mais pas que. En effet, feu la société américaine THQ (éditeur de l’excellent MX vs. ATV Reflex) réussit à obtenir des droits pour cinq saisons. Ces jeux parus sur Xbox et Game Boy Advance restent immensément moins populaires que leurs homologues japonais (tout du moins en France).
De 2002 à 2006, Namco règne en maître sur l’industrie, porté par le succès de la PlayStation 2. MotoGP 3 voit l’arrivée de nombreuses fonctionnalités supplémentaires, avec des mini-jeux difficiles, quinze circuits proposés, moult défis de contre la montre, des circuits imaginaires, des motos délirantes, quatre MotoGP legends, images et vidéos à débloquer… Ce jeu est un bijou, et peut-être le meilleur de toute la saga.
De nombreux passionnés actuels sont tombés dedans à cette époque, c’est d’ailleurs pourquoi il est important que la DORNA (ou toute autre organisation) supervise ce qui sort et s’assure de la qualité. C’est un excellent moyen de promotion trop souvent sous-estimé par des instances plus vieillottes.
En 2004, le jeu évolue et intègre désormais les catégories inférieures. Aussi bon que le précédent (gameplay identique), amusez vous à contempler la grille 125cc, l’une des meilleures de tous les temps. Entre Jorge Lorenzo, Casey Stoner, Mika Kallio, Andrea Dovizioso ou Marco Simoncelli, vous avez l’embarras du choix.
Malheureusement, il s’agit du dernier opus produit par Namco sur cette console. Certes, nous aurons bien un nouveau MotoGP (2006) sur PSP, mais l’expérience n’est pas la même. D’ailleurs, à l’époque, les critiques ne l’ont pas épargné.
Alors que THQ sort son dernier jeu à la physique nauséeuse en 2007 (ne les essayez pas si vous avez le mal de mer), le studio japonais Capcom reprend l’affaire jusqu’en 2011. Si le premier (MotoGP ‘07) laissait entrevoir des espoirs, le changement radical ne convainc pas grand monde, y compris les spécialistes. Il est toujours difficile de passer derrière un monstre.
MotoGP ‘08, toujours sous l’égide Capcom et développé par Milestone, est le premier à sortir sur toutes les plateformes (PS2, PS3, Xbox 360, Windows et Wii) mais une fois de plus, le compte n’est pas bon. L’intelligence artificielle est sans doute l’une des plus débiles jamais créées, et l’implantation des 125cc et 250cc n’y change strictement rien. Devant les critiques, Capcom expédie deux jeux en quatre ans (MotoGP 09/10 et MotoGP 10/11 par Monumental Games) avant de jeter l’éponge. Ces deux opus sont sans aucun doute les pires de toute la série (selon moi, mais n’hésitez pas à en débattre en commentaires).
Pour reprendre l’affaire en 2013, Milestone est sur le coup. Le studio italien possède une grande expérience de la moto depuis très longtemps, et était détenteur de la licence Superbike. Partant de zéro, le studio rend une très bonne copie pour un retour. Le mode écran partagé est toujours aussi savoureux, l’écran d’accueil plonge dans l’ambiance, mais le contenu est au final un peu maigre.
Le problème, avec Milestone, est clair. Les prochains jeux respecteront toujours une physique similaire, ne s’améliorant que peu. Certes, une belle évolution graphique est à noter en 2015 (avec le passage à la PS4/Xbox One), mais rien de transcendant comparé à nos amis sur quatre roues. En effet, les jeux Formule 1 sont à des années lumières.
En 2016, Milestone déroge à la règle et rend un OVNI. Valentino Rossi : The Game, proposant un tas de modes de jeu, y compris du drift, du dirt track ou des voitures RC en contenu additionnel (?), ainsi qu’une rétrospective de la carrière de « The Doctor ». A posteriori, il s’agissait peut-être d’un jeu trop ambitieux, trop fourre-tout. Cependant, des idées géniales (différentes livrées uniques pour une même moto) auraient méritées d’êtres approfondies.
MotoGP 2017 s’affirme en subissant une modification du gameplay et des graphismes, sans perdre la patte Milestone. Les sensations manette en main le placent tout en haut de la liste, malgré, une fois de plus, un manque de contenu criant. L’écran partagé disparaît par la suite, ce qui est absolument incompréhensible tant le jeu est (déjà) pauvre.
Après deux opus très moyens, Milestone se rattrape en 2020 avec une physique plus réaliste et des graphismes novateurs, accompagnés d’un solide mode de personnalisation (cependant inférieur à ce que Forza faisait en 2014). Rythmant le premier confinement, ce jeu était bon, mais, comme les autres, manquait de choses à faire, notamment à cause du mode « historique » trop court. Puis 2021, avec un opus plutôt apprécié par la communauté mais empreint de défauts majeurs, souvent frustrant et répétitif malgré l’addition des long laps. Depuis, c’est toujours difficile, avec une lente progression et un moteur graphique assez daté. même s’il est vrai que MotoGP 24, avec ses transferts intégrés, rendra la carrière plus réaliste et immersive. À 15 jours de la sortie, il y a de quoi en attendre beaucoup, et prions pour que les IA concurrentes soient enfin à la hauteur du gameplay proposé.
Aujourd’hui, nous pouvons regretter l’absence d’un studio de premier plan comme l’est Codemasters – sous l’égide d’Electronic Arts – avec la F1. Ceci dit, ne perdons pas espoir que Milestone sorte un excellent opus ce 2 mai même si attendre un produit excellent, fini et jouable le jour de sortie n’est plus vraiment d’actualité au vu de l’état du jeu vidéo à l’échelle mondiale.
Avez-vous passé des heures sur les jeux MotoGP ? Qu’en pensez-vous ? Dites-le moi en commentaires !