En MotoGP, il est fréquent d’entendre les passionnés mettre en cause l’impartialité des instances dirigeantes, en particulier de la Dorna, mais non, cela ne se passe pas comme vous le pensez !
Qui n’a jamais entendu, voire prononcé, des phrases comme
« C’est normal, Márquez est espagnol, comme la
Dorna » ou « Il a à peine touché le vert, la
Direction de course l’a pénalisé pour rien ! » ?
S’en suivent généralement des discussions à n’en plus finir
incriminant les instances dirigeantes, Dorna, FIM, IRTA, mais aussi
les marques ou les teams dominateurs, voire les sponsors importants
qui donnent des ailes, nous rapprochant ainsi dangereusement des
théories du complot…
Pour tenter d’éclairer le fonctionnement des Grands Prix et l’incroyablement complexe organisation que ceux-ci nécessitent, nous nous sommes introduits pour vous dans certains des lieux les plus sensibles, lors du dernier Grands Prix à Valence.
Concernant le déroulement d’une séance ou d’une course, les plus sensibles sont les deux salles qui s’assurent du bon déroulement de celle-ci. Oui, deux, car il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes, en l’occurrence la Direction de course qui s’assure principalement de la sécurité en piste, contrairement à ceux qui, sous la direction de Freddie Spencer, sont là pour sanctionner les infractions…
1 / La Direction de course
La direction de course est la structure qui prend les
décisions de gestion de course.
Elle est composée de trois personnes permanentes.
- Un représentant de l’IRTA (Association des
teams) qui est le directeur de course. Pour le MotoGP, c’est
toujours Mike Webb, directeur de course de longue
date.
Pour les catégories Moto2, Moto3 et MotoE, c’est depuis 2023 Graham Webber, par ailleurs directeur de course adjoint du MotoGP.
Enfin, George Massaro prend en charge la Red Bull MotoGP Rookies Cup et les Talent Cups lors des Grands Prix.
- Bartolome Alfonso Ezpeleta, qui représente la FIM et est aussi le Safety Officer responsable de la sécurité. C’est lui, par exemple, qui a créé les nouveaux vibreurs “Misano 200”.
- Loris Capirossi, qui représente la Dorna.
Donc on a là les 3 entités qui gèrent le championnat, avec ici des fonctions de gestion de course à priori assez simples. Ce sont par exemples eux qui décident si la séance est Wet ou Dry, des éventuels arrêts de course, et de toutes les procédures liées au bon déroulement des séances.
Ca va se compliquer…
La Direction de course IRTA/FIM/Dorna travaille toujours avec un
Directeur de course local, qui est la personne qui est responsable
juridiquement de l’épreuve. C’est elle qui connaît toutes les
spécificités locales, est en relation avec les administrations, les
hôpitaux, la police, et cetera. Il s’assure aussi de la mise en
place des éléments de sécurité demandés par Tome Alfonso, comme les
Airfence dans tel ou tel virage. A Valence, c’est Gabriel
Berruga, le directeur sportif du circuit Ricardo Tormo,
qui tient ce rôle.
Mais alors, qui sont toutes ces
personnes dans la salle de direction de course?
Il y a divers assistants, mais il y a aussi par exemple 3 médecins
(en première ligne devant les écrans, sur la photo): 2 médecins du
circuit en connexion radio permanente avec les responsables
médicaux sur les différents postes du circuit, et le directeur
médical de la FIM qui est présent sur toutes les épreuves du
championnat, Giancarlo Di Filippo. C’est également
lui qui suit l’état de santé des pilotes blessés et décide ensuite
s’ils sont aptes ou pas.
Comment est l’ambiance dans la salle
?
Honnêtement, pendant tout
le temps où nous sommes restés dans la salle de la Direction de
course, l’atmosphère était silencieuse, sereine, voire
décontractée, alors que se déroulait une séance qualificative. Le
gros du travail est fait en amont et, en l’absence d’alerte ou de
situation de crise, les personnes présentes n’ont qu’à suivre les
séances, comme vous et nous. Du moins, jusqu’à ce qu’une alerte
vienne interrompre le calme. Et si celle-ci peut émaner d’un des
nombreux postes de commissaires de piste après une chute, depuis un
an celle-ci provient généralement de la deuxième salle, située un
étage plus haut, où l’ambiance est toute autre…