Comme chaque année, nous nous sommes rendus au salon Rétromobile qui réunit à Paris une multitude de voitures toutes plus exceptionnelles les unes que les autres.
Des premiers tacots aux dernières Supercars les plus exclusives, en passant par bateau, char et même avion, toutes les icônes qui ont marqué l’histoire de la locomotion sont présentes Porte de Versailles jusqu’à la fin de la semaine. Et, bonne nouvelle, le salon a largement retrouvé son niveau d’avant-Covid, non pas pour la qualité qui a toujours atteint des sommets, mais pour la quantité qui se traduit par une pléthore de véhicules tous à même de dilater les pupilles du plus réfractaire des écologistes, à l’image par exemple des présentations des vendeurs germaniques et italiens, ou du fantastique stand Renault…
Mais, me direz-vous que vient faire Rétromobile sur un site de motos très fortement axé MotoGP ?
Deuxième bonne nouvelle, le salon veut s’ouvrir à la moto, et l’édition 2024 le reflète déjà largement en accueillant les constructeurs, tels Yamaha, Ducati, Harley-Davidson, BMW et autre Triumph.
Mais si les stands de ces derniers, propres et bien achalandés, présentaient une partie de leur gamme ou de leur histoire de bon aloi face aux motos anciennes d’occasion à vendre ou à l’espace réservé à Gérald Motos (le seul endroit où on a trouvé une MotoGP), le clou du secteur (central) des 2-roues revenait incontestablement au grand stand accueillant l’exposition Monneret.
Philippe Monneret, vous connaissez ? Digne héritier de son illustre père Georges, élevé au biberon de la moto dès son plus jeune âge avant de devenir pilote de course puis accessoirement co-présentateur du MotoGP sur la chaîne qui les diffusait précédemment à Canal+, tout en apprenant à piloter une moto au showbiz parisien par le biais de sa moto-école…
L’homme, avec l’aide de quelques amis, avait bien fait les choses, parvenant à réunir en un même lieu une bonne partie des machines utilisées par Georges, 19 fois champion de France, 499 fois vainqueur de course et détenteurs de 183 records du monde, et par lui-même, y compris la Yamaha « Finacor » avec laquelle il a remporté les 24 heures du Mans moto en 1991.
Avec pour objectif de retracer la saga Monneret, l’exposition est forcément touchante, empreinte d’humanité, touchante même, quel que soit le deux-roues présenté, y compris les plus modestes comme le Peugeot 104 avec lequel Philippe Monneret est devenu recordman des 24 Heures avec son père, à l’âge de 13 ans !
La soirée a été l’occasion de belles retrouvailles, avec la présence de Jean-Pierre Castaldi, ami de Georges Monneret, ou d’Éric de Seynes, qui a débuté dans la moto en étant « l’homme à tout faire » de Philippe Monneret. Ca, vous ne le saviez pas, hein…
Philippe Monneret : “Alors vous savez, cette saga, au moins j’en suis un peu responsable sur cette partie là (les motos modernes), mais avant il y a eu mon père, un énorme champion hein, et ce n’est pas si facile d’être le fils de Georges Monneret. Je voulais qu’il y ait quelques personnes ici qui me sont chères. Alors on a bien sûr invité Jean-Pierre Castaldi, parce que c’est le seul ici qui a vu courir Georges Monneret sur la Koehler Escoffier 1000 cc de 1935. Et je voudrais donner la parole à quelqu’un avec qui on a vécu des choses incroyables. Éric, tu peux venir, Éric de Seynes, qui est le patron de Yamaha. On a commencé avec Éric. Bon, j’avais 15 ans, mon père m’a dit “tiens, sur l’île de Puteaux, tu es directeur, tu le débrouilles pour l’école avec les Peugeot Rallye qui sont là. Et un jour, j’ai vu arriver un jeune garçon de 12 ans qui était passionné de moto, et qui m’a un peu escroqué, comme je peux vous le dire maintenant. Il était vraiment passionné et au bout de quelques temps il me dit “mon grand-père ne me donne pas assez d’argent de poche, donc je ne vais pas pouvoir venir”. Je devais être car motivé, car je lui dis “écoute, voilà ce que tu vas faire, tu m’aides à rentrer et à sortir les motos, et les 5 francs pour l’après-midi, je te les offre”. Sauf que 40 ans après, il est patron de Yamaha, et en plus il est président du directoire d’Hermès. Donc je me demande si j’ai quelques parts d’Hermès, maintenant, 40 ans après, c’est la question que je voulais te poser.”
La réponse d’Eric de Seynes, on vous la mettra peut-être en vidéo, tout comme celle du défilé bon enfant qui a suivi, retraçant grâce aux costumes et à la musique les différentes décennies traversées par la famille Monneret. Sympa !
Décidément, Philippe Monneret a le sens du spectacle : il aurait dû faire de la télévision…
Quoi qu’il en soit, et même si en quatre heures nous n’avons sans doute vu qu’une partie du salon, nous ne pouvons que vous recommander de vous rendre à Rétromobile ET de visiter le secteur des motos !
D’ailleurs, nous ne vous mettons pas plus de photos, histoire de ne pas trop déflorer les merveilles qui vous y attendent…