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A l’heure où Liberty Media, déjà détenteur des droits de la Formule 1, met la main sur le MotoGP en se portant acquéreur de 86% des parts de Dorna Sports, il est intéressant de consulter le rapport de 43 pages émis par le Comté de Clark (Nevada) concernant les retombées du Grand Prix de F1 à Las Vegas.

La plupart des passionnés pensent qu’avec ce changement de principal actionnaire, le MotoGP va « s’américaniser », sous entendu faire la place belle au spectacle au détriment du sport. Peut-être, ou peut-être pas, les Grands Prix motos étant déjà majoritairement dans les mains des fonds de pension canadiens depuis plusieurs décennies. Opposer le sport au spectacle est d’ailleurs une attitude assez curieuse, les deux étant nécessaires pour susciter l’intérêt du spectateur, sans qui tout cela n’existerait pas.

Mais imaginons qu’avec un propriétaire commun, le MotoGP emboite à l’avenir directement le pas de la F1, et quel exemple plus représentatif du Show que le GP de Las Vegas et ses paillettes ?

On ne parlera pas ici de la course elle-même, les courses de F1 étant… ce qu’elles sont, bien loin des affrontements à coup de dixièmes qui nous tiennent en haleine les week-ends de MotoGP.

De la partie du rapport concernant la F1, on peut retenir les points suivants :
– L’impact économique total a été évalué à 1,5 milliard de dollars, dont 884 millions de dollars de dépenses des visiteurs.
– La course a généré 77 millions de dollars de recettes fiscales, soit plus que tout autre événement dans l’histoire de Las Vegas.
– La F1 a dépensé 88 millions de dollars pour l’amélioration des infrastructures publiques (sans compter l’acquisition de terrains.).
– Les visiteurs ont dépensé 3,6 fois plus que le voyageur typique de Las Vegas, séjournant 4,1 nuits et dépensant plus de 4 100 dollars en moyenne.
– L’événement a créé 7 300 emplois, dont 2 200 pour les projets de construction liés à la course et 5 100 pour les opérations de l’événement.
– Les travailleurs locaux ont gagné 52 millions de dollars en salaires
– L’aéroport de Las Vegas était le deuxième aéroport le plus fréquenté du pays le lendemain de la course, avec 2 200 opérations.

En résumé, le comté de Clark affirme qu’il s’agit du plus grand événement sportif, avec la plus grande audience mondiale, de l’histoire de Las Vegas, même si tout ne s’est pas fait sans difficulté pour la première édition (perturbations liées à la réalisation du tracé, fréquentation des casinos en baisse, plaques d’égouts, etc.).

Alors oui, l’époque où le paddock était en herbe et où les spectateurs pouvaient regarder à quelques mètres les pilotes bricoler leurs motos est bien révolue, aussi charmante ait-elle été ! Sous l’impulsion de Dorna Sports et de l’IRTA, les Grands Prix sont passés depuis longtemps, et heureusement, à l’heure de la professionnalisation et de la viabilité économique, tout en nous offrant des courses bien plus disputées qu’auparavant. Et si l’adaption à la réalité économique suivante passe, façon de parler, par quelques paillettes, projecteurs et jets d’eau, pourquoi pas, si c’est pour apporter au MotoGP une notoriété réellement mondiale à la hauteur de la F1 ou du football, et au final engendrer encore plus d’intensité aux affrontements en piste.

Après tout, on fait bien un Grand Prix de nuit au Qatar sans beaucoup de spectateurs, et plus personne ne trouve ça bizarre aujourd’hui…