Mercredi dernier, nous avons profité d’un passage éclair à Paris d’Hervé Poncharal, non pas pour dresser le bilan de la saison passée puisque nous l’avions déjà fait, mais pour éclairer les activités d’un team de MotoGP durant ce qu’on appelle la trêve hivernale.
L’entretien s’est déroulé dans le cadre spectaculaire de l’établissement du Train Bleu, gare de Lyon, alors que le patron de Tech3 attendait avec une certaine impatience son TGV pour quitter la grisaille parisienne et retrouver le ciel bleu de la côte varoise. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’a quelques jours des premiers essais MotoGP en Malaisie, les hommes de Bormes-les-Mimosas ne chôment pas…
Hervé Poncharal, que faites-vous à Paris en ce jour de
déluge, et d’une manière plus générale pouvez-vous nous décrire les
activités d’un team MotoGP durant ce mois de janvier ?
Hervé Poncharal : « L’hiver,
c’est le moment où on prépare la nouvelle saison et il ya beaucoup
de choses à faire. Au niveau de l’équipe, l’hiver, c’est d’abord le
moment où on fait le point avec tout le personnel pour savoir ceux
qui restent, ceux qui vont partir. Il y a toujours du mouvement
parce qu’évidemment avec 22 Grands Prix, 44 courses MotoGP, il y a
des gens qui trouvent que c’est trop, et donc on on fait le point
et c’est le moment où les personnes qui partent, il faut les
remplacer. Il faut faire des entretiens, et cetera. Ensuite, on
refait la logistique car les designs changent quasiment
systématiquement, donc quand ce sont des gros changements, on
repeint tous les camions, on refait les box quoi qu’il arrive, et
de toute façon d’une année sur l’autre on refait tous les vêtements
de l’équipe. On prépare les réservations, on fait le plan avec les
pilotes, il y a donc beaucoup de logistique et d’organisation pour
préparer les premiers voyages pour les premières séances d’essai,
les premiers Grands Prix, et cetera, et cetera, et puis aussi il
faut finaliser les accords avec les partenaires pour la saison à
venir.
Au niveau de l’IRTA, il y a eu aussi pas mal de travaux à régler cet hiver parce qu’on a tous en mémoire la triste nouvelle de la perte de Mike Trimby pendant le Grand Prix de Misano, donc ila fallu réorganiser beaucoup de choses au niveau de de l’IRTA avec la Dorna, beaucoup de travail, de déplacements, de réunions.
Et puis là, on se rencontre au lendemain d’une soirée avec notre partenaire Motul qui organise un séminaire durant toute la semaine avec sa force de vente monde, avec tous les managers de toutes les succursales monde de Motul. Et donc hier soir, on a eu un superbe dîner au Café de l’Homme, au pied de la tour Eiffel, et bien évidemment on a parlé de courses, on a parlé de MotoGP, et on a fait connaissance avec tout un tas de gens qu’on ne voit pas systématiquement sur les courses.
Pendant ce temps, notre équipe MotoGP, toute l’équipe technique, est maintenant en Autriche chez Pierer Mobility pour monter les nouvelles motos, ce qu’on appelle le schooling, et préparer les caisses avec les motos 2024 qui vont partir en fin de semaine pour Sepang.
Le personnel va rentrer une petite semaine, et dès le 27 ou
28 janvier, ils seront tous à Sepang pour préparer les les essais
qui vont commencer, ce qu’on appelle le shakedown, qui était
réservé jusqu’à présent aux rookies et aux pilotes essais, mais
maintenant aussi aux pilotes on va dire des deux marques japonaises
qui ont des concessions pour les 3 premiers jours, qui seront les
1, 2 et 3 février, suivis par les les 3 autres jours d’essai de
Sepang pour tout le monde.
Nos pilotes, eux,
lundi et mardi étaient à Cologne où y a une soufflerie qui est une
des plus performantes d’Europe, pour faire de l’aérodynamique.
C’est toujours un exercice très très intéressant parce qu’il y a
tellement de capteurs de paramètres qui sont étudiés et qui sont
compréhensibles par les techniciens, et aussi surtout les pilotes
qui voient que parfois un pied un petit peu sorti ou un coude un
peu sorti, ça a des des effets importants sur la vitesse de pointe.
On a travaillé, on a trouvé des choses intéressantes, et pour
Augusto et pour Pedro, pour qui c’était un exercice
nouveau.
Donc 2 jours en soufflerie qui est un exercice assez intense
de travail, et puis là 3 jours à l’APC, l’Athlete Performance
Center, c’est une structure qui appartient à Red Bull, où tous les
athlètes Red Bull, quelle que soit la la discipline, auto, moto,
vélo, natation, plongée, enfin tous les athlètes Red Bull, vont.
C’est un endroit peut être pas unique au monde, mais en tout cas
hyper performant où il y a une technologie incroyable et par
exemple les meilleurs spécialistes des problèmes de mobilité suite
à des accidents de colonne vertébrale. Il y a des vraiment des
pointures justement sur ces choses-là, et en sortant de là-bas, ils
ont un bilan totalement clair sur leur condition physique, sur les
secteurs sur lesquels il faut travailler. Ils rencontrent aussi des
nutritionnistes. Ils travailleront aussi avec les cuisiniers des
hospitalités Red Bull, donc ils seront suivis toute l’année. Et
comme ils y vont souvent, y a des comparaisons par rapport à la
dernière fois, pour avoir une vision claire de son état physique.
44 courses, c’est hyper hyper dur à gérer pour l’organisme car les
motos sont de plus en plus performantes, on court dans des
conditions difficiles, Indonésie, Malaisie. Qatar et cetera, donc
de plus en plus non seulement il faut avoir une machine hyper
performante, mais il faut qu’ils sachent comment se gérer et être
au mieux de leur forme sur la durée complète d’un Grand
Prix.
Donc on appelle ça la trêve hivernale à juste
titre, parce qu’il n’y a pas de course, mais ce n’est pas une
période où se reposent les équipes. On n’arrête jamais
!”
Alors les médias ont mis le nom de Tech3 deux fois
à la une cet hiver, une fois pour annoncer l’arrivée probable de
Red Bull sur vos carénages en MotoGP, et une deuxième fois pour
annoncer l’arrivée des chassis en carbone sur vos GASGAS RC16.
Est-ce que vous pouvez nous dire un mot sur ces
sujets ?
« Alors concernant la technique, on est
relativement confiant, mais ça c’est encore une fois à être
confirmé par le département compétition Pierer Mobility, mais on
est relativement confiant que les 4 pilotes, donc les 2 KTM Binder
et Miller et les 2 GASGAS Tech3, donc Augusto Fernandez et Pedro
Acosta, devraient pouvoir bénéficier des chassis carbone. Est-ce
que ça sera dès les essais à Sepang, ou après ? Je suis confiant
que dès Sepang on pourra les avoir, mais en tout cas, il semblerait
que ce châssis apporte un mieux en sensation et en performance pour
les pilotes. C’est beaucoup plus compliqué à construire et à gérer
au niveau de la maintenance, mais la décision a été prise que les 4
pilotes pourront avoir ce type de matériel.
Binder et Miller ont fait ce qu’on appelle le back to
back, la comparaison entre les deux. Ça reste à faire pour Augusto
Fernandez et Pedro Acosta, mais si d’aventure ils valident, les 4
pilotes devraient avoir des chassis carbone, ce qui nous rend très
heureux et ce qui fait qu’on a l’assurance que sur 2024, les 4
pilotes auront le même statut technique, le même support technique
et le même développement en terme chronologique.
Concernant l’autre sujet, c’est toujours compliqué de déflorer un
sujet avant qu’il ne soit annoncé officiellement. Si les annonces
officielles n’annoncent plus rien, ça ne sert à pas grand-chose de
faire des annonces, donc je ne vais pas m’avancer sur les couleurs
de notre équipe MotoGP et Moto 3, mais tout ce que je peux vous
dire c’est que GASGAS et Tech3 verront leur destinée de plus en
plus liée. Donc tirez-en les conclusions que vous voulez. Et il y a
des discussions qui sont très constructives et qui me rendent moi
personnellement très très heureux sur la possibilité que le
partenaire boisson énergétique dont vous avez parlé, en
l’occurrence Red Bull, puisse éventuellement être avec nous et en
Moto3 et en MotoGP. On les avait perdus depuis 2020 et on espère
vraiment qu’à partir 2024 ils pourront être avec nous, mais ne
mettons pas la charrue avant les bœufs, et attendons une éventuelle
annonce officielle qui, seule, indiquera que les tractations ont
abouti.”