Marc Marquez décevant

Très attendu à la suite de sa signature chez Ducati Gresini, l’octuple champion du monde a enfin couru sur l’une des meilleures MotoGP au Qatar. Aujourd’hui, il est temps de revenir sur le week-end particulier de Marc Marquez ; pas décevant, non, mais plutôt surprenant. Un certain nombre d’éléments n’a pas été discuté par les observateurs. Il est temps de revenir sur ceux-ci. Analyse en plusieurs points.

 

L’idée de Marc Marquez plus forte que Marc Marquez

 

Voici un premier sujet assez délicat à aborder. Avant chaque Grand Prix, je réalise des pronostics avec une bande d’amis, qui se reconnaîtront à la lecture de ces lignes. Ce week-end, j’avais bien parié sur Jorge Martin en qualifications – mais pas en Sprint, ainsi que sur Pecco Bagnaia en course. Cela prouve que mon côté raisonnable, exprimé dans les analyses de pré-saison, primait sur l’émotion. Objectivement, Pecco est le meilleur pilote du monde comme j’eus l’occasion de le rappeler dans l’article paru lundi – et que je vous invite à retrouver en cliquant ici.

En dépit de mon pronostic plutôt juste, je m’attendais à une surprise. Je m’attendais à ce qu’un outsider vienne perturber la hiérarchie, contrecarrer les plans de l’équipe d’usine dès la première course. Comme dans un film, il se souviendrait, comment, il y a 11 ans, il a débarqué en catégorie reine pour se bagarrer avec Valentino Rossi. Au final, rien de tout ça.

 

Marc Marquez décevant

J’en voulais trop. Photo : Gresini Racing

 

Marc Marquez, pour une première, a été extrêmement fort. Il nous a tous convaincu, lui y compris comme le prouvait son sourire et les congratulations de son équipe à l’arrivée. Du vendredi jusqu’au dimanche, il a été irréprochable, a travaillé dans le bon sens, et a parfaitement réussi son audacieux pari. Il se rapprochera des podiums dans les semaines à venir, cela ne fait aucun doute.

Sauf que je n’attendais pas cela. J’avais exprimé, mi-2023, mon incompréhension quant à sa philosophie de course, consistant à pousser jusqu’à la chute. Et inconsciemment, j’espérais qu’il reprenne ces principes pour sa première sortie sur la Desmosedici GP23. Je voulais voir un Marquez déchaîné, prêt à se battre, à la hauteur de sa légende. Au final, j’ai eu un meilleur Marquez encore, mais beaucoup plus calme et réfléchi.

 

 

Qu’est ce que cela signifie ? Que l’idée que l’on se fait d’un pilote est parfois supérieure au talent et aux capacités humaines dudit sujet. Je n’attendais pas une bonne performance de sa part, mais une chevauchée héroïque, même si elle échouait plus bas dans le classement. Un peu comme ce qu’a fait Pedro Acosta par exemple. Je m’étais préparé aux dépassements fous, aux sauvetages sensationnels, et à la chute, aussi, qui l’a rendu humain toutes ces années durant.

Marquez a été meilleur que dans mon cerveau, mais pas plus flamboyant. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’encore attendre ses débuts sur Ducati.

 

Marc Marquez décevant

Tellement grand, qu’il banalise une quatrième place pour une première sur une nouvelle machine face à des monstres. Photo : Gresini Racing

 

Pas si proche

 

Revenons du coté rationnel de l’analyse. Si l’on juge le résultat objectivement, il a été remarquable mais en raison du contexte, on pouvait aussi l’attendre plus proche de la tête. Ceci joua aussi sur mon inconscient, et rejoint donc le point n°1.

Je rappelle qu’il est le meilleur sur un tour, de tous les temps. Aussi, il ne passe qu’à un dixième de la pole, mais la boucle de Jorge Martin semblait tellement inatteignable. Pendant le Sprint puis la course, il a été étonnamment discret, ce qui ne lui ressemble pas. Pedro Acosta s’est affranchi de lui le dimanche avant de commettre une erreur, mais je n’ai pas vu une différence de six titres mondiaux entre les deux. Il finit les deux courses dans le top 5, ce qui était son objectif initial d’après ses propres dires, mais termine loin, très loin de la gagne et même du podium du point de vue de la dynamique.

Alors, d’accord, il n’a pas la même moto que les deux premiers du classement général en 2023. Mais à l’arrivée, il a largement félicité les deux titulaires d’une Desmosedici GP24 devant lui. « Pecco et Jorge sont devant, pas seulement parce qu’ils ont une GP24. Ils roulent mieux que moi » disait-il toujours avec le sourire. Certaines phrases distillées dans les médias sont intéressantes et expliquent, peut-être, mon ressenti inconscient une fois le lundi matin arrivé : « Mon objectif a toujours été de figurer parmi les cinq premiers. Si on veut aspirer à plus, il faut gagner des courses et monter sur le podium. Pour l’instant, nous n’y sommes pas encore ». C’est tellement intelligent, mais tellement pas Marc Marquez.

 

Il en devient dangereux

 

Deux Marquez dans la nuit. Photo : Michelin Motorsport

 

En conclusion, je voulais revenir sur cet état d’esprit. L’année passée, je lui avais reproché de tout le temps attaquer, car ce n’est pas ce dont Honda avait besoin. Cette année, logiquement, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse ceci car il a désormais une moto pour se battre devant. Mais justement, s’il adopte ce comportement définitivement, et ne fait pas une nouvelle entorse à sa propre stratégie, il en deviendra logiquement un prétendant pour le titre mondial. Car lui est capable de maintenir un tel niveau de performance sur toute une saison, et entretenir une grosse moyenne de points sans trop chuter. Il s’agit de la seule chose que Bagnaia ne nous a encore jamais montré.

Que pensez-vous de mon analyse, et plus largement, des débuts de Marc Marquez avec Ducati ? Dites-le moi en commentaires !

Photo de couverture : Gresini Racing

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