MotoGP : « Ne laissez pas les bastards vous atteindre ! », Garry Taylor s’en est allé

Garry Taylor, directeur emblématique de longue date de l’équipe Suzuki en Grands Prix, dont le poste s’est étendu sur plusieurs années depuis Barry Sheene en passant par Kevin Schwantz jusqu’au dernier champion Kenny Roberts Jr, nous a quitté le 30 janvier 2024 à l’âge de 74 ans.

Le faire-part publié résume parfaitement qui était Garry Taylor.

« Garry Taylor était le chef d’équipe de la dernière équipe basée en Grande-Bretagne à remporter le plus grand championnat du monde de motocyclisme et l’un des plus grands personnages du sport des dernières décennies.

Garry et l’équipe d’usine Suzuki ont remporté la couronne MotoGP à deux reprises avec Kevin Schwantz en 1993 et ​​Kenny Roberts Junior en 2000. Il a travaillé avec Suzuki de la fin des années 1970 au début des années 2000, de Barry Sheene à l’ère MotoGP à quatre temps. Garry avait un flair naturel pour son travail, s’occupant des pilotes, des mécaniciens et des ingénieurs et étant en étroite liaison avec une société japonaise.

Il avait un style de gestion fanfaron, à une époque où le MotoGP était plus sauvage et plus coloré qu’aujourd’hui. Et c’était un superbe conteur, racontant des histoires merveilleuses sur les aventures qu’il avait vécues à travers le monde, se battant pour le plus grand prix du motocyclisme.

La course a été une passion de toujours, une flamme allumée lorsque Garry était à l’école, lorsqu’il accompagnait un ami qui courait déjà en voiture, à Brands Hatch et Lydden. Bien sûr, il devait s’y essayer lui-même, une fois qu’il serait en âge de conduire sur route, car sa voiture de route était aussi sa voiture de course. Après avoir manqué d’argent, il a commencé à organiser des réunions de course. Au cours de sa carrière, il a donc vu la course sous tous les angles.

Une carrière dans l’industrie de la publicité l’attendait, mais Garry a été détourné pour toujours lorsqu’il a répondu à une annonce pour un responsable des relations publiques et du marketing pour une équipe de grand prix. Il pensait qu’il s’agissait d’un rôle en Formule 1, mais en réalité, il travaillait pour l’équipe de Grand Prix moto de Suzuki.

C’était en 1976, lorsque Sheene remporta le premier de ses deux titres consécutifs. Garry n’a jamais regardé en arrière et est devenu une présence extrêmement populaire dans le paddock du Grand Prix, jouant également un rôle clé dans l’organisation du championnat.

Au milieu des années 1980, Garry était directeur de l’équipe Suzuki, assumant le rôle au moment même où Kevin faisait son apparition. Le jeune Américain était un talent étonnant et l’un des coureurs les plus populaires de tous les temps.

La carrière de Kevin en Grand Prix avec Garry et Suzuki s’est déroulée depuis ses débuts en GP en 1986 jusqu’à sa retraite en 1995. Durant cette période, il a remporté un titre mondial, 25 GP et des millions de cœurs.

Kevin était le rêve d’un chef d’équipe », a déclaré Garry l’année dernière. « C’était une aventure folle et un privilège incroyable de travailler avec lui. Toutes les personnes impliquées avec Kevin ont une dette envers lui parce qu’il était très spécial. »

Suzuki a connu quelques années difficiles après la retraite de Kevin, mais a rapidement retrouvé le dessus en signant un autre Américain, Kenny Junior, pour la saison 1999. Kenny remporte le titre l’année suivante, devançant le jeune Italien Valentino Rossi

Garry a pris sa retraite à la fin de 2004 parce qu’il voulait passer plus de temps à la maison avec son épouse Kate et sa jeune fille Phoebe et parce que sa santé se détériorait.

Il a passé ses années de retraite à s’adonner à ses diverses passions, dont le tir (il a ouvert une école pour Phoebe), encourager les jeunes pilotes, participer aux épreuves classiques de Goodwood, avec la petite Suzuki RGV500 gagnante de Kevin en 1993, et profiter d’une vie familiale plus calme avec sa famille, ses amis et ses chiens bien-aimés

Garry a passé une excellente dernière année en rencontrant Kevin au Goodwood Festival of Speed ​​2023. Malheureusement, sa santé ne pouvait pas suivre le rythme de sa personnalité et de son cerveau incroyables. Après avoir lutté contre tant de problèmes de santé, il a passé ses derniers jours entouré de Kale, Phoebe, de bons amis et de beaucoup d’amour.

Le dicton préféré de Garry : Nil bastardum carborundum, Ne laissez pas les bastards vous atteindre ! »

Hervé Poncharal, qui a partagé cette période avec lui, a conclu son éloge en disant : « C’est lui qui a suivi toutes les années de Kevin Schwantz en 500cc, avec Pepsi au début puis avec Lucky Strike après, et c’était quelqu’un, comment dire, de très très sympa, affable, avec un humour très britannique que moi j’adore. Toujours d’humeur égale, et c’est lui qui m’a donné l’opportunité, alors que Tech3 avait un an et demi d’âge, de signer comme étant le Team officiel Lucky Strike Suzuki 250 pendant 2 ans. Voilà, c’était quelqu’un qui a amené Kevin Schwantz au titre de champion du monde 500, qui après avait empêché Valentino Rossi d’être champion du monde pour son année de rookie en 500, puisque c’est Kenny Robert Jr. qui a été champion du monde sur la Movistar Suzuki. C‘était vraiment une personne qui cadrait avec les Grands Prix des années 80/90. C’était quelqu’un de rock’n’roll, avec les cheveux longs, la barbe, et souvent des chemises à fleurs. C’était un bon gars ».