Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour d’Álex Rins. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Raúl Fernández, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
De nulle part
On a pas beaucoup vu Álex Rins en 2023, notamment en raison d’une grave blessure – et de ses complications – datée du Sprint en Italie. Premièrement, cela confirme le fait qu’il est sujet aux absences, et qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, il ne compte toujours que deux saisons complètes en MotoGP, les deux premières. Au total, sept Grands Prix seulement, sur une nouvelle machine, qui plus est, la pire du plateau. Vous aurez compris que ses résultats ne sont que peu représentatifs.
Et pourtant, il compte une victoire. Au Texas, alors encore en forme, il s’est largement illustré pendant le Sprint, achevé en deuxième position derrière Pecco Bagnaia, puis a triomphé le dimanche après l’erreur du même Italien, qui venait de passer en tête. Franchement, c’est inexplicable. Même Lucio Cecchinello était incrédule. Avec les deux succès d’Aleix Espargaro, il s’agit des trois seules courses où la victoire échappa à Ducati sur 20 Grands Prix. Puis, deux abandons suivirent après l’exploit.
De toute évidence, la Honda RC213V lui correspondait plutôt bien, à défaut de lui plaire comme nous le verrons dans le point suivant. Il a fini quatre courses dominicales en 2023, et toutes dans le top 10, en plus de trois résultats blancs. Quand on compare aux officiels et même, au grand Marc Marquez, c’est juste impressionnant. Mais de fait, il n’y a pas plus à dire car nous n’en avons pas vu assez, tout simplement.
Juste, il s’agit du vainqueur en MotoGP le moins bien classé sur une saison depuis Troy Bayliss et sa wild-card victorieuse en 2006 ! Les deux étaient 19e, Álex Rins avec 54 unités dans sa besace.
Un enseignement intéressant
Pour moi, le principal à retenir n’est pas là. Tous ceux qui suivent le sport moto depuis le début des années 2010 savent que Rins est un très grand pilote, capable d’exploits que lui-même aurait bien du mal à expliquer. Bon nombre de ses succès viennent de nulle part, c’est vrai, mais il n’en reste pas moins un excellent pilote, qui jouit d’un des meilleurs Q.I course de la grille.
Au-delà de la victoire surprise, personne ne s’est attardé sur son choix. Comment se fait-il qu’un pilote qui gagne au bout de trois manches seulement sur une moto réputée indomptable chercher à quitter l’écurie dès qu’il en a l’occasion ? Lui a réussi à faire marcher la RCV, mais a quand même décidé de plaquer Honda pour retrouver… Yamaha, qui n’est pas beaucoup mieux lotie du point de vue du matériel.
Vous me direz, peut-être, qu’il cherchait un guidon d’usine. Mais ne pensez-vous pas que sa seule victoire, la première pour une Honda non officielle depuis Cal Crutchlow en 2018, lui assurait une place de choix chez Honda Repsol, en lieu et place d’un Joan Mir dont le manque de performance était prévisible, d’une part, et déjà vérifié, de l’autre ? Pour rappel, on ne savait pas encore que Marquez allait partir.
Pour moi, ça en dit long. Sur le cruel manque d’ambition de Honda, mais aussi et surtout, sur les défauts structurels de la marque ailée. Ce n’est pas qu’une question de moto. D’ailleurs, c’est aussi ce qu’il a déclaré : « J’aurais aimé plus de soutien de la part du HRC. Ils laissent l’équipe d’usine tester alors que je pense être compétitif, la moto n’est pas si mauvaise ». Selon moi, c’est précisément cela qui aurait dû mettre la puce à l’oreille de Johann Zarco et Luca Marini. Cliquez ici pour en savoir davantage. Je suis assez curieux de ne voir personne soulever cet argument, qui était clairement un signal de ne pas rejoindre l’entreprise Japonaise, peu importe le prix.
Qu’avez-vous pensé d’Álex Rins cette saison ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport