pilotes inquiéter

Nous n’avons disputé qu’un seul Grand Prix, et pourtant, certains pilotes doivent commencer à s’inquiéter. En effet, lors de la manche d’ouverture, des prestations abyssales de certains protagonistes m’ont fait peur. Au vu de la concurrence, et des talents qui émergent du Moto2, il ne faut pas tarder à se ressaisir.

 

Le grand écart

 

Dans le contingent Ducati, Franco Morbidelli fait pâle figure. Commençons par rappeler que ce dernier s’est lourdement blessé lors des essais hivernaux, mais de son propre aveu, son physique est rétabli. À l’heure où ces lignes sont écrites, la chute date d’il y a plus d’un mois. De fait, il y a de quoi se poser des questions ; d’accord, sa préparation fut altérée, mais je ne m’attendais certainement pas à ça. Dernier des qualifications à deux secondes pleines de son coéquipier poleman – de mémoire, je n’avais jamais vu tel écart entre deux pilotes d’une même équipe sur un tour hors remplaçants, avant-dernier du Sprint et 18e de la course principale sur 21 pilotes à l’arrivée.

Comme Marc Marquez, il découvrait aussi la Ducati Desmosedici mais cette moto est sans doute la plus facile à prendre en main, comme en témoignent les premières performances d’Alex Marquez, de son frère Marc, ou de Jack Miller à son guidon. Cela me rappelle sa désastreuse saison 2022, ou pourtant, il certifiait que ses mauvais résultats n’avaient rien à voir avec sa blessure du début de saison 2021, au genou. D’ailleurs, il y a peu, il a affirmé que son articulation.

C’est un peu inexplicable, mais tout ce que l’on peut en dire, c’est que ça part mal, de facto.

 

Bienvenue chez Honda !

 

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Luca Marini certainement pas à sa place. Photo : Honda Repsol

 

J’ai suivi la déchéance de Honda depuis 2019. Je savais que la moto n’allait pas se redresser en une course, et d’ailleurs, il y a encore – un peu – d’espoir au vu des prestations de Johann Zarco et de Joan Mir ce week-end. Mais honnêtement, je ne m’attendais absolument pas à retrouver Luca Marini si bas. Avant-dernier en qualifications à 1,5 secondes de Zarco qui découvrait la moto également, dernier du Sprint à 11 secondes du pilote LCR et avant-dernier de la course principale. Ce qui est bien dans le cas de Marini, c’est que l’on peut comparer ses performances avec le Français car lui aussi est novice au guidon de la RC213V.

Impossible de prévoir un tel écart. Luca Marini jouait la gagne au Qatar il y a moins de six mois, et a réalisé, dans l’ensemble, une très bonne saison 2023. Le dimanche, voyant Jack Miller dans ses rétroviseurs, il décida de le laisser passer – de ses propres dires, pour analyser la KTM. Ainsi, il est difficile de tirer quelconque enseignement de cette course. Mais les qualifications ne mentent pas.

Il faut tout de même lui rendre hommage, car je crois plus en lui qu’en Morbidelli. Déjà, car son seul fait d’armes ne date pas d’il y a quatre ans, et aussi, car il ne nous a pas habitués à cela alors que « Franky » a déjà connu une saison à oublier dans sa carrière. Luca Marini, en interview, reste calme, stoïque, ne s’emballe pas, et fait preuve de beaucoup de patience. Toutes les qualités qu’il faut pour redresser la barre, c’est certain. Mais en attendant, je ne cache pas ma stupéfaction quant à ses résultats pour le moins inquiétants. Nous avons vu Joan Mir faire pareil la saison passée, et ne jamais revenir dans le coup. Alors gardons un œil sur lui.

 

Mais où est-il passé ?

 

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Marco Bezzecchi, le grand absent de la tête de course. Photo : Michelin Motorsport

 

Franco Morbidelli comme Luca Marini jouissent de circonstances atténuantes, même si elles sont à pondérer. En revanche, je peine à en trouver pour Marco Bezzecchi. Lui semble en grande difficulté avec la Desmosedici GP23, mais une chose est sûre : il faudra qu’il s’y fasse. Peu avant l’entame, j’avais pronostiqué une petite chute au classement pour « Bez », car je pensais qu’il avait un peu sur-performé en 2023, que son vrai niveau ne se situait pas à la troisième place du classement général.

Mais de là à prendre huit dixièmes par Di Giannantonio en qualifications, qui, lui aussi, découvre la GP23 en plus de l’équipe VR46, il y a un monde. Une 11e place en Sprint suivie d’un 14e rang le lendemain font tâche, notamment face à son coéquipier. Parce que si « Diggia » revient au niveau de fin 2023, alors il n’y aura absolument pas match entre les deux.

Rester avec l’équipe familiale était un choix, mais désormais, il faut redoubler d’efforts pour subsister dans la hiérarchie des pilotes Ducati.

 

Débuts difficiles

 

 

Qui a parlé de Miguel Oliveira ce week-end ? À part pour son long-lap à purger dimanche, on a jamais évoqué le Portugais. J’avais de grandes ambitions pour lui cette année, justifiées de par les bribes de génie qu’il a distillé sur la saison 2023, lorsqu’il n’était pas à l’infirmerie.

Mais là, sur une piste pourtant plutôt favorable aux Aprilia, il n’a jamais réussi à se rapprocher du top 10 peu importe la séance. En plus d’être dominé par Raul Fernandez en qualifications, il a fini dernier du groupe Miller/Bezzecchi/Quartararo et lui-même lors du Sprint. Une image que nous n’avons jamais vu à l’écran, malheureusement. Il était quand même devant Fernandez, mais lui bénéficiait d’une RS-GP24 qui semble bien née.

Alors, oui, il est dans une nouvelle équipe, et il faut s’y faire. Mais il semble continuer sur sa – mauvaise – dynamique de la fin 2023, ce qui n’est vraiment pas bon signe pour la suite. Je persiste à dire qu’il peut tout de même trouver de la vitesse au guidon de l’Italienne, et que le talent ne disparaît pas en huit mois. Il peut redresser la barre.

Que pensez-vous de ces profils ? Dites-le moi en commentaires !

 

Miguel, plus discret que jamais à Lusail. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport